Qu'est-ce que le mythe ? Les réponses ont toujours été partielles et insatisfaisantes. Car le mythe est une notion privée de sens univoque et intemporel : elle ne s'éclaire que par sa mise en histoire. Dans la seconde moitié du 19 siècle, le mythe, entendu comme fabulation et erreur, a été une construction scientifique qui a servi à stigmatiser les croyances. La philologie et l'anthropologie, relayées par l'hellénisme, en ont été les sciences mères. Mais, avec la crise qui a ébranlé la raison scientifique au tournant du siècle, une brèche s'est ouverte en faveur d'un renversement des valeurs : le mythe attendait une réévaluation. Le livre explore le contexte et les enjeux de cet avènement méconnu. En étudiant la société de son temps, Georges Sorel s'est fait à la fois le censeur et le promoteur du mythe moderne. Nourri de ses lectures de Platon, Vico, Marx et Renan, il engagea le dialogue avec ses contemporains, Bergson, Ribot, Le Bon et Durkheim. En préférant le mythe à l'utopie, la pensée déroutante, mais toujours stimulante et actuelle de Sorel, invite à une substitution de concepts et de contenus, dense de significations et de potentialités pour un réenchantement du politique et pour une régénération de la démocratie.