L'intersection de la spatialité et du droit a donné lieu à des débats interdisciplinaires entre géographes et juristes. Les géographes ont compris que la spatialité et le droit sont inextricablement liés, et les juristes ont amorcé un tournant spatial dans l'étude du droit. Cependant, il convient de définir plus précisément ce que signifie " spatialité " dans ce cadre et de réfléchir à ce que ce concept peut offrir. S'appuyant sur une variété de perspectives théoriques et méthodologiques, ainsi que sur des preuves empiriques provenant de contextes très différents, les articles de ce numéro spécial montrent les nombreuses manières possibles de découvrir les multiples spatialités du droit.
Animaux sauvages en ville : quelles cohabitations ?
Quelles cohabitations avec la faune sauvage en ville? Pour interroger les relationsparfois conflictuelles entre humains et animaux, ce numéro spécial réunit huit textessur les animalités urbaines avec des cas d'étude – et récits fictionnels – portant surdes renards, des sangliers, des vaches, des vers luisants et d'autres insectes au seind'espaces urbains et périurbains. S'intéressant à la place que les animaux occupent etaux spatialités qu'ils génèrent ainsi qu'aux relations qui se nouent autour et avec eux,les contributions apportent des éclairages sur les formes plurielles et ambivalentes queprend l'expérience négociée de la cohabitation entre humains et animaux dans la ville.
Corps et espaces en temps de crises : perspectives féministes
Nous traversons une période de crise à bien des égards. De la crise épidémique à la crise climatique en passant par la crise de la violence faite aux femmes et des inégalités sociales. Avec ce numéro spécial, nous souhaitons interroger la manière dont une perspective féministe centrée sur les corps – comment ils sont perçus, traités, contrôlés, mais aussi comment ils agissent, ressentent et se défendent – nous permet de mieux comprendre la société contemporaine en ces temps troublés, de faire face à de multiples défis et d'envisager des futurs possibles. Les contributions invitent à réfléchir aux moyens d'adopter une géographie plus sensible et incarnée, tant dans la recherche que dans l'enseignement, mettant en discussion expériences quotidiennes et luttes politiques.
Les géopatrimoines constituent une ressource territoriale. Ils ne sont pas à l'abri d'une dégradation rapide, notamment là où leur valeur patrimoniale n'est pas reconnue par la société. La patrimonialisation des géopatrimoines nécessite donc une reconnaissance sociétale au-delà des milieux scientifiques. Les huit articles de ce numéro apportent des éclairages originaux sur les géopatrimoines et leurs dimensions territoriales et présentent des cas dans plusieurs régions du monde, allant des Alpes à l'Islande, en passant par les Carpates et l'Afrique du Nord et de l'Ouest.
Ce numéro aborde plusieurs formes de mobilité: le travail frontalier, les choix résidentiels des étudiants, les séjours à l'étranger des jeunes, la pratique " de la zone " en milieu urbain. Il interroge également les politiques territoriales en analysant le modèle de la ville apaisée, l'évolution des principes et les documents de planification ainsi que la mise en place de circuits alimentaires de proximité. Il s'intéresse finalement à la place de la géographie dans l'enseignement et, plus particulièrement, aux plans d'étude au lycée et au potentiel de la cartographie 2.0.
La multirésidentialité implique l'usage de plus d'un lieu de résidence pour des raisons liées aux loisirs, à la famille, au travail ou aux études. Ce phénomène connaît des changements fondamentaux qui brouillent la distinction entre résidences principales et secondaires. Ce numéro en aborde diverses facettes: la régulation des résidences secondaires en Suisse, la multirésidentialité des enfants à la suite de la séparation de leurs parents, le mode de vie de retraités états-uniens vivant en partie en camping-car et la pratique de plusieurs maisons des populations bushinenguées en Guyane.
La mobilité des étudiant-e-s est porteuse d'enjeux majeurs en termes de développement, de marché du travail, de formation et de politique migratoire. Ce numéro en brosse un tableau suisse et international. Il répond à des questions aussi diverses que les représentations des étudiant-e-s, les raisons de migrer, les politiques publiques, les inégalités d'accès aux études, les différences de genre, la fuite des cerveaux et le destin des étudiant-e-s après le diplôme. Les contributions élargissent considérablement notre compréhension empirique et théorique de la mobilité étudiante.
L'habitabilité, dont traite ce numéro, permet d'explorer la dimension pragmatique de la relation à l'espace mise en jeu par l'habiter. Comment, sous quelles conditions et dans quelles formes l'espace est-il saisi et travaillé pour être approprié? On connaît de l'habitabilité des conditions minimales, que fixe la réglementation. Mais comment intègre-t-elle l'habiter, c'est-à-dire les identités, les désirs et les sensibilités, au travers du rapport à l'espace? Comprendre l'habitabilité demande de dépasser l'analyse de l'habitat pour considérer la manière dont formes et normes sont mobilisées et investies pour permettre l'expression de spatialités singulières, individuelles ou collectives. Les articles de ce dossier nous y invitent au travers d'espaces souvent dénoncés ou traités en raison de leur non-habitabilité: le périurbain non durable, le rural " profond " déserté, les vides urbains délaissés, les espaces du transit éphémère. Ces lieux inattendus révèlent l'écart entre une approche spatialiste, supposant des qualités objectives, et des approches habitantes considérant les pratiques, les relations sociales et les processus de construction de relations. Ils questionnent ainsi nos référentiels, montrant qu'il s'agit avant tout de lieux dont on n'a pas su observer l'habitabilité.
En s'intéressant aux dimensions politiques du paysage, ce numéro entend dépasser la conception classique du paysage comme simple décor ou patrimoine pour le considérer comme un enjeu et un outil de l'action publique. Les contributions de cet ouvrage ne s'intéressent pas tant à l'observation de faits, comme le mitage du paysage, qu'aux conceptions du paysage dont les acteurs sont porteurs, aux fonctions et aux valeurs qu'ils lui attribuent, ainsi qu'aux modalités selon lesquelles le paysage est mobilisé dans les débats et dans l'action.
Les technologies numériques ont infiltré les domaines les plus banals de nos vies, se fondant toujours davantage dans notre environnement. Elles nous accompagnent dans nos mobilités journalières, médiatisent une partie de nos relations sociales et orchestrent le fonctionnement de nos sociétés au travers d'algorithmes informatiques. Partant de ces constats, de quelles manières les nouvelles technologies mobiles redéfinissent-elles nos pratiques de mobilité? Comment les divers flux traversant nos sociétés globalisées sont-ils gérés, régulés, voire contrôlés par de nouveaux outils technologiques?Afin de traiter des multiples facettes de cette thématique, ce numéro spécial propose sept articles qui s'articulent autour de trois grands axes: le traçage des individus et des objets mobiles, le profilage et la différenciation des mobilités et, enfin, le codage du monde et de ses mobilités. Chaque contribution aborde un ou plusieurs aspects relatifs à ces enjeux et apporte un regard critique et original à la problématique générale. En lien avec ces thèmes sont notamment abordées des questions de surveillance, de gouvernance sécuritaire, d'optimisation des circulations et de tri social. L'ensemble des contributions permet de démontrer l'actualité de ce champ de recherches et invite à découvrir les récents travaux traitant des mobilités à l'ère du numérique.
Modes de vie de proximité dans les villes contemporaines
Les territoires occidentaux ont connu des transformations majeures ces dernières décennies: l'usage croissant de la voiture particulière, le maillage routier et autoroutier toujours plus serré, la construction d'infrastructures ferroviaires à grande vitesse ou encore les offres low-cost dans le transport aérien. Et quand le lointain devient proche, la proximité s'en trouve nécessairement perturbée… Nous sommes également dans un contexte de montée des préoccupations environnementales, qui suggère la nécessité d'adopter des modes de vie plus sobres du point de vue des consommations énergétiques. Alors que les villes s'étalent, les centres urbains denses redeviennent attractifs et la marche et le vélo reprennent une place qu'ils avaient laissée vacante pendant des décennies. Pour autant, au-delà de ces territoires centraux, les flux automobiles continuent de s'accroître. Quelle place la proximité a-t-elle dans ces territoires à plusieurs vitesses? Enfin, la morosité des économies occidentales accompagne une rationalisation des dépenses publiques et privées et le chômage fait peser sur les ménages et les individus des contraintes financières fortes. La proximité n'est-elle alors que l'expression spatiale d'une situation sociale difficile?Ce numéro spécial est l'occasion d'un effort de recherche sur les relations entretenues par les personnes avec l'espace de proximité et sur les différentes formes de proximité qui peuvent se développer dans les modes de vie contemporains: comment la proximité est-elle construite, expérimentée, politisée, planifiée?
Tourisme : évolution des pratiques, mutations des territoires et nouveaux défis
Le tourisme d'aujourd'hui n'est pas celui qui a prévalu par le passé. Celui de demain sera encore différent. En effet, depuis son essor, le tourisme est le reflet de la société et de ses fonctionnements. La mondialisation, l'aviation, la motorisation croissante, mais aussi l'accès à une information instantanée et universelle, ont changé le tourisme en profondeur durant ces soixante dernières années. De nouvelles destinations sont apparues, remodelant les lieux et les pratiques du tourisme. En parallèle à l'évolution de la demande, l'offre s'est accrue et répandue à tous les pays développés et à bon nombre de pays émergents, au point de surpasser la demandeGéo-Regards 5 donne un aperçu des recherches sur le tourisme de ce début de xxie siècle et des différents regards, qu'ils soient géographiques ou autres, qui peuvent être portés sur ce sujet. Trois parties ont été distinguées : tout d'abord l'évolution des pratiques, puis les mutations des territoires et finalement les nouveaux défis. Les articles présentés dans ce numéro proviennent de plusieurs continents et traitent aussi bien de pays du Nord que du Sud. La diversité conceptuelle et méthodologique des contributions illustre la pluralité des approches dans le domaine.