Du Moyen Âge jusqu'à la Révolution française, Venise a été considérée comme la ville de la paix sociale, de la prospérité économique et du gouvernement mixte. Ce mythe politique a pris fin avec la chute de la République aristocratique en 1797, et s'est transformé par la suite en un mythe essentiellement littéraire et esthétique. Pourtant, derrière l'éloge de Venise il y avait bien souvent, au XIXe siècle, la nostalgie d'un régime fondamentalement aristocratique. L'ouvrage porte sur le mythe de Venise au XIXe siècle, considéré à la fois dans sa dimension littéraire (Chateaubriand, Byron, Balzac, Gautier, Nievo, Nietzsche, D'Annunzio, Barrès) et historiographique (Foscolo, Daru, Tommaseo, Manin, Michelet, les manuels d'histoire de l'Italie postunitaire). Il met en lumière les correspondances entre les représentations littéraires de Venise à l'époque romantique et décadente, et la vision historiographique d'un État au gouvernement mystérieux et ténébreux élaborée par les historiens européens du XIXe siècle.