Caïn et Abel
Il n'est de fratrie biblique plus célèbre que celle de Caïn et Abel. Le frère aîné tue son cadet par jalousie. Fondateur et primordial, le récit met en scène la naissance de la violence et pose de manière crue la question des relations familiales, de la place de l'autre dans sa différence et de l'égalité des chances. Le texte hébreu est complexe, voire lacunaire; l'épisode a néanmoins connu, jusqu'à aujourd'hui, une grande postérité. Même si la figure de Caïn a suscité une attention plus grande, en raison de la place que lui accorde le livre de la Genèse, ce vingt-neuvième volume de la collection Graphè s'intéresse aux deux protagonistes, sous la thématique des frères ennemis. Ils incarnent des valeurs opposées et paradoxales. Abel a reçu la bénédiction divine mais meurt; Caïn, dont le signe sur le front rappelle son crime, reste en vie et, bien qu'exilé, connaît une descendance nombreuse. Autant de questionnements sur le rapport à la différence, sur le fondement d'une société et son sens de la justice.Les douze études rassemblées retracent les différentes étapes de l'interprétation du premier meurtre de l'histoire humaine, à partir d'une analyse approfondie de la péricope vétérotestamentaire (Gn 4, 1-16). D'Ambroise de Milan à Alain Mabanckou, du roman médiéval à la réhabilitation de Caïn sous la plume des Romantiques, durant les guerres de religion comme sous la Restauration, dans les littératures française (Du Bartas, Legouvé, Baudelaire, Sue…), francophone (Monique LaRue, Garcia Couturier, Alain Mabanckou), italienne (Niffoi) et espagnole (Unanumo), auteurs et artistes (F.-B. Hoffman, R. Kreutzer, G. Doré, L. Moynet) n'ont cessé d'interroger l'antagonisme entre les deux frères, quitte à modifier sensiblement la représentation traditionnelle du meurtrier et de sa victime.
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