Prédicateurs et journalistes
Petits récits de la persuasion en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle. Swift, Addison, Fielding et Sterne
Le dix-huitième siècle en Grande-Bretagne est volontiers présenté comme l'âge du roman, de la sensibilité et de l'individualité. On y voit les prémices d'une nouvelle culture, destinée au lectorat élargi issu des classes moyennes montantes, alors que s'affirme la suprématie du commerce britannique dans le monde et que l'Europe des Lumières célèbre le modèle de tolérance et d'équilibre proposé par l'Église anglicane et la Constitution britannique. Mais le sermon, genre en débat, voire en déclin, et l'essai périodique, ancêtre de notre presse de réflexion, ne témoignent pas moins brillamment des transformations fondamentales qui portent - déjà - sur la nature de la vérité et sur les conditions de sa recherche. L'argument d'autorité, celle-ci fût-elle divine, ne suffit plus ; l'interpellation de l'auditeur ou du lecteur sait se faire complice, voire intime, en particulier dans l'essai, à vocation laïque, qui se doit de séduire ses lecteurs. Les petits récits de la persuasion qui sillonnent les sermons et les essais créent donc un nouvel espace imaginaire qui leur survit toujours, car l'individu se voit ainsi reconnaître le droit d'être persuadé, en exerçant son libre consentement. Où trouver de meilleurs exemples que chez des auteurs reconnus, révélant ici leur personnalité de prédicateur ou d'essayiste : Swift, Addison, Fielding et Sterne ?
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