Confronter guerre et société révèle l'interpénétration de deux notions indissociables. D'un côté, la guerre modèle la société en lui imposant ses rigueurs et ses besoins, de l'autre, la société imprègne les affrontements, pour beaucoup à travers les individus qu'elle y envoie. Parmi les recherches menées au croisement des sphères militaire, politique, sociale et culturelle, se distinguent les travaux menés sur la guerre de siège.L'étude de cette pratique très ancienne, qui tend progressivement à se normaliser à l'époque moderne, s'avère extrêmement pertinente durant la Révolution française. En effet, entre rhétorique politique et réalité du terrain, la guerre de siège révolutionnaire est l'objet de multiples interprétations dans une période de grands bouleversements. Dans un contexte de guerre généralisée, les sièges constituent des enjeux pour le pouvoir, ainsi que des catalyseurs locaux en regroupant antagonismes et tentatives de négociations.L'objectif de ce volume est bien d'appréhender la perception que les contemporains, combattants ou non, peuvent avoir des usages obsidionaux, à travers des médias élaborant et diffusant des nouvelles sur la guerre de siège.
Ce livre raconte le parcours de Richard Wagner au Théâtre des Arts de Rouen entre 1891 et 2020. L'intérêt se porte tout autant sur la manière dont les œuvres sont interprétées que sur la façon dont elles sont perçues à l'échelle locale mais aussi nationale. L'ouvrage montre en effet qu'à plusieurs reprises, l'institution rouennaise joue un rôle déterminant dans le processus d'acceptation de Wagner en France. Plus largement, il retrace l'histoire du wagnérisme français, mais aussi celle des modes de production de l'opéra de la fin du XIXe siècle à aujourd'hui à travers l'exemple singulier de Rouen. Ce faisant, il participe d'une approche décentrée de l'histoire de la vie musicale en France.
Grâce à de nombreuses études parues depuis un demi-siècle, le contenu des images, leurs sens et les mécanismes généraux de leur présence dans l'espace social et public du dernier tiers du xviiie siècle et de la première moitié du xixe siècle, sont à présent familiers. Toutefois, tous ces travaux, aussi indispensables soient-ils pour notre compréhension des imaginaires culturels et politiques du temps, font souvent l'impasse, faute d'intérêt ou de sources, sur la diffusion des images et sur leur réception auprès d'un public dont nous savons encore trop peu de choses. Cet ouvrage collectif s'est donné pour ambition de rectifier ces lacunes en s'attachant justement à évaluer les méthodes de diffusion et de réception des images entre 1780 et 1848, soit sur une période marquée par une intensification majeure des affrontements politiques, devenant eux-mêmes bientôt déterminants dans l'élaboration du présent et de l'avenir des sociétés contemporaines. L'ouvrage cerne au plus près, à partir d'exemples tirés principalement de la production gravée et lithographique française et européenne, les "usages" des images afin de mieux comprendre leurs diffusions plurielles et les politiques qui les sous-tendent.
La corporation des imprimeurs-libraires de Rouen, fondée en 1579, demeure paradoxalement méconnue alors que l'édition constitue une activité économique essentielle aux xvie et xviie siècles. Cette monographie analyse comment les professionnels du "petit monde du livre" du troisième centre typographique du royaume s'insèrent dans une société urbaine bibliophile, mais déchirée par les affrontements confessionnels et politiques.
Approches comparées (des années 1860 à la Libération)
Consacré aux enjeux de la législation et de la réglementation publiques en matière de vie culturelle dans les secteurs du patrimoine, du théâtre, de l'opéra, des musées, de l'édition et du cinéma, sans oublier l'enseignement de l'histoire de l'art, ce volume s'inscrit dans la perspective croisée d'une histoire culturelle et d'une histoire de l'État, en mobilisant les outils de l'histoire administrative.
À l'automne 1793, la Convention nationale décrète que le gouvernement de la République sera " révolutionnaire jusqu'à la paix ", c'est-à-dire " extraordinaire ". Alors que la République est assiégée de toutes parts, des institutions " révolutionnaires " lui permettent de triompher de ses adversaires. En Thermidor, la coalition qui a éliminé Robespierre invente l'idée d'un " système de terreur " ou d'une " politique de terreur " désormais caducs avec la mort du " tyran ". Elle assimile ainsi la notion de " terreur " à un mode de gouvernement, là où les mesures répressives n'étaient qu'un des leviers actionnés par le gouvernement révolutionnaire. L'historiographie devait faire le reste, avec cet usage d'un article défini et d'une majuscule pour évoquer la Terreur.Avec cet exemple, les révolutionnaires des XIXe et XXe siècles ont été amenés à réfléchir sur la notion de " salut public " et sur l'usage de la " dictature ". Ils ont dû eux aussi penser l'exception politique, prendre position sur le recours à la violence, inventer des politiques qui leur permettraient de faire triompher leurs idées. Ils ont également été conduits à réfléchir sur l'association entre révolution et guerre. L'exception politique a ensuite nourri de nombreuses réflexions fondées sur ces deux processus historiques, notamment depuis les années 1970, autour par exemple des théories du philosophe italien Giorgio Agamben.Ce volume entend interroger les diverses manières par lesquelles les modèles révolutionnaires ont circulé entre la Révolution française et celle de 1917 en Russie. Il ne s'agit évidemment pas de juxtaposer des récits révolutionnaires, mais d'étudier comment des cas concrets ont donné à penser, mais aussi à mettre en pratique l'exception politique en révolution.
D'abord employée par les archéologues, la pratique expérimentale dans les sciences historiques visait initialement à vérifier le bien-fondé d'une hypothèse en la testant concrètement dans le cadre d'un protocole reproductible. Longtemps cantonnée à la recherche en technologie préhistorique, cette pratique s'est ensuite étendue aux quatre grandes périodes historiques ainsi qu'à des disciplines autres que la seule archéologie des techniques. Cet ouvrage a pour principal objectif de susciter la discussion autour des fondements mêmes de la démarche expérimentale. Les différentes contributions dressent un bilan des pratiques qui ont cours dans la recherche, qu'elle soit fondamentale ou appliquée.
Ce volume cherche à tracer de nouvelles perspectives pour aborder un espace culturel, la province, renfermant encore bien des zones d'ombre, qu'il s'agisse des publics, des artistes, des affiches, de l'organisation ou du fonctionnement des théâtres et des salles de concert. Dans des perspectives croisées pour les uns ou thématiques pour les autres, le spectacle devient objet d'histoire mettant en jeu plusieurs points de vue, conjoncturel et politique, multipolaire et comparatiste, esthétique et commémoratif, institutionnel et historique. La diversité des approches pluridisciplinaires engage à poursuivre les recherches sur les pratiques et les institutions en province, afin de comprendre les liens qui unissent la capitale et les départements, de mesurer les enjeux locaux en terme de développement culturel à l'échelle d'un territoire, de penser une histoire des spectacles en France enrichie des nombreuses spécificités provinciales.
Les modèles et leur circulation dans l'espace européen francophone, germanophone et italophone
À l'aube du XXIe siècle, la question de l'organisation des pouvoirs et du fil conducteur entre ces pouvoirs possède toujours une grande acuité, certains pays européens ayant choisi des voies menant vers une organisation de type fédéral, d'autres ayant privilégié un modèle plus centralisé, sans pour autant que deux " modèles " s'opposent de manière manichéenne. Dans la plupart des cas, ces structures étatiques font encore l'objet de débats, voire de controverses, et la centralisation est souvent évoquée en association avec son antonyme, la décentralisation, voire avec le fédéralisme. Dans la République française, toujours intimement liée aux héritages de la Révolution, des querelles presque permanentes agitent le monde politique et médiatique autour de la question du poids de l'État, avec souvent des usages péjoratifs des termes " jacobin " et " jacobinisme " qui renvoient à l'omniprésence des héritages révolutionnaires. Au-delà des frontières françaises, système fédéral ou non, des débats agitent aussi l'Italie ou l'Allemagne autour du " poids " supposé de telles ou telles régions géographiques économiquement moins " dynamiques " et que le reste du pays serait contraint à traîner comme un " boulet ". Länder orientaux et Mezzogiorno fournissent ainsi nombre d'arguments à des mouvances politiques soucieuses de dénoncer un système qui leur apporterait des aides trop importantes, voire adeptes d'une scission territoriale supposée résoudre toutes les contradictions comme si les frontières pouvaient aujourd'hui encore être des " remparts " efficaces.Ces questions ont été omniprésentes en Europe dès la Révolution française, avec en amont les échanges intellectuels autour des modèles politiques des XVIIe et XVIIIe siècles, et en aval l'influence révolutionnaire exportée en Europe par le biais là encore de transferts culturels, mais aussi à la force des baïonnettes. Le présent ouvrage propose une approche comparatiste entre les pays européens de langue française, allemande et italienne, les plus touchés par l'influence de la Révolution française, même si naturellement ils n'ont pas été les seuls à l'être.
Ce volume, conçu à l'occasion des vingt ans de la disparition de Frank Zappa, réunit les contributions de musicologues, de compositeurs et de musiciens : il met en lumière l'aspect savant de l'œuvre de cet artiste iconoclaste en étudiant son travail de chef d'orchestre, de compositeur ou de cinéaste.
Le tabellionage est à la France du Nord ce que le notariat est au Sud. Ce sont des notaires et ce ne sont pas des notaires. Dans le midi, la signature du notaire suffit. Les tabellions doivent eux faire valider les actes qu'ils enregistrent par l'autorité judiciaire dont ils dépendent. Les deux faces de la justice, la gracieuse et la contentieuse restent étroitement liées. Dans certaines régions, ces actes ont été conservés dès le XIVe siècle dans des centaines de registres, en Normandie, en Bourgogne, dans l'Orléanais ou le Dunois. Les historiens disposent là d'une source exceptionnelle, qui va leur permettre de pénétrer dans la vie des familles, éclairer la vie économique, les pratiques religieuses, le rôle de la femme ou les décalages entre la pratique et les coutumes. Le tabellionage normand présente cependant des caractères particuliers, il ne contient guère de testament, ni d'inventaire après décès; il sépare le meuble et l'immeuble; et il oublie souvent de conserver le premier. Les recherches rassemblées ici éclairent les modes de tarification, les raisons qui ont poussé à mettre en registre, le comportement des élites urbaines, le rôle des tabellions dans l'administration fiscale, ou la manière dont ils contournent le poids de la très originale coutume normande. On a voulu fournir au lecteur un guide d'exploration et d'utilisation des tabellionages. Les villes de Caen, Rouen, Alençon, Neufchâtel, Louviers ou Vernon, seront tour à tour abordées. Il a semblé important aussi d'élargir ces recherches d'une part à la période postmédiévale, d'autre part à une autre terre à registres, les pays de Loire. La Normandie n'est pas seule dans cette histoire.
Tensions et conflits entre les autorités dans les chefs-lieux de département (1790-1795)
En 1789-1790, l'Assemblée constituante décide d'un découpage de l'espace national qui fait naître, d'une part, des subdivisions territoriales nouvelles, d'autre part, des autorités locales chargées de les administrer et d'assurer le maintien d'un fil conducteur entre la capitale et les différents espaces ainsi créés. Plusieurs de ces subdivisions, communes et départements, subsistent encore dans notre actuelle démocratie. Les décrets successifs puis la constitution de 1791 précisent les pouvoirs, les responsabilités et le rôle de ces autorités locales, toutes légitimées par le vote des citoyens. Mais, au fil des années et au gré de la radicalisation des processus révolutionnaires, les chefs-lieux de département ont pu connaître des tensions, de natures diverses, liées à la proximité de plusieurs autorités dans une même ville: municipalité, district, département, sans oublier les institutions " révolutionnaires " de 1793-1795 (comités de surveillance, représentants du peuple en mission). Le présent volume entend proposer une réflexion sur ces "querelles dans le clocher", tant par des exemples concrets de tensions fortes que par des cas de fonctionnement au contraire en apparence harmonieux.