La poésie, pour Gérard Bucher, c'est ce qui reste (et qui, ainsi, nous est légué, génération après génération), d'une scène (ou archi-scène) au cours de laquelle rien moins que les clés de notre humanité nous sont données. Dans son dernier ouvrage complété et relu avant sa disparition fin 2018, le philosophe nous propose les raisons pour lesquelles la poésie demeure notre avenir, dans et malgré nos temps difficultueux.
Les Chattes* sont partout dans ce livre. Leurs noms en émaillent les pages et, plus encore, leur influence est perceptible dans toutes mes idées, et jusque dans le rythme et le corps de mes mots. Elles sont l'unique et la plus grande influence sur mon propre féminisme, un féminisme partagé (du moins je l'espère), et ce livre n'est rien si ce n'est une sorte de manifeste féministe (du moins je l'espère). Une grande part de ce travail concerne ma tentative de réconcilier notre féminisme partagé et mon évolution vers la maternité, selon un itinéraire qui n'a pas été sans contradictions pour moi, mais qui au bout du compte s'est révélé être un enrichissement de mon féminisme, un développement complexe en plusieurs strates, tel celui de plantes poussant ensemble dans un jardin. Le féminisme à mes yeux est en perpétuel devenir, ne restant jamais figé, portant toujours sur lui-même un regard critique, il ne cesse de renaître, fleurir, mourir, pour de nouveau se faire semence.(Lily Robert-Foley)* groupe d'écrivaines dont l'auteur fait partie.
"The women are everywhere in this book. Their names are sprinkled across its pages, but more than that, their influence can be felt in all my ideas, and in the rhythm and body of my words. They are the single biggest influence on my own feminism, which is a shared feminism (I hope), and this book is nothing if it is not a kind of feminist manifesto (I hope). Much of the work here is about me trying to reconcile our shared feminism with my evolving into motherhood, a journey that sometimes represented some contradictions for me, but in the end turned out to be an enriching, complex layering of my feminism, like plants growing together in a garden. Feminism, for me, is always becoming, never still, always self-critiquing, sprouting and blooming, dying, becoming seed again." (Lily Robert-Foley)
Ce volume est la traduction française d'une anthologie des textes parus dans la mythique revue de poésie d'avant-garde qui a fait école. Ils présentent un spectre d'écritures concentrées sur le langage et les différentes manières de faire sens, et ne considérant ni le langage, ni la grammaire, ni le processus, ni la forme, ni la syntaxe, ni le programme, ni le sujet, comme allant de soi, et d'interroger la relation de l'écriture à la politique.
"L'écriture et l'édition: elles ont partie liée, chez Christophe Lamiot Enos, à la même nécessité. Dont nous nous tenons dit aussi bien l'une que l'autre, dans un mouvement qui éclaire en dégageant l'obscur, la ressource des textes, de ceux qu'on porte en soi, de ceux des autres qu'il faut porter. Le tout forme une exposition. Nous sommes invités à en éprouver le surgissement. Car la poésie de Christophe Lamiot Enos est poésie dans le temps: il la reprend à ses dommages, la risque à nouveaux frais comme il ouvre le livre de ce qui advient, l'écriture des autres" (Caroline Andriot-Saillant).
"Writing and publishing—in the mind of Christophe Lamiot Enos, they spring from the same need. From Which We Stand speaks of the one and the other in a text that enlightens by outlining the obscure, the resource formed by texts, whether one writes or conveys them. This activity as a whole is a form of exposition, a surge we are invited to experience. Christophe's poetry operates within time: he takes it over at his own risk and takes a further risk, that of opening a book of happenings, of other people's writings" (Caroline Andriot-Saillant).
"I found that the challenge of precisely recording my dreams over the past fifteen years prompted the need to find a poetic language adequate to the actual encounters in the dream. (This is very different from making a smooth narrative or interpretation that ends up obscuring the dream). The challenge is to feel the image and then let the words arise from a deep enough place to respond. I found that certain nights or early mornings as I slipped out of dream-mind to record a dream, I felt an impulse to write a poem instead. And that is how Yonder (my first book in this series) and now Dream Logic was born. I was still engaged with images moving in me, but now they were entering the space of the page, or more precisely, the space of the iPhone "notes." Although awake-- I was also still writing in the perfume of the dream, and carried along by that feeling, the language arose often full of imagery and eliding any secular logic."(Rodger Kamenetz)
"J'ai découvert que la difficulté de consigner avec précision mes rêves au cours des quinze dernières années a entraîné le besoin de trouver un langage poétique qui corresponde aux rencontres vécues dans les rêves (ceci diffère beaucoup d'une narration lisse ou d'une interprétation qui finirait par masquer le rêve). Le défi consiste à sentir l'image avant de laisser les mots remonter d'un lieu assez profond pour répondre. J'ai remarqué que certaines nuits ou certains matins, alors que je glissais hors de l'état de rêve pour noter mon songe, je ressentais une forte inclination à écrire un poème à la place. C'est de cette façon que Yonder (mon premier livre de ce genre) et maintenant Logique onirique sont nés. J'étais toujours absorbé par des images bougeant dans mon esprit, mais à présent elles entraient l'espace de la page, ou, pour être plus exact, l'espace du bloc-notes du téléphone portable. Bien qu'éveillé, je continuais à écrire dans le sillage du rêve, et, portée par les sensations que procurait cet état, la langue échappait à toute logique humaine et temporelle et se retrouvait souvent très imagée". (Rodger Kamenetz)
Pourquoi ? se présente comme une longue suite d'interrogations sur la nature des choses, et notamment de cette chose singulière qu'est une rose. Il part et se joue de la fameuse formule d'Angelius Silesius : " La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit ". Le texte fait le pari inverse qui consiste justement à interroger la chose pour la faire fleurir.
Why? consists of an extended series of questions about the nature of things, and particularly about the singular thing that is a rose. It begins with and revolves around Angelius Silesius's famous line, 'The rose is without why, it blooms simply because it blooms.' Why? makes a reverse proposition, questioning the thing so that it will bloom.
Récit de la dernière matinée d'une Résidence d'écriture au Monastère de S., les sept feuillets de Mues croisent trois voix, celles du présent du 17 août en romain, celle du carnet tenu durant le séjour feuilleté à l'italique et, en gras, celle mue rétrospectivement par l'écriture.
Récit de la dernière matinée d'une Résidence d'écriture au Monastère de S., les sept feuillets de Mues croisent trois voix, celles du présent du 17 août en romain, celle du carnet tenu durant le séjour feuilleté à l'italique et, en gras, celle mue rétrospectivement par l'écriture.