Selon James Sacré, ce poème invite à ressentir le mot " objet " comme porteur de présence concrète. Les objets sont là depuis toujours, dans les poèmes et dans des peintures, autant que dans le monde qui nous tient vivant. Nous les regardons, nous en parlons, nous les manipulons et en inventons beaucoup. Chaque objet est là dans sa singularité et reste en grande partie une énigme, même si nous les encombrons d'histoire, de souvenirs ou de plus ou moins vagues réflexions à son sujet. " Objet " est un mot qui désigne autant le concret du monde, ses singularités que l'abstraction dont notre parole entoure ces objets qu'elle s'imagine saisir. Les objets nous ramènent vers ce nœud d'activités à l'origine de toutes nos aventures humaines.L'auteur raconte faire l'expérience d'une forte et apparemment universelle imbrication du familier et de l'étrangeté en toute chose. Tous ces objets nous racontent-ils ? Sans doute que oui, de par leur histoire, leurs formes et couleurs, leurs agencements entre eux… mais quoi comprendre vraiment ? Nous avançons avec eux, les remerciant de nous maintenir vivant, les encombrant de convictions, de désirs et d'interrogations (extrait de la Postface).
Au fur et à mesure que nous avançons dans le nouveau siècle et le nouveau millénaire, notre travail de poètes a été aggravé par les circonstances de l'époque dans laquelle nous avons tous travaillé: des événements qui ont à la fois renforcé ce travail - en tant que poésie et prophétie - et une recrudescence des forces qui sont venues s'y opposer. C'est dans ce sens que nous proposons ici une omnipoétique de l'hémisphère américain, comme un exemple expérimental de ce qui pourrait être tenté plus loin à l'échelle mondiale, vers ce que l'un d'entre nous a décrit un jour comme "une anthologie de tout".
According to James Sacré, this poem invites us to experience the word "object" as a bearer of concrete presence. Objects have always been there, in poems and paintings, as much as in the world that keeps us alive. We look at them, talk about them, manipulate them and invent many of them. Each object is there in its singularity and remains largely an enigma, even if we encumber them with history, memories or more or less vague reflections about them. "Object" is a word that designates both the concreteness of the world, its singularities, and the abstraction with which our speech surrounds the objects it imagines to grasp. Objects take us back to that knot of activity at the origin of all our human adventures.The author tell his experience of a strong and apparently universal interweaving of the familiar and the strange in everything. Do all these objects tell us? Undoubtedly so, through their history, their shapes and colors, their interrelationships... but what do we really understand? We move forward with them, thanking them for keeping us alive, burdening them with convictions, desires and questions (from the Afterword).
As we move further into the new century and millennium, our work as poets has been compounded by the circumstances of the time in which we've all been working: events that have both reinforced that work—as poetry and prophecy—and an upsurge of forces that have come to stand against it.It is in this sense that we are proposing here an omnipoetics of the American hemisphere, as an experimental instance of what might be attempted further on a worldwide scale, toward what one of us once described as "an anthology of everything."
La poésie, pour Gérard Bucher, c'est ce qui reste (et qui, ainsi, nous est légué, génération après génération), d'une scène (ou archi-scène) au cours de laquelle rien moins que les clés de notre humanité nous sont données. Dans son dernier ouvrage complété et relu avant sa disparition fin 2018, le philosophe nous propose les raisons pour lesquelles la poésie demeure notre avenir, dans et malgré nos temps difficultueux.
Les Chattes* sont partout dans ce livre. Leurs noms en émaillent les pages et, plus encore, leur influence est perceptible dans toutes mes idées, et jusque dans le rythme et le corps de mes mots. Elles sont l'unique et la plus grande influence sur mon propre féminisme, un féminisme partagé (du moins je l'espère), et ce livre n'est rien si ce n'est une sorte de manifeste féministe (du moins je l'espère). Une grande part de ce travail concerne ma tentative de réconcilier notre féminisme partagé et mon évolution vers la maternité, selon un itinéraire qui n'a pas été sans contradictions pour moi, mais qui au bout du compte s'est révélé être un enrichissement de mon féminisme, un développement complexe en plusieurs strates, tel celui de plantes poussant ensemble dans un jardin. Le féminisme à mes yeux est en perpétuel devenir, ne restant jamais figé, portant toujours sur lui-même un regard critique, il ne cesse de renaître, fleurir, mourir, pour de nouveau se faire semence.(Lily Robert-Foley)* groupe d'écrivaines dont l'auteur fait partie.
"The women are everywhere in this book. Their names are sprinkled across its pages, but more than that, their influence can be felt in all my ideas, and in the rhythm and body of my words. They are the single biggest influence on my own feminism, which is a shared feminism (I hope), and this book is nothing if it is not a kind of feminist manifesto (I hope). Much of the work here is about me trying to reconcile our shared feminism with my evolving into motherhood, a journey that sometimes represented some contradictions for me, but in the end turned out to be an enriching, complex layering of my feminism, like plants growing together in a garden. Feminism, for me, is always becoming, never still, always self-critiquing, sprouting and blooming, dying, becoming seed again." (Lily Robert-Foley)
Ce volume est la traduction française d'une anthologie des textes parus dans la mythique revue de poésie d'avant-garde qui a fait école. Ils présentent un spectre d'écritures concentrées sur le langage et les différentes manières de faire sens, et ne considérant ni le langage, ni la grammaire, ni le processus, ni la forme, ni la syntaxe, ni le programme, ni le sujet, comme allant de soi, et d'interroger la relation de l'écriture à la politique.
"L'écriture et l'édition: elles ont partie liée, chez Christophe Lamiot Enos, à la même nécessité. Dont nous nous tenons dit aussi bien l'une que l'autre, dans un mouvement qui éclaire en dégageant l'obscur, la ressource des textes, de ceux qu'on porte en soi, de ceux des autres qu'il faut porter. Le tout forme une exposition. Nous sommes invités à en éprouver le surgissement. Car la poésie de Christophe Lamiot Enos est poésie dans le temps: il la reprend à ses dommages, la risque à nouveaux frais comme il ouvre le livre de ce qui advient, l'écriture des autres" (Caroline Andriot-Saillant).
"Writing and publishing—in the mind of Christophe Lamiot Enos, they spring from the same need. From Which We Stand speaks of the one and the other in a text that enlightens by outlining the obscure, the resource formed by texts, whether one writes or conveys them. This activity as a whole is a form of exposition, a surge we are invited to experience. Christophe's poetry operates within time: he takes it over at his own risk and takes a further risk, that of opening a book of happenings, of other people's writings" (Caroline Andriot-Saillant).
"I found that the challenge of precisely recording my dreams over the past fifteen years prompted the need to find a poetic language adequate to the actual encounters in the dream. (This is very different from making a smooth narrative or interpretation that ends up obscuring the dream). The challenge is to feel the image and then let the words arise from a deep enough place to respond. I found that certain nights or early mornings as I slipped out of dream-mind to record a dream, I felt an impulse to write a poem instead. And that is how Yonder (my first book in this series) and now Dream Logic was born. I was still engaged with images moving in me, but now they were entering the space of the page, or more precisely, the space of the iPhone "notes." Although awake-- I was also still writing in the perfume of the dream, and carried along by that feeling, the language arose often full of imagery and eliding any secular logic."(Rodger Kamenetz)
"J'ai découvert que la difficulté de consigner avec précision mes rêves au cours des quinze dernières années a entraîné le besoin de trouver un langage poétique qui corresponde aux rencontres vécues dans les rêves (ceci diffère beaucoup d'une narration lisse ou d'une interprétation qui finirait par masquer le rêve). Le défi consiste à sentir l'image avant de laisser les mots remonter d'un lieu assez profond pour répondre. J'ai remarqué que certaines nuits ou certains matins, alors que je glissais hors de l'état de rêve pour noter mon songe, je ressentais une forte inclination à écrire un poème à la place. C'est de cette façon que Yonder (mon premier livre de ce genre) et maintenant Logique onirique sont nés. J'étais toujours absorbé par des images bougeant dans mon esprit, mais à présent elles entraient l'espace de la page, ou, pour être plus exact, l'espace du bloc-notes du téléphone portable. Bien qu'éveillé, je continuais à écrire dans le sillage du rêve, et, portée par les sensations que procurait cet état, la langue échappait à toute logique humaine et temporelle et se retrouvait souvent très imagée". (Rodger Kamenetz)