Ces dernières années, le modèle de formation professionnelle suisse est loué, en Suisse comme à l'étranger, pour sa qualité et son efficacité. Cependant, ces louanges font souvent oublier, d'une part, la haute complexité de ce " modèle " et, d'autre part, les défis délicats auxquels il est et sera confronté. En recueillant des contributions de spécialistes du domaine, le présent ouvrage vise à fournir à un public francophone les outils pour pénétrer la complexité du système suisse de formation professionnelle. Pour cela, l'ouvrage met l'accent sur les enjeux principaux qui émergent tant au niveau systémique, sociologique que pédagogique. En regroupant des contributions de chercheurs et chercheuses de différentes disciplines et de différents horizons linguistiques, cet ouvrage vise en outre à promouvoir la recherche en formation professionnelle.
Quand les arrêts prématurés révèlent les logiques à l'oeuvre en formation professionnelle initiale
La formation professionnelle duale, au carrefour entre éducation et emploi, est représentative des tensions et enjeux propres à ces deux espaces. Cet ouvrage propose de la soumettre à une analyse de genre. Partant de la situation d'arrêts prématurés d'apprentissage, il questionne de manière plus large ce qui est produit et reproduit au cours de l'expérience apprentie. Il interroge la façon dont la socialisation professionnelle participe d'une socialisation de genre. La formation professionnelle est ici analysée comme un lieu d'acculturation au travail, en particulier à l'un de ses piliers: la division sociale et sexuelle du travail. Cette grille de lecture donne l'occasion de réfléchir au statut des apprenti-e-s, à leur position particulière dans l'organisation du travail. L'analyse de cette " fabrique du genre " permet d'expliquer le maintien des inégalités de sexe. Par ses questionnements, ce livre fait intervenir la sociologie de l'éducation et du travail, ainsi que les études genre et interroge, au-delà des seuls arrêts prématurés, des enjeux centraux de la formation professionnelle suisse.Nadia Lamamra est docteure ès sciences sociales de l'Université de Lausanne, où elle a enseigné les études genre. Elle est responsable du champ de recherche " Processus d'intégration et d'exclusion " à l'Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (EHB IFFP IUFFP). Elle est membre du comité de rédaction de la revue Nouvelles Questions Féministes.
Produire collectivement un jugement professionnel sur les acquis expérientiels des candidats et le communiquer publiquement, sont au coeur de l'activité des jurys de validation des acquis de l'expérience. Le travail du jury consiste à élaborer une décision collective souveraine débouchant ou non sur une certification. L'activité de production du jugement suppose une activité discursive à caractère argumentatif. C'est donc cette activité collective de communication, d'interprétation et d'argumentation conduisant à la conclusion de la décision qui est interrogée et analysée dans cet ouvrage. Comment se construit l'accord entre les membres du jury ? Les opinions des jurés de VAE sont-elles à considérer comme purement subjectives ou peut-on leur attribuer des critères de rationalité ? Le dispositif de VAE suppose la rencontre de deux activités, celle des jurés, mais également celles des dépositaires de l'expérience, les candidats, appelés à démontrer la valeur de leurs acquis. Face aux jurés comment les candidats s'y prennent-ils pour valoriser leurs expériences personnelles et professionnelles ? Quels candidats sont jugés les plus convaincants ? La partie empirique de cet ouvrage se centre sur des actes souvent couverts de la discrétion attribuées aux opérations de jugement en général et de la délibération des jurys en particulier. Cette contribution tente de relier des problématiques d'évaluation en formation et dans le champ du travail, en se centrant sur des activités qui articulent une attribution de valeur à une appréhension de l'action ou de la personne.