Repères épistémologiques, éthiques et méthodologiques
Si, dans les années 80, on parlait beaucoup de thérapies de famille – au point de les confondre avec l'approche systémique – on sait mieux maintenant que le travail social, l'intervention psychosociale auprès des personnes, des groupes, des familles et l'étude des problèmes sociaux peuvent être grandement enrichis et diversifiés grâce à l'approche systémique comprise à la fois comme mode de pensée, stimulation éthique et construction méthodologique. Le travail d'Olivier Amiguet et de Claude Julier s'inscrit dans cette recherche. L'ouvrage se présente sous la forme de quatre chapitres, reliés entre eux par une certaine logique, mais cependant relativement indépendants les uns des autres. Une introduction à la pensée systémique complexe et constructiviste, en particulier une description des trois théories qui fondent leur modèle d'intervention, soit: la théorie générale des systèmes, la théorie des communications selon l'Ecole de Palo Alto, et le constructivisme. Une réflexion sur l'éthique : l'approche systémique pose-t-elle des questions, mais aussi donne-t-elle des réponses, du point de vue de l'éthique ? Des repères méthodologiques : dans ce chapitre central, les auteurs retiennent huit concepts pour lesquels, de façon systématique, ils décrivent d'une part l'origine et les divers sens de ces concepts, dans le travail social et ailleurs, et d'autre part ce qu'ils en retiennent pour fonder leur modèle d'intervention. Conscients de la nécessité de relativiser leurs réflexions et leurs expériences, Olivier Amiguet et Claude Juliet terminent leur ouvrage par un chapitre consacré à une réflexion critique, dans lequel ils indiquent les limites de leur modèle, leurs interrogations et des pistes de recherche pour continuer le débat.
Les conséquences de l'aide sociale sur le statut de séjour des personnes de nationalité étrangère : l'exemple des cantons de Genève et Vaud
Les étrangères ou les étrangers qui ont besoin de recourir à l'aide sociale se posent fréquemment la question de savoir si leur demande d'assistance va avoir des conséquences sur leur droit de séjourner en Suisse. Les services sociaux savent qu'un étranger peut être expulsé si lui-même, ou une personne aux besoins de laquelle il est tenu de pourvoir, tombe "d'une manière continue" et "dans une large mesure" à charge de l'assistance publique. Mais ils ignorent comment est appliquée cette disposition légale. L'objectif de ce livre est de tirer au clair cette question. Dans les cantons de Genève et Vaud, les auteurs ont analysé les pratiques des polices cantonales des étrangers, des instances de recours ainsi que des institutions chargées de distribuer l'aide sociale cantonale. Avec la collaboration de différents services, organisations, associations et syndicats, ils ont tenté de comprendre ce que peut signifier l'existence de cette disposition pour les hommes et les femmes de nationalité étrangère. L'analyse et la présentation de très nombreuses situations concrètes sont complétées par des informations historiques et juridiques détaillées. Un outil essentiel pour comprendre la précarité du statut des étrangers en Suisse.
On a longtemps cru que les personnes migrantes n'étaient que de passage. Or, aujourd'hui, presque la moitié de celles et de ceux qu'on appelle encore des "strangers" vivent en Suisse depuis plus de vingt ans ou y sont nés. Tout en faisant partie de la société helvétique et participant largement à son développement, ils n'ont ni le même statut ni les mêmes droits que les Suisses. Ce livre présente deux recherches réalisées par les écoles de travail social de Lausanne et de Genève dans le cadre du Programme national de recherche (PNR No 39) du Fonds national suisse de la recherche scientifique: "Migrations et relations interculturelles". La première analyse les trajectoires et les modes d'insertion des femmes et des hommes de nationalité espagnole ou italienne arrivés en Suisse dans les années 50 et 60 et de leurs enfants. La seconde s'intéresse aux problèmes sociaux rencontrés dans les années 90 par des personnes de nationalité italienne, espagnole ou portugaise et aux réponses proposées dans les services sociaux et dans le réseau associatif. Outre les résultats de ces deux études, qui présentent des approches originales dans l'analyse des relations entre migrations, modes d'insertion et travail social, cet ouvrage propose également les réflexions de travailleuses et travailleurs sociaux qui accumulent depuis de nombreuses années, dans le cadre de leur pratique professionnelle et parfois de leur engagement militant, des expériences, des savoirs et des instruments adaptés à ces problématiques. Avec ces différentes contributions, cet ouvrage ouvre de nouvelles perspectives vers des manières novatrices d'envisager le travail social.
Depuis quelque trente ans, les éducateurs spécialisés et plus largement les professionnels de l'action sociale ont connu un vigoureux essor en Suisse romande. Pour préparer ces professionnels à leur tâche, il a fallu inventer, organiser, conquérir une légitimité et, bien sûr, mettre en place des instituts susceptibles de distribuer les compétences et de former des personnes. Parmi les pionniers engagés dans cette tâche, trois personnalités ont joué un rôle significatif: Claude Pahud, à l'Ecole d'études sociales et pédagogiques de Lausanne, Yves de Saussure, à l'Institut d'études sociales de Genève, et Georges Rochat, à l'Ecole d'éducateurs spécialisés de Fribourg. Dans cet ouvrage, ils ont accepté de témoigner et de rendre publics les choix et les idées qui ont fondé leur action. Le langage direct et chaleureux de ces jeunes retraités ne surprendra pas les milliers de professionnels qui les ont connus. Un dossier très éclairant sur les sources de l'action sociale et pédagogique en Suisse romande.