Histoire d'une résistance politique, culturelle et esthétique sous le franquisme tardif
Le Nouveau théâtre espagnol est apparu dans le panorama scénique espagnol à la fin des années 1960, alors que le régime franquiste commençait à montrer ses premiers signes d'agonie. Ce courant dramatique contemporain du réalisme social ne constitue pas une école définie mais se compose d'une diversité d'auteurs alors jeunes et inconnus, présentant des similitudes dans leur production, fruits d'une époque particulière. Par la mise en regard de 168 pièces – dont de nombreuses toujours inédites à ce jour –, cette étude fait revivre ce courant dramatique et scénique qui s'est développé en Espagne pendant le franquisme tardif et le début de la Transition (1967-1978), un mouvement artistiquement expérimental, culturellement anticonformiste, esthétiquement anti-conventionnel et politiquement antifranquiste. Elle met en lumière des oeuvres méconnues – voire inconnues – qui furent marginalisées de la scène en leur temps et apporte un éclairage sur le concept alors novateur du Nouveau théâtre espagnol, sur ses caractères stylistiques définitoires, ainsi que sur sa diffusion minoritaire liée à son contexte socio-culturel et politique – notamment à la censure, particulièrement sévère à l'encontre de ce théâtre critique.
L'inventaire des ressources lexicales qui expriment le doute en espagnol n'a pas cessé de s'enrichir depuis les origines de cette langue. Ainsi, les adverbes et locutions adverbiales, quizá, por (a)ventura, acaso, tal vez, puede que, a lo mejor, lo mismo et igual, ont progressivement rejoint ce paradigme à partir des fonctions et valeurs qu'ils possédaient en amont. À travers l'analyse de leurs trajectoires diachroniques, cette étude explore les processus et les différentes voies de changement sémantique qui ont permis à ces éléments de développer leur fonctionnement comme adverbes de modalité épistémique. L'analyse débouche sur une mise en commun des propriétés des expressions étudiées afin d'en offrir une vision d'ensemble et de présenter une caractérisation complète de ce paradigme dont la fonction est d'exprimer le doute, l'hypothèse et la possibilité.
Les fêtes nationales et les hymnes patriotiques rencontrent en Amérique latine une ferveur remarquable. Pourtant, rien de spontané dans cet enthousiasme. Les dates choisies, les chants retenus et les commémorations mises en place sont les fruits de décisions politiques au service de projets médités de construction citoyenne. En fêtant la nation, le groupe se reconnaît un passé commun qu'il se remémore en même temps qu'il n'a de cesse de le réinterpréter. C'est une histoire comparée de ces réinterprétations, des façons de célébrer l'État-nation au Mexique et en Bolivie, pendant leur premier siècle de vie indépendante, qui est proposée ici. Les deux républiques naissantes partageaient une même volonté de construction nationale et une même préoccupation face à la forte composante " indigène " de leur population. Mais elles envisagèrent des modalités distinctes pour tisser ou raffermir les liens nationaux, pour intégrer ou exclure, pour mettre en scène ou invisibiliser les populations des territoires concernés. Au-delà des typologies esquissées, les politiques festives et symboliques cherchèrent à doter d'évidence un sentiment d'appartenance nationale encore embryonnaire, mais dont la généralisation devenait une nécessité politique
Le projet libéral au prisme des manuels scolaires d'instruction morale et civique
Les nouveaux manuels d´instruction morale et civique produits en Équateur durant la période libérale, de 1895 à 1925, accompagnent une révolution institutionnelle et pédagogique inédite: le régime libéral fonde une Instruction publique et laïque dans un pays où l'Église contrôlait jusqu'alors le système éducatif.Cet ouvrage cerne le projet du libéralisme équatorien à la lumière des manuels scolaires d'instruction morale et civique. Il montre que la révolution libérale entend créer une modernité politique reposant sur une révolution des mentalités, articulée autour de la laïcité. Il souligne aussi le rôle primordial de l'institution scolaire dans l'émergence d'une conscience nationale.Les nouveaux manuels d'instruction morale et civique contribuent à façonner l'identité nationale, " l'équatorianité ". Ils construisent des référents identitaires communs, diffusent les mythes fondateurs de la nation et donnent à lire un roman national épique et glorieux. Ils doivent non seulement unir des populations jugées comme hétérogènes, car divisées par des particularismes régionaux et ethniques; ils doivent aussi pacifier des comportements soumis aux passions politiques et religieuses. La Révolution libérale de 1895 veut faire advenir un homme nouveau: un citoyen équatorien responsable et autonome.
De l'engagement personnel à la défense de la République espagnole
Pendant la guerre d'Espagne (1936-1939), la défense de la République espagnole a constitué un point de cristallisation de l'engagement des intellectuels européens et un catalyseur de la mobilisation des femmes en faveur d'un régime qui leur avait reconnu des droits dans la Constitution de 1931. À la croisée de ces deux communautés, seize femmes se sont impliquées dans cet épisode majeur de l'histoire européenne du xxe siècle en apportant leur soutien actif au gouvernement républicain.Par la mise en regard de huit intellectuelles espagnoles et de huit étrangères, cette étude met au jour des personnalités et des trajectoires individuelles méconnues – voire inconnues – et apporte un éclairage nouveau sur un conflit qui fut un espace d'affirmation et de revendication d'elles-mêmes en tant que femmes, antifascistes et femmes de lettres.Allison Taillot est agrégée d'espagnol et maître de conférences à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense. Elle a soutenu en 2012 une thèse sur les intellectuelles européennes et la guerre d'Espagne qui a inspiré cet ouvrage.