Créativités langagières et identités socio-discursives
Des relations que le français entretient avec d'autres langues dans l'espace francophone sont issues des pratiques langagières hétérogènes, qui représentent un enjeu tant politique et social, que médiatique et esthétique. Différentes approches – linguistique, sociolinguistique, analyse du discours et étude littéraire – sont, ici, mises à l'œuvre pour étudier ces phénomènes de créativité verbale dans les discours politiques, les médias et la littérature. Cet état des lieux des pratiques socio-discursives plurielles offre aussi de nouvelles perspectives, avec un intérêt marqué pour les réseaux sociaux.
L'ouvrage appréhende le rapport esthétique/éthique dans la littérature caribéenne. Il interroge cette littérature au-delà de la question du postcolonial qui limite sa portée en la confinant trop souvent dans l'historique et le sociologique. La question porte sur ce que fait cette littérature et non pas ce à quoi elle sert ou ce qu'elle est. Les articles explorent la manière dont cognitif et sensible travaillent ensemble, examinent les modalités des valeurs dans l'œuvre et la fonction de l'œuvre pour le monde; en somme, quelle poétique/poéthique permet d'accéder au mieux au comment vivre.
Le cadre global des regards croisés sur l'information dessinée en Afrique francophone porte d'une part sur l'étude de postures auctoriales critiques où le burlesque et l'ubuesque des comportements socio-politiques font surface. D'autre part, prenant en considération le cadre culturel ainsi que le contexte de production et de réception des objets d'analyse, les auteurs mettent à disposition les résultats de leur réflexion sur la construction d'un discours hétérogène au confluent des cultures africaines et française qui agence bande dessinée, caricature de l'information, commentaires politiques en vue de toucher un public toujours plus large. Les différents contributeurs à cet ouvrage montrent la manière dont l'actualité africaine est mise en images à l'aide d'iconotextes humoristiques et satiriques.Les analyses focalisent l'attention sur un langage populaire correspondant à celui de monsieur-tout-le-monde que la presse satirique francophone propose au lecteur. C'est ainsi que l'information dessinée émise dans un cadre où le français cohabite avec les langues africaines, porte les marques des représentations françaises et africaines qui s'arriment ou se confrontent. Cet ancrage culturel constitue un enjeu pour la recherche dans la mesure où si l'humour est universel, la manière de rire et de faire rire varie d'une société à une autre. Dès lors les contributions de cet ouvrage présentent un intérêt particulier pour la recherche.
Voici un livre qui vient à son heure. C'est un heureux événement pour la langue mbo et pour la linguistique africaine. Grâce à la somme des données dégagées par la description, il ouvre, pour la langue mbo, des perspectives prometteuses en termes d'aménagement orthographique, terminologique et grammatical, ce qui ne manquera pas de faciliter son emploi dans tous les domaines de la vie moderne au bénéfice de ses usagers : alphabétisation, scolarisation, création littéraire, communication dans la presse, à la radio et à la télévision.Ce livre sera utile aux chercheurs car il constitue une contribution importante à la connaissance des langues bantoues de la zone A considérée par les spécialistes comme l'une des plus complexes et des moins explorées de l'ensemble du domaine. Enfin il s'adresse à la fois à ceux qui parlent le mbo et à ceux qui voudraient l'étudier ou l'enseigner.
L'exemple du français parlé en République du Congo
L'objectif principal de cette étude est de décrire le français tel qu'il est parlé aujourd'hui en République du Congo à partir d'un corpus oral. L'analyse se focalise sur des points cruciaux: la détermination nominale, les substituts, les dispositifs syntaxiques et le discours rapporté.Le corpus est constitué des récits, des interviews, des discussions libres entre locuteurs congolais. Ce corpus est analysé sous plusieurs angles quantitatifs par comparaison avec les autres variétés du français parlé, en recourant au comptage des fréquences.L'objectif théorique principal est de contribuer aux recherches sur le français parlé. Il s'agit de voir comment les locuteurs congolais mettent à profit leur compétence en français, d'analyser leur expression orale. Nous n'avons pas catégorisé l'usage du français en nous focalisant sur la tripartition fondée sur les niveaux scolaires: peu ou non scolarisés, moyens scolarisés, intellectuels. Dans le but de justifier et d'expliquer les divers usages, nous avons recouru à une triangulation des modèles théoriques. L'étude qui cherche à mieux connaître le fonctionnement morphosyntaxique du français au Congo est un complément aux études lexicales.
Ce livre est écrit pour faire réfléchir et pour faire agir. Il ne contient ni recettes magiques ni remèdes miracles valables en tout temps et en tout lieu. Il informe sur la diversité des situations et des politiques linguistiques passées et présentes, prolonge les débats engagés depuis fort longtemps et offre une synthèse susceptible de faire bouger les lignes afin de construire un avenir meilleur. L'idée selon laquelle les cultures et les langues africaines sont un obstacle à l'évolution scientifique et technique, au développement économique et à la promotion sociale est un cliché insensé qu'il faut combattre avec énergie. Il faut développer les langues africaines pour les rendre aptes à prendre en charge toutes les exigences de la modernité. Il s'agit, comme cela se passe partout dans le monde, de mettre chaque langue à la place qui doit lui revenir. Il s'agit, in fine, de créer les conditions d'un équilibre nécessaire entre les langues disponibles et d'établir la possibilité d'une vraie convivialité et d'une réelle compétitivité pour le développement des nations africaines et le mieux-être de leurs populations. C'est une question d'éthique, mais d'abord d'efficacité pédagogique, économique et sociale.
La notion d'environnement linguistique ressortit aux développements les plus récents de ce qu'on appelle l'écologie des langues ou, plus précisément, l'écolinguistique. La langue est, comme tout organisme social, conditionnée par l'influence du milieu dans lequel elle vit et qu'elle influence à son tour. La présence du français est observée dans le marquage du territoire et de l'espace social. Elle est examinée dans l'affichage administratif et commercial. Les lieux, les moments et les situations de contact réel avec le français sont identifiés tout comme les formes de langage pratiquées au quotidien, les normes valorisées et les écarts stigmatisés. L'impact de la francophonie sur la vie quotidienne des populations est évalué autant que son efficacité dans les secteurs formels (école, administration, entreprise) et non-formels (alphabétisation ou petit commerce).Peut-on identifier les lignes de partage, les circuits d'échange et les possibilités de dialogue avec les langues locales dans une perspective de développement ? Quelle est l'efficacité du français dans la circulation des informations destinées aux masses populaires ? Quelle est sa capacité de mobilisation ? Quelle est la part de rêve qu'il offre aux jeunes pour l'avenir ? Les auteurs de ce livre se sont efforcés de répondre à toutes ces interrogations avec clarté, rigueur et objectivité.
La conscience linguistique qui attache l'auteur à l'idiome du terroir explique non seulement le sens qu'il attribue aux mots de la langue et aux choses de la vie mais aussi la sensibilité exacerbée qu'il manifeste vis-à-vis des questions de langage dès qu'il s'engage dans l'activité littéraire en une langue seconde : la réflexion sur la problématique de la langue prend alors une place prépondérante. Cette " surconscience linguistique " pousse l'écrivain francophone, en raison de sa situation dans l'entre-deux linguistique et culturel, à penser en permanence son rapport à la langue d'écriture, une langue qui est rarement sa langue maternelle. Évasion, exotisme et engagement constituent un bon fil conducteur pour une réflexion sur le sentiment de la langue par-delà les enjeux thématiques, narratifs et descriptifs.Sur la longue période qui va du XIXe au XXIe siècle, ce livre témoigne de la pluralité des acteurs/auteurs, de l'évolution des idées, de la diversité des thématiques, des motivations et des dynamiques à l'œuvre.
L'ambition de cet ouvrage est de reformuler, sous plusieurs éclairages, une question universelle : celle de la reconnaissance et de la consécration des objets culturels que sont les œuvres littéraires et les langues qui les portent. Il s'agit d'explorer les mécanismes d'élaboration d'un statut institué aussi bien du texte écrit que de la figure de l'écrivain à travers les concepts de légitimité et de légitimation. La réflexion porte sur des corpus littéraires situés sur des aires géographiques variés et à différentes époques de l'histoire. Cette problématique, qui intéresse plusieurs domaines(littérature, linguistique, sociologie, histoire, philosophie), gagne à être approchée de manière interdisciplinaire.L'oeuvre littéraire est un produit social dont le succès dépend des lieux de pouvoir qui travaillent la société et de ce que Pierre Bourdieu appelle " le marché des biens symboliques ". Deux pôles en délimitent la vie et la visibilité : la production et la réception. L'écrivain et le lecteur participent, ensemble, à l'institution du dispositif métajuridique d'un pouvoir implicitement consensuel qui met sous son autorité et l'oeuvre et la figure de l'auteur, pour leur conférer légitimité et validité selon des normes sociales, linguistiques et littéraires canonisées, qui inscrivent des œuvres et des artistes au panthéon du savoir. Les processus de légitimation convergent vers des enjeux de pouvoir même si, explicitement, le critère esthétique semble être privilégié parmi les paramètres de valorisation.Problématiser les notions de légitimité et de légitimation ne veut pas dire seulement faire l'inventaire des processus de reconnaissance par lesquels l'écrivain se voit investi d'une valeur qui le distingue dans sa corporation ; cela signifie aussi, et peut être d'abord, analyser les modes et les modèles opératoires dans le champ de la reconnaissance où le pouvoir se fait un allié sûr du savoir en le cautionnant et même en le produisant.
La notion d'imaginaire linguistique est généralement associée au double rapport de la langue à la pensée et à la création. Si nous pensons à partir des catégories grammaticales et lexicales des langues naturelles, l'exercice de la pensée s'effectue concrètement dans la dimension du discours individuel, oral ou écrit. D'où l'idée selon laquelle l'art de bien parler, ou de bien écrire, et l'art de bien penser n'en font qu'un. L'imaginaire apparaît alors comme le lieu de la fiction, du fantasme, du fantasmagorique et comme le lien entre le rêve et la réalité, la production des idées et leur formulation par le langage, l'invention des choses et leur nomination par les mots.À partir d'illustrations puisées essentiellement, mais non exclusivement, dans le champ discursif africain, les textes rassemblés ici tentent de montrer comment l'imaginaire linguistique, cet objet aux contours difficilement saisissables parce que bâti sur du subjectif, opère à travers quelques thèmes privilégiés qui alimentent les discours épilinguistiques tenus par le sujet parlant ou écrivant et comment il se manifeste au niveau des outils sémio-linguistiques (formes lexicales, grammaticales, énonciatives et rhétoriques) dans des textes narratifs ou argumentatifs. L'étude des représentations que l'on se fait des langues et de ceux qui les parlent se situe au carrefour de la linguistique et des autres disciplines des sciences sociales.En multipliant les points de vue et les angles d'attaque autour du concept d'imaginaire linguistique, le présent ouvrage, commis par des spécialistes en provenance de divers horizons disciplinaires, se veut une illustration du bon usage qui peut être fait de la pluridisciplinarité, de l'interdisciplinarité et de la transdisciplinarité.