Il est désormais bien établi que les comportements humains ont un impact sur l'environnement, qu'il s'agisse du réchauffement climatique ou de la destruction de la biodiversité. Or, ces phénomènes, qui ont tendance à s'accélérer dans les dernières décennies, provoquent eux-mêmes des effets sur la santé de l'homme, comme l'attestent la multiplication et l'aggravation des épidémies auxquelles nous sommes confrontés : il suffit de penser à la crise sanitaire majeure du Covid-19.Il importe alors d'analyser avec rigueur les facteurs d'émergence des épidémies passées pour mieux se préparer aux prochaines, qui ne sauraient tarder. Mais il importe surtout de veiller à rétablir autant que possible, et avant qu'il ne soit trop tard, l'équilibre des écosystèmes qui seul peut garantir à terme la perpétuation de notre espèce.
Toujours plus vite, toujours plus fort: nos sociétés foncent dans le mur écologique avec une relative insouciance depuis plusieurs décennies. Cet aveuglement est lié à la domination de l'économique qui a mis en coupe le "vivant" humain et non humain. Bifurquer suppose de redéfinir le sens de notre activité collective que l'économisme a extraordinairement inversé: mettre nos moyens au service d'une fin collective et non l'inverse. Pour ce faire Nicolas Postel et Danny Robert Dufour proposent de défaire le fil tissé depuis Bernard de Mandeville, auteur de La Fable des abeilles précisément au moment où, selon Karl Polanyi, s'opère la mise en place d'une inversion entre fins et moyen dans le cadre de ce qu'il qualifie de "système de marché autorégulateur". Éviter l'effondrement nécessite de faire retour sur ce moment particulier, aux racines de notre dynamique économique et sociale d'accumulation désormais mortifère, pour bâtir un autre fondement à notre vivre ensemble.
Face à la persistance des inégalités et des discriminations dont font l'objet, dans nos sociétés contemporaines, des groupes d'individus en raison de certaines de leurs caractéristiques (genre, orientation sexuelle, ethnie, situation sociale), la question se pose de savoir d'où viennent ces discriminations, quelles formes elles prennent dans des sociétés démocratiques basées en principe sur l'égalité des droits, et comment les mettre au jour et les combattre.Construit comme un dialogue entre deux chercheuses spécialistes d'aires culturelles différentes (France et États-Unis), cet ouvrage tente d'apporter des réponses à ces questions en croisant les apports de plusieurs disciplines – la science politique, l'histoire, les études culturelles et en confrontant l'un à l'autre des paradigmes interprétatifs relevant eux-mêmes de généalogies spécifiques: l'"universalisme des différences" (Virginie Martin) d'une part, et l'intersectionnalité d'autre part. En mettant en lumière l'apport de ces concepts pour penser de manière critique la construction historique, politique, culturelle politique des inégalités et des formes de discrimination voire d'exclusion qu'elles peuvent engendrer, il s'agit de rappeler comment celles-ci s'articulent à des mobilisations, à des luttes et à des revendications dont les mouvements féministes ont pu être les puissants relais, avec des avancées notables au cours de l'histoire récente mais avec aussi des résistances fortes et persistantes au sein même des sociétés contemporaines.
Au début des années 2000, la notion d'Anthropocène a été avancée pour désigner une nouvelle époque de l'histoire de la Terre, marquée par les transformations profondes et irréversibles induites par les actions humaines sur l'environnement. C'est également au début des années 2000 que, pour caractériser les changements rendus nécessaires par les dégradations écologiques, plutôt que de "développement durable", on s'est mis à parler de "transition écologique". Que veut-on dire par là? Quels changements désigne-t-on? Et pourquoi parle-t-on parfois plutôt de "transition énergétique"? Dans cette conférence dialoguée, Catherine Larrère aborde ces différentes interrogations en parcourant les étapes de constitution de la question écologique telle que nous la connaissons aujourd'hui et en soulignant que le problème majeur auquel nous sommes désormais confrontés concerne bien la dynamique de transformation des relations entre l'homme et son environnement, mais surtout le rythme de cette transformation et les moyens de le contrôler.