La médiatisation croissante des actes terroristes à l'échelle planétaire valorise l'idée d'une insécurité globale. Dans ce contexte, les acteurs publics qui luttent contre ce phénomène mettent en avant le renforcement des mesures de surveillance. Cet ouvrage à caractère pluridisciplinaire est centré autour de l'étude de trois thèmes : les acteurs, les pratiques et les théories de la surveillance. Conçue comme un moyen défensif et préventif à l'égard des atteintes de tous ordres à la sécurité des biens et des personnes, la surveillance possède une longue histoire contemporaine qui est ici mise en valeur. La dimension politique de la surveillance apparaît déterminante aussi bien par les effets de son existence que par l'instrument de souveraineté qu'elle constitue. Face à l'apparente déterritorialisation des menaces, les États aspirent à une coopération renforcée entre eux. La transnationalisation des phénomènes de surveillance ne signifie pas pour autant que la souveraineté étatique, qui d'évidence ne se suffit plus à elle-même, est totalement dépassée. Elle indique en revanche que la globalisation de la sécurité recèle désormais une politique mondialisée.
L'objet de ce volume est de dépasser l'approche technique et fonctionnelle du renseignement pour amener l'étude sur le plan du politique. Dans la mesure où, à partir du 19e siècle, des organisations publiques spécifiques collectent le renseignement et l'utilisent, il est possible d'aborder le renseignement de façon nettement différente. Que ce soit un conflit dans un cabinet ministériel ou dans une situation de " guerre de l'information ", le renseignement est un des enjeux des conflits de pouvoir. Cela ne signifie pas pour autant que le renseignement à caractère non politique est a-politique : ce n'est pas alors la nature d'un renseignement qui explique sa dimension politique, c'est sa position et son utilisation dans un rapport de pouvoir et/ou dans une institution qui le politise. Politiques du renseignement a pour ambition de montrer que le renseignement donne sens aux relations de pouvoir, il lui est consubstantiel, que soit dans la dimension institutionnelle du pouvoir (organisation, bureaucraties, réseaux, mouvements), ou dans les relations interpersonnelles qui constituent également un espace de pouvoir. L'étude du renseignement permet de faire ainsi une autre lecture sinon de l'action politique, du moins de l'action publique.