La culture ne peut se concevoir en dehors d'une communauté particulière dont les frontières, qu'elles soient géographiques, politiques ou conceptuelles, disciplinaires ou professionnelles, ne sont ni stables, ni permanentes. Pour suivre la construction, l'évolution ou la destruction de cette communauté et de ses frontières, la langue utilisée pour en exprimer les croyances et les valeurs peut constituer un outil privilégié. Toutefois, pour comprendre une langue donnée, ne doit-on pas connaître et comprendre la culture sous-jacente et son histoire ? Sinon ne risque-ton pas de voir apparaître une langue artificielle, comme le globish ou Global English, par exemple, ou les différents sabirs qui sortent de Bruxelles ? À moins qu'il ne s'agisse de la construction de nouvelles cultures, auquel cas se pose la question des procédés mis en jeu et des approches qui permettent de les mettre en évidence.À travers différentes études - sur l'évolution du discours à propos de l'environnement, le discours du président de la Réserve fédérale américaine, le vocabulaire benthamien, les rapports entre droits anglais et américain, la traduction de textes juridiques espagnols en français, la terminologie des droits de l'homme et, enfin, la problématique linguistique et culturelle des partenaires sociaux - les auteurs questionnent les liens entre langue et culture : ces dernières forment-elles toujours un couple harmonieux ? Existe-t-il des cas de mésalliance, voire d'échec ? Et, lorsqu'il y a séparation ou divorce, de quelle nature sont les dissonances et quelles sont alors les stratégies mises en place ? Telles sont les interrogations qui tissent le fil conducteur de cet ouvrage.
La perception du monde qui nous entoure, de même que son expression, nécessite de pouvoir passer d'un domaine conceptuel à un autre, d'une discipline à une autre, d'une langue à une autre, d'une culture à une autre. Quels sont les procédés, ou points de rencontre, qui permettent de communiquer entre personnes de langue, de connaissances et de cultures différentes ? Ces procédés sont-ils les mêmes que ceux qui participent à la naissance de nouveaux concepts, à la modification de concepts existants ? L'étude de la notion d'interface, que ce soit au niveau théorique ou par des observations pragmatiques, apporte quelques réponses. Mais que l'on s'exprime dans une seule langue ou que l'on traduise dans une autre, il faut identifier les " réalités centrales ", les " notions génériques ", qui sont autant d'interfaces autour desquelles gravitent les termes et leurs différents sens et qui permettent de trouver ou de vérifier les équivalences linguistiques, conceptuelles et culturelles.
Bien plus qu'un simple outil de communication, la langue, autrement dit la manière de parler ou d'écrire, façonne et engendre la manière de penser et donc le discours ; ce dernier, dans de nombreux domaines et notamment le droit, comporte un élément performatif. En effet, tout acte juridique est en même temps un acte de langage, qui réalise l'effet qu'il poursuit par cela seul qu'il l'énonce. En d'autres termes, parler c'est agir, " dire c'est faire ". Le droit offre une très bonne illustration de cette étroite solidarité du langage et du contenu qu'il véhicule car, avant de se décider, il se pense et il s'exprime à travers un ensemble de représentations collectives propres au génie de chaque nation. Surgissent alors deux difficultés, celle de l'interprétation intra-langue de tout énoncé juridique, travail qui relève du juriste, et celle de la traduction inter-langues, qui est du domaine du traducteur. Assimiler et transmettre le sens, mais aussi produire l'effet recherché, tels sont les objectifs partagés par les deux professions. Pour y parvenir, il ne suffit pas de (re)trouver des mots, il faut comprendre et, éventuellement, restituer des concepts et des catégories qui organisent le monde, une méthode de raisonnement, une manière d'argumenter. L'activité du juriste et celle du traducteur se rejoignent dans une démarche commune, qui comporte nécessairement une part de création de sens. De là à dire que juristes et traducteurs exercent le même métier...
Faisant suite à deux colloques, ce volume pose deux questions : l'interaction didactique de l'évolution et de la violente accélération (sanglante ou non) de l'histoire qu'est une révolution est-elle toujours productrice de progrès? Cette notion de progrès n'est-elle pas au coeur herméneutique de toute la pensée du XVIIIe siècle? C'est à travers le labyrinthe d'un passé encore présent que se manifeste cet " élan vital protéiforme ", tempestueux ou ralenti, souvent capricieux, imprévisible, mais toujours générateur de mutations historiques, artistiques, littéraires et socio-culturelles.
Description de l'esprit des années 1919-1924, pendant lesquelles on tient compte à la fois des " grands " auteurs et des auteurs " secondaires ", afin d'établir des convergences, des lignes de force caractéristiques de cet esprit. Celui-ci est défini en tant qu'esprit d' " après-guerre " ; on peut ainsi préciser dans quelle mesure une grave crise historique comme la Première Guerre mondiale a influencé l'évolution des sensibilités littéraires. Ce qui fait apparaître, notamment, en quoi Dada et le surréalisme naissant sont des expressions particulièrement virulentes d'un nouveau mal du siècle, témoignant de la crise morale et intellectuelle que traverse l'époque.
Le domaine étudié est celui de la littérature anglo-saxonne de la Renaissance à nos jours, il faut y ajouter un auteur du Commonwealth (S. Rushdie) et quelques incursions dans la peinture anglaise et américaine. L'exploration de ces différents univers imaginaires personnels permet de dégager des continuités et des solidarités que l'on peut regrouper ou opposer selon la manière dont ces différents créateurs ont accepté, refusé, bien ou mal vécu leur corps.