Le secteur professionnel du numérique n'échappe pas à la ségrégation sexuée du travail. Les femmes y sont peu nombreuses et se retrouvent ainsi à l'écart d'activités en croissance, de lieux de pouvoir économique et de création de valeur. Cette sous-représentation pourrait se répercuter demain par un creusement encore plus grand des inégalités de richesse et de pouvoir.Les chercheuses interrogent dans cet ouvrage la manière dont les compétences numériques sont médiatisées. Elles enquêtent sur les difficultés rencontrées par les femmes ayant choisi de se former ou de travailler dans le secteur du numérique. Elles analysent ainsi les représentations à l'œuvre dans les dynamiques d'orientation et les choix de formation et exposent les dénis de légitimité auxquelles les femmes font face. La somme de ces contributions participe à comprendre les raisons de l'absence persistante des femmes du secteur du numérique et à mesurer le chemin qui reste à accomplir vers l'égalité professionnelle.
La nostalgie est devenue une ressource fondamentale de la culture médiatique contemporaine. Les séries télévisées au look rétro, l'amour du vintage et des meubles patinés, le déferlement du rétro-gaming ou encore les commémorations (muséales) d'un passé souvent idéalisé peuplent désormais notre quotidien. La nostalgie est pourtant bien plus qu'une simple rétrogradation temporelle, et c'est ce que les auteur·e·s de cet ouvrage entendent démontrer à travers des réflexions critiques et des cas d'études originaux et inédits. Comment comprendre la passion pour les photographies de maisons en ruines? Qu'est ce qui nous pousse à regarder en boucle nos séries préférées ou celles de notre enfance? Pourquoi écrire aujourd'hui une carte postale qui sera reçue en 2042? Voici quelques-unes des nombreuses questions auxquelles cet ouvrage collectif transdisciplinaire – le premier en langue française – propose d'offrir des pistes de réponse.
Au XXe siècle, la nouvelle matérialité numérique de l'écrit fonde l'écran, au singulier, comme une véritable forme culturelle infléchissant les repères de la culture écrite imprimée. Les peintres et les photographes avaient nourri les imaginaires de la culture écrite par les scènes de genre que sont les "scènes de lecture". Aujourd'hui, que sont nos "scènes de lecture"? Que nous apprennent-elles de la lecture comme pratique sociale, culturelle, matérielle et comme expérience à la fois standardisée, sensible et contingente? À l'encontre des discours pointant les "dangers de l'écran" ou ses bienfaits essentialisés, l'ouvrage interroge la culture visuelle de la lecture sur écran à partir d'une investigation sémiologique et critique dans trente années d'images publicitaires, artistiques, institutionnelles ou encore privées. Largement illustrées, ces Fantasmagories de l'écran témoignent de l'imprégnation sociale et triviale de nouveaux rapports au visible et au lisible dans la culture écrite.
Le territoire est aussi et surtout une affaire de communication. Telle est l'idée force de cet ouvrage, qui mêle deux préoccupations centrales: montrer comment la communication telle qu'elle s'entend comme fonction sociale, avec ses réseaux et ses dispositifs médiatiques, participe du façonnement des territoires; expliquer comment la communication, entendue comme discipline scientifique, contribue, en lien avec d'autres disciplines, à discuter, éclairer et préciser un concept à fondement géographique.À l'encontre d'une conception étroitement institutionnelle et fonctionnaliste du territoire (qu'il s'attache à mettre en perspective et à déconstruire), l'ouvrage défend une approche résolument de registre anthropologique, phénoménologique et culturel. S'il met l'accent sur l'importance de considérer la dimension symbolique et, de là, les "imaginaires territoriaux", il en vient plus particulièrement à montrer le rôle du discours pour faire advenir le territoire à la reconnaissance et, partant, à l'existence.
Learning centres, bibliothèques 3e lieu… Dans le contexte de la transition numérique, la bibliothèque n'en finit pas de se réinventer, pour répondre aux attentes de ses usagers, qui sont plurielles et évolutives. Au-delà de gestes architecturaux forts, les nouvelles formes de bibliothèques qui émergent évoluent vers des structures hybrides, offrant un large choix de ressources et de services, dans un cadre convivial, à même de favoriser le " vivre ensemble ".Que disent les pratiques du potentiel novateur des expérimentations en cours ? Viennent-elles en rupture avec les modèles habituellement associés à la bibliothèque ? Ou bien s'inscrivent-elles dans le prolongement de l'existant, tout en élargissant l'horizon des possibles ?Ces questions sont traitées, à partir d'une entrée par l'espace, en articulant réflexions théoriques et analyse de données. L'objectif est de comprendre comment opèrent les transformations et/ou (re)configurations en cours, sur quels éléments elles s'exercent, et quel devenir de la bibliothèque elles dessinent.
Recueillir, sauvegarder et transmettre les connaissances sur les objets et la mémoire des deux guerres mondiales est un travail de médiation que les musées réalisent en collaboration avec des collectionneurs, des héritiers, des donateurs, des témoins…Comment faire découvrir au public les pratiques et les savoirs de ces différents acteurs? Quelles visions sociales, esthétiques et symboliques des objets se transmettent par des choix d'exposition qui relient les objets aux hommes?Les auteurs de cet ouvrage explorent différentes pratiques de témoignages oraux accompagnant l'exposition des objets et s'intéressent aux dispositifs audiovisuels et numériques valorisant l'expérience d'anciens résistants, collectionneurs, héritiers d'objets. Ils proposent différentes analyses permettant à un large de public d'appréhender les traces des guerres comme incarnation d'expérience humaine.
Comme d'autres administrations, la Protection Judiciaire de la Jeunesse a connu une mue dans la période récente (2003-2011). Des changements conséquents proviennent de la volonté de manager cette administration et de répondre aux évolutions des lois concernant la Justice des mineurs sous la Présidence Sarkozy.Nous cherchons à mesurer les incidences de ces transformations sur les modes d'écriture professionnelle et d'action éducative. Les rapports des professionnels de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, destinés aux magistrats et insérés dans un processus d'aide à la décision, sont-ils affectés par ce mouvement de transformation ? Leur étude, objet principal de ce livre, participe à une anthropologie de l'écrit.
L'espace public entre communication et imaginaire territorial
Comment se tissent les liens entre médias et territoires ? Comment les médias contribuent-ils à la production d' " imaginaires territoriaux " ? En quoi les discours médiatiques façonnent-ils des représentations spatiales et entretiennent-ils des rapports (pragmatiques, affectifs, historiques, fantasmés…) aux lieux dont ils parlent, jouant ainsi un rôle de médiation essentiel ? Quelle part les politiques et stratégies des collectivités territoriales relatives à l'espace public local prennent-elles dans la structuration de ces imaginaires ?Ces questions sont traitées, ici, sous l'angle des permanences et des diverses formes de continuités que les pages du journal, les émissions de télévision, les rubriques des sites proposent – à travers textes, photographies, vidéos… – des lieux représentés. Elles sont également abordées à partir des mutations importantes que des modèles informationnels émergents impulsent en matière de mise en visibilité et de valorisation territoriales.Il s'agira, par ailleurs, d'envisager la question de la gestion, par les institutions locales, de ces productions symboliques que sont les identités territoriales, dans un contexte où les formes de l'engagement public et les logiques de communication institutionnelle sont, elles-mêmes, en constante mutation.Cet ouvrage s'adresse aux chercheurs et étudiants en sciences de l'information et de la communication, en sciences politiques et en géographie mais aussi en histoire, en sociologie et en anthropologie ainsi qu'aux professionnels intéressés par la question du rapport entre communication et territoires.
La médiation de l'information dans L'Hebdo du Médiateur
L'analyse de l'opération de médiation comme construction d'un espace de débat sur la conception et la réception de l'information télévisée est le fil conducteur de cet ouvrage qui tente, à partir de la mise en place de L'Hebdo du Médiateur sur France 2 en 1998, d'éclairer la genèse de ce projet, la nature du dispositif qui le formalise, la place du médiateur qui en assure la mise en oeuvre.À partir d'un corpus d'une année d'émissions, l'auteur envisage les formes, les modalités et les points d'application, spécifiques ou récurrents, de cette relation renouvelée au(x) public(s).Ce qui se joue, dans la médiation, comme ajustements, comme régulations entre les partenaires de l'échange concernant l'information : de sa production à sa compréhension, des choix qui président à sa conception à ceux qui conduisent à son interprétation... Tels sont les axes de questionnement autour desquels ce livre s'organise pour identifier la médiation comme espace discursif où peuvent venir s'expliciter l'activité interprétative du téléspectateur face à l'information et les représentations journalistiques du rôle de l'information télévisée, de sa place dans la société...Entreprise de négociation du sens des images et des discours médiatisés en même temps qu'expression argumentée de reproches, de griefs considérés comme nécessaires à une qualité accrue de l'information de service public, la médiation apparaît comme un carrefour particulièrement symptomatique des formes de questionnement à partir desquelles l'information télévisée est regardée.
Analyse d'un discours sur la recherche, l'innovation et la compétitivité 1940-1970
Peut-on faire du " retard français " un objet des sciences sociales ? Oui, à la condition de s'attacher au discours sur le retard et de délaisser la posture évaluative qui conduit soit à la " tardophilie " soit à la " tardophobie ". Depuis le XVIIIe siècle, le discours sur le retard, lié à l'idéologie du progrès, a envahi l'espace public en devenant une rhétorique de l'insuffisance et du changement. L'analyse de cette rhétorique en action permet de rendre compte des multiples significations qui lui sont attachées, des croyances et des représentations associées et de ses évolutions dans le temps. L'analyse du corpus des rapports de la planification des années 1950-1960 en matière de science et de technologie montre comment ce discours a été un élément de la politique scientifique et technologique. Les retards sont définis à travers quatre grands " régimes de normativité ": celui fondé sur l'idée du progrès de la science pour lui-même ; celui fondé sur l'idée d'une interdépendance entre les disciplines scientifiques ou entre la science et la société; celui fondé sur la comparaison géographique et, enfin, celui fondé sur l'objectif administratif ou managérial. Constatant au cours du dernier demi-siècle la montée en puissance du régime de la "géocomparaison", ce phénomène est expliqué par les représentations des élites, l'institutionnalisation de la comparaison internationale et la mise en place d'un dispositif intellectuel qui la sert : les statistiques sur la science et la technologie.
Récrire le théâtre (et Mesguich) en images et en sons
Peut-on filmer le théâtre ? Pourquoi, pour qui, et comment ? Autant de questions décisives abordées ici sous des angles variés à l'heure ou la multiplication et la démocratisation des technologies ne font qu'accroître la demande de contenus et de programmes. Après avoir examiné en détail les potentialités et les contraintes des traces de " captation " et de " recréation ", l'auteur propose une solution originale de multicaptation documentaire, fondée sur un dispositif contextualisé d'enregistrements multiples et différenciés de l'éventail des représentations publiques d'un spectacle. Cela dans une dialogique de contribution significative à la réflexion contemporaine sur l'élaboration d'une mémoire précise et créative du théâtre, et de trace " spectaculaire " à même de répondre aux attentes immédiates du grand public. Cet ouvrage s'adresse aussi bien au chercheur et à l'étudiant en Arts du spectacle et en audiovisuel qu'aux praticiens de ces deux disciplines, en passant par un public curieux de la " fabrication " d'une oeuvre théâtrale, en l'occurrence ici celle de Daniel Mesguich. Il s'adresse également à celui qui souhaite mieux comprendre un vécu professionnel lié à des pratiques audiovisuelles dans l'univers du spectacle vivant. Chemin faisant, cette compréhension s'articule dans un double mouvement de réflexion pour agir sur le terrain, et d'intégration d'un recul critique de cette action. En cela, l'auteur redonne vie à une aventure humaine intense, celle qui lui a permis d'oeuvrer en tant que réalisateur à la création en 1991 du premier pôle vidéo intégré dans une structure théâtrale en France.
C'est à une réflexion sur le rapport entre espace graphique et pensée visuelle que nous incite cet ouvrage. En quoi les dispositifs graphiques orientent-ils la lecture et l'interprétation des documents écrits (images et textes) ? Comment l'attention du lecteur est-elle captée, comment sa mémoire est-elle sollicitée par une maquette ? Les rectangles de la page (pavés, cadres, bordures...) marquent des séparations, des catégorisations, des mises en relation entre les unités qui la composent. La compréhension du texte s'inscrit dans une phénoménologie de la communication où le corps du lecteur joue un rôle. Cette dimension psychologique se double d'une dimension culturelle : la dynamique des inférences opérées par le lecteur articule les signes sur leur contexte à la fois visuel et social. L'expérience toujours unique du lecteur se nourrit en permanence au répertoire de la Communauté. L'espace du texte, dans son organisation hiérarchique, devient ainsi mode de régulation des discours et enjeu de pouvoir. A partir de nombreux exemples, l'auteur propose une méthode d'analyse sémiotique et pragmatique des documents pour évaluer leur lisibilité. Par sa démarche, elle questionne les approches purement linguistiques de la lecture et de son apprentissage. L'ouvrage, abondamment illustré, concerne étudiants et chercheurs qui s'intéressent à la dimension visuelle de la pensée. Les professionnels de la communication (maquettistes, publicitaires...) y trouveront des pistes de réflexion sur leur pratique. Plusieurs chapitres s'attachent en particulier à la rhétorique visuelle des messages publicitaires. Enfin, les enseignants y puiseront des éléments pour mieux traiter les difficultés de leurs élèves et améliorer les documents pédagogiques.