Dans cet essai philosophique, Robert Klein s'attelle à une question majeure de l'éthique, celle du fondement de la responsabilité. Selon une logique aussi inédite que déroutante, l'auteur, en liant étroitement histoire de l'art et phénoménologie, convoque tour à tour théorie du droit, herméneutique et psychanalyse pour affirmer que la responsabilité se fonde dans le cogito, face au tribunal de la conscience. S'ils ne sont pas explicitement mentionnés, on devine les spectres de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah dans ce texte, écrit vers 1960 et précédant de peu les grands procès des responsables nazis. Klein, ce " "juste", à qui le repos de la bonne conscience était spécialement interdit ", comme le définit son directeur de thèse et collaborateur André Chastel, était jusqu'ici surtout connu pour ses textes d'histoire de l'art. Cette étude révèle la profondeur de sa pensée philosophique et permet de comprendre la continuité qu'il a toujours ménagée entre éthique et esthétique.
Gertrud Bing collabore à partir de 1921-1922 avec Aby Warburg à Hambourg. En 1933, elle organise le déménagement de l'Institut Warburg à Londres. En 1955, elle prend la direction du Warburg Institute. Lorsqu'en 1958, elle décide de réaliser une biographie d'Aby Warburg. L'ouvrage présente toutes les archives inédites de ce projet de bio interrompu.
L'art selon Aristote et les théories des arts visuels au XVIe siècle
Au milieu du XXe siècle, Robert Klein s'est attelé à une tâche immense: repenser l'art et son histoire à partir de la notion aristotélicienne de technè. Loin d'être réductible à la représentation ou à la production du beau idéal, l'art est manière de faire, habitus ou disposition à produire selon une " droite raison " (recta ratio). Dans L'Esthétique de la technè, cette thèse placée sous la direction d'André Chastel et restée jusqu'à ce jour inédite, Klein montre de quelle façon cette conception artificialiste de l'art irrigue l'essentiel de la pensée et de la production artistique du XVIe siècle. L'œuvre maniériste, qu'il s'agisse d'une sculpture " terrible " de Michel-Ange, d'un tableau " capricieux " d'Arcimboldo ou d'un bronze " virtuose " de Cellini, a pour finalité de susciter la stupeur et l'émerveillement, conduisant le spectateur à s'interroger sur les procès techniques (alliance d'intelligence et d'habilité manuelle) qui l'ont fait advenir sous cette forme. En mettant ainsi l'accent sur le comment, Klein conteste le privilège de l'idée sur les moyens et offre une vision " aristotélicienne " de la Renaissance bien différente de celle, essentiellement néoplatonicienne et idéaliste, à laquelle on la réduit encore trop souvent.