Avec L'Usage des plaisirs et Le Souci de soi, Michel Foucault reprend, après huit ans de silence, le fil interrompu d'une histoire de la sexualité. Entre-temps, toutefois, le projet a changé profondément: il ne s'agit plus seulement d'étudier les concepts et les normes qui règlent la sexualité, mais aussi les formes et les modalités du rapport à soi par lesquelles les individus se constituent et se reconnaissent comme sujets. La première réception des deux ouvrages témoigne ainsi d'un double étonnement: la découverte d'un nouveau registre de la pensée foucaldienne qui se tisse autour de la subjectivation et l'inexistence, dans les sociétés anciennes, d'une " sexualité " comme ensemble de pratiques humaines définissant l'identité homosexuelle ou hétérosexuelle.
C'est avec La Volonté de savoir (1976) que Michel Foucault entame le projet d'écrire une histoire de la sexualité. Ce premier volume, court, incisif, programmatique, traite d'un sujet hautement polémique dans la société française de l'après-1968 où l'émancipation sexuelle apparaît alors comme l'ultime et décisif combat. Comment, depuis le XIIe siècle, la sexualité est-elle devenue dans nos sociétés occidentales un enjeu de pouvoir, mais aussi un instrument de subjectivation ? C'est par un détour historique que Foucault en arrivera à remettre en cause l'idée de l'hypothèse répressive et son corollaire, celle de la libération du sexe. L'Occident, loin d'avoir censuré la sexualité, l'a inventée de toutes pièces.La réception de l'ouvrage porte la trace de ce questionnement du philosophe : sexe et politique, identité sexuelle, plaisir et désir, construction du genre, dispositif de sexualité… voici quelques-uns des thèmes qui sont mis en avant dans les très nombreuses lectures, venant aussi bien de théoriciens que de militants qui ont suivi la publication de l'ouvrage. Un livre de Foucault qui, comme les autres, est venu heurter les schémas de pensée qui avaient jusque-là dominé les analyses de la sexualité et les luttes de libération sexuelle.
Depuis la publication de Folie et Déraison. Histoire de la folie à l'âge classique de Michel Foucault en 1961, ce livre n'a pas cessé d'être au centre de réflexions historiennes, sociologiques, psychologiques et philosophiques concernant la question de la folie et de la déraison. Cette histoire de la folie qu'on enferme, du Moyen Âge au XIXe siècle, histoire devenue un classique après cinquante ans, annonce une grande partie des autres ouvrages de Foucault, dont Naissance de la clinique et surtout Surveiller et Punir en 1975. Réflexion sur la déraison, ce livre est sans doute le questionnement le plus radical du philosophe sur la manière dont notre société se reconnaît et s'exprime au travers du malade qu'elle enferme et définit comme fou. Un livre qui ne laissa pas indifférent en France, de Fernand Braudel à Roland Barthes, de Henri Ey à Marcel Gauchet ou Robert Castel, et à l'étranger avec Lawrence Stone ou Dirk Blasius.
Surveiller et Punir est le premier ouvrage que Michel Foucault réalise en parallèle à son enseignement au Collège de France. Hors de l'amphithéâtre, la présence du philosophe est, au début des années 1970, moins sur les tables de librairies que dans l'actualité, en particulier avec le GIP (Groupe information prison). De fait, l'intellectuel participe à de nombreux combats. Son grand " livre des peines " a un succès immédiat, réson- nant avec une actualité politique et sociale encore fortement marquée par les événements de 1968. Un succès qui réside dans la capacité de Michel Foucault à tenir ensemble, et pour la première fois, un travail de la pensée et une attention au contemporain relevant d'une " histoire du présent ". Plus de trente ans après la publication de Surveiller et Punir, on peut mesurer la manière dont les principaux concepts forgés par Michel Foucault, comme ceux de discipline, de panoptisme ou d'illégalisme, ont fini par s'imposer dans les sciences humaines. Cela montre aussi la formidable actualité de Michel Foucault pour penser notre présent.
C'est en pleine effervescence structuraliste qu'intervient en avril 1966 la publication de l'ouvrage de Michel Foucault, Les Mots et les Choses. Un livre événement, devenu un classique traduit dans plusieurs langues et maintes fois réédité par les éditions Gallimard. Avec cet opus, Foucault cherchait à ouvrir un champ nouveau de la philosophie. Personne, d'ailleurs, ne resta indifférent à ses principales conclusions et, pour quelques mois, il focalisa l'attention de nombreux experts " de la philosophie et des sciences humaines comme Georges Canguilhem, Michel de Certeau, Jean-Paul Sartre, Gilles Deleuze... Quel fut le contexte exact de l'émergence de cet étrange objet ? Qui le salua ? Qui s'opposa à la fameuse thèse de la mort de l'homme ? Comment le philosophe lui-même fit-il retour sur ce livre qui avait pour objectif de produire une archéologie des sciences humaines ? Voici quelques-unes des nombreuses questions que ce dossier de presse aborde à la veille du tournant de la fin des années 1970.Textes choisis et présentés par Philippe Artières, Jean-François Bert, Philippe Chevallier, Pascal Michon, Mathieu Potte-Bonneville, Judith Revel, Jean-Claude Zancarini.Avec une lettre inédite de Michel Foucault en réponse à l'article de Michel Amiot paru dans Les Temps modernes en janvier 1967.