Comme son prédécesseur Géographies anglo-saxonnes, paru en 2001, ce volume entend donner des clés de compréhension de courants marquants de la géographie anglophone, qui n'a cessé depuis le début de ce siècle de s'étendre et se renouveler.Les auteur·e·s présentent en sept chapitres thématiques des questions peu développées ou développéesdifféremment dans le contexte francophone, et les illustrent par des traductions de textes, sur la responsabilité des chercheur·e·s, l'échelle, les nouvelles approches en géographie économique, les méthodologies et épistémologies féministes, le tournant matériel, les théories non-représentationnelles et les enjeux identitaires.Les géographies anglophones dont ce volume donne un aperçu sont parmi les plus internationales qui soient, irriguées par des contributions du monde entier. Soucieuses de théorisation, elles le sont aussi deleurs impacts sur le monde réel, et ne se prétendent pas apolitiques. Elles se sont saisies de débats vifs comme ceux sur l'intersectionnalité, les nouveaux atours du capitalisme, le féminisme, l'éthique… et leur ont fait place dans leur pratique de la discipline. À ce triple titre, elles intéresseront les jeunes géographes en formation comme les chercheur·e·s plus chevronné·e·s, qui y trouveront des perspectives pertinentes sur leur place dans la société et dans le monde et le rôle que peut y jouer une géographie engagée et qui dialogue sur un pied d'égalité avec l'ensemble des sciences humaines et sociales.
Cet ouvrage propose une perspective originale sur le droit à la ville, à la fois objet de recherche, étendard des luttes contre le néolibéralisme, et instrument de gouvernement. Dans la perspective du tournant sudiste (Southern turn) en études urbaines, il donne à voir la démultiplication des appropriations de la notion de droit à la ville par des chercheurs spécialistes des questions urbainesau Sud. Il ressort que le droit à la ville rime aujourd'hui fortement avec une demande d'inclusion économique, sociale et spatiale dans la société urbaine, voire une demande de droit à " êtregouverné ". Dans le prolongement des travaux inspirés par la notion de citadinité, le droit à la ville est donc exploré ici en tant que programme critique pour interroger la dimension politique d'expériences citadines.Écrits par des auteurs issus des pays du Nord ou du Sud, en anglais ou en français, les textes rassemblés offrent des analyses portant sur douze villes du Sud et sur trois continents, mettant ainsi en lumière la grande diversité des demandes de droits formulés en rapport avec la conditionurbaine. Chaque contribution repose sur des études empiriques qui permettent d'ancrer la réflexion dans l'observation des pratiques concrètes des citadins et des modalités de leurs rapports à l'État.En reliant expériences quotidiennes, attentes ou demandes de reconnaissance des citadins par l'État et rationalités de gouvernement, cet ouvrage souhaite ainsi contribuer à renforcer la portée analytique du droit à la ville, au Sud comme au Nord, dans une perspective à la fois émancipatrice et concrète.
Lire les territoires à la lumière de la philosophie morale de John Rawls
Dans le monde actuel marqué par de violentes inégalités, la philosophie morale de John Rawls aide-t-elle à répondre aux questions urgentes posées à nos sociétés et offre-t-elle une grille de lecture pour interpréter les territoires? Oui, car si elle ne parle pas d'espace, la Théorie de la Justice tire de sa démarche abstraite et de son énonciation rationnelle sa capacité à dire l'universel tout en respectant les identités, et à qualifier les disparités territoriales induites par le développement. Il n'existe pas de territoire juste parce qu'il n'existe pas de société humaine pleinement juste, mais il est des situations plus ou moins injustes: comprendre ces configurations est une étape nécessaire pour produire plus de justice.L'analyse examine donc la portée géographique des principes rawlsiens. C'est d'abord le principe du maximin - la maximisation du minimum - qui vise l'amélioration la plus forte possible du sort des plus modestes. C'est ensuite le principe d'égalité des partenaires sociaux pour ce qui est de leur valeur d'existence. Le maillage politico-administratif doit alors être interrogé: son dessin est-il fait pour garantir la démocratie et l'exercice égal des droits des citoyens? C'est enfin le principe de réparation de l'injustice. Son application géographique est l'aménagement conçu comme la mise en cohérence du territoire avec un projet de société plus juste. Le socio-spatial implique en effet que l'on puisse agir indirectement sur les hommes en agissant directement sur les lieux. La tâche est complexe et les risques sont grands, mais le concept de justice spatiale peut guider la réflexion et l'action.
La compétitivité, un horizon incontournable de la ville? Aucune ville n'y est en tout cas insensible, ni les favorites des classements internationaux, ni celles ne pouvant prétendre qu'à une place régionale, ni même les autres, reléguées de la hiérarchie mondiale mais impatientes de faire bonne figure. Cet ouvrage a précisément pour objectif d'interroger une telle unanimité. Que signifie au juste ce terme de " compétitivité " dont toutes les villes usent voire abusent? Comment se fait-il que les autorités des villes les plus pauvres de la planète, pourtant incapables de concourir, se laissent prendre elles-mêmes à ce discours? Quelle place accorder à un " impératif " de compétitivité dans le fonctionnement des villes et particulièrement des métropoles, en regard des autres enjeux urbains, notamment de justice sociale et de justice spatiale? Qui dit la ville compétitive, qui la construit idéologiquement et matériellement? Cet ouvrage tient toute sa place dans les débats contemporains sur l'urbain: il a pour ambition de démontrer que c'est bien à la lecture de la tension entre compétitivité et justice, entre enjeu économique et enjeu social, que l'injonction à la ville compétitive et ses conséquences spatiales méritent d'être déconstruites.
La justice spatiale est l'horizon de la plupart des politiques territoriales et demeure un levier politique essentiel. Cet ouvrage interroge sous cet éclairage les rapports entre territoires, actions publiques et inégalités. L'influence de la justice spatiale est telle que l'aménagement du territoire et la recherche de la justice spatiale ont été considérés comme équivalents. Cela n'ôte rien à la complexité des questions sur les objectifs des politiques publiques à conduire. Force est de constater également que l'essor du libéralisme économique globalisé et les mutations à l'œuvre dans l'action publique contemporaine ont modifié les paradigmes, les acteurs et les modalités d'action.Poser le problème du sens et du bien-fondé de la territorialisation des politiques, c'est aussi engager une réflexion sur les arbitrages, les articulations et les possibles contradictions entre justice structurelle et justice procédurale. Elles semblent bien toutes deux avoir pour conséquence – volontaire ou non – une plus forte " territorialisation ", mais selon des modalités très différentes. Plus fondamentalement encore, réfléchir aujourd'hui sur l'idée de politique territoriale juste, particulièrement dans le domaine urbain, suppose de questionner la notion même de justice spatiale.
Alors que depuis quelques années, une réflexion s'est développée sur le concept de justice spatiale, cet ouvrage a pour ambition de contribuer au renouveau des analyses portant plus spécifiquement sur les liens entre ségrégation urbaine et justice, en favorisant les échanges scientifiques entre chercheurs issus d'horizons disciplinaires, géographiques et culturels variés. Il vise également à apporter des éléments nouveaux permettant d'éclairer les politiques urbaines qui, dans de nombreux pays, annoncent haut et fort vouloir remédier à la ségrégation parce qu'elle serait injuste par définition.Issus de l'atelier " Justice spatiale et ségrégation " du colloque international " Justice et injustices spatiales " qui s'est tenu à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense en avril 2008, les textes rassemblés dans ce volume explorent ainsi plusieurs grandes questions : toute division socio-spatiale de l'espace – urbain en particulier – est-elle injuste ? Quels sont les processus qui produisent de la ségrégation et en quoi sont-ils injustes ? Les situations de ségrégation produisent-elles des effets injustes (les effets de lieu par exemple) ? Symétriquement, l'objectif de la mixité socio-spatiale, souvent implicitement donné comme l'idéal de la ville juste, ne mérite-t-il pas d'être questionné ? Enfin, la prise en compte de la mobilité n'impose-t-elle pas de repenser les relations entre justice et ségrégation ?
Les crises écologiques, les politiques pour les contrer, la croissance des inégalités résultant de la mondialisation et des politiques libérales ont revitalisé la notion de justice environnementale. Cette notion veut comprendre les interrelations entre les inégalités sociales et l'environnement : quel environnement, où, et pour qui ?Des chercheurs se sont emparé de ce concept d'origine nord-américaine, alors peu connu dans le champ académique français, pour jeter un regard neuf et critique sur les politiques environnementales. S'attachant à décrypter des situations d'échelle locale, régionale ou globale en observant aussi bien des espaces urbanisés du Nord que des espaces ruraux du Sud, ils examinent la mise en œuvre du développement durable, la protection contre les risques naturels, les opérations de rénovation urbaine ou d'implantation d'équipements polluants, la gestion des bassins hydrographiques, l'accès au foncier ou encore les aires protégées.Les analyses en termes de justice environnementale mettent en évidence un certain nombre de contradictions entre les dimensions sociales et environnementales des politiques menées au nom de la protection ou de l'amélioration de l'environnement et permettent d'en imaginer de plus justes.
Le débat sur la justice et l'injustice est central et urgent dans les sociétés démocratiques, et la justice sociale est l'horizon de la plupart des politiques d'action sur les territoires. Mais le doute sur les grands récits explicatifs du monde a conduit souvent à relativiser tout discours sur la justice. Ce processus est renforcé par l'émergence de mouvements sociaux divers (féministes, écologistes, anti-racistes...) et par le développement du multiculturalisme : en un même lieu et au même moment se confrontent des acteurs qui ont des conceptions différentes du " juste " et de " l'injuste ". Dans le même temps certains discours ultra-libéraux se passent de plus en plus de la notion de justice sociale. C'est dans ce contexte que se placent les auteurs réunis ici pour interroger spécifiquement la dimension spatiale de la justice sociale. Celle-ci peut être aussi présentée comme l'acceptation de la différence et donc conduire à prôner une politique territoriale attentive aux droits des groupes et une définition procédurale et non plus structurelle de la justice ; de ce point de vue la question des identités et des minorités est d'une actualité brûlante...