Le patrimoine collectif est aujourd'hui un enjeu pour les pouvoirs publics et pour le mouvement associatif, parce qu'il suppose la reconnaissance officielle d'un ensemble élargi et hétérogène, par définition jamais achevé, de "biens culturels" meubles et immeubles, matériels et symboliques, monumentaux et environnementaux, dont l'existence est établie pour rappeler le poids du passé dans la formation historique de la nation et dans la construction d'une responsabilité collective à l'égard de l'avenir. L'État s'érige en héritier légitime de la chaîne des générations qui ont formé la nation, en prenant possession de biens culturels jugés représentatifs et en les transformant en vecteurs de l'unité nationale. En deçà de cette vision évolutive du processus d'étatisation, se poursuit de manière plus souterraine l'alternance du travail de la mémoire et de celui de l'oubli, parfois la lutte entre les deux. Elle débouche dans le conflit des interprétations dont tout patrimoine culturel est l'objet, et que les acteurs concernés, au niveau national ou au niveau local, considèrent comme la condition première de sa légitimation et de sa valorisation. Le titre de l'ouvrage voudrait traduire cette dynamique en évoquant l'entrelacement du patrimoine en train de se dire (l'ordre du concept en des langages multiples, celui des médias comme ceux de la communauté scientifique) et du patrimoine en train de se faire (auprès des décideurs économiques, des entrepreneurs culturels et des acteurs politiques).
Objectifs et moyens. Colloque, Maison des sciences de l'homme d'Aquitaine, juin 1993
Une première partie reprend les contributions du colloque organisé en juin 1993 ; acteurs de la mise en œuvre et de l'évaluation du RMI au plan national, commanditaires locaux, évaluateurs, décideurs apportent leurs réflexions sur les moyens de l'évaluation du RMI et, plus généralement, des politiques sociales et témoignent des problèmes méthodologiques, techniques, organisationnels, relationnels auxquels ils ont été confrontés au cours de leurs expériences diverses. La seconde partie de l'ouvrage est consacrée à trois textes (provenant de chercheurs du Centre d'étude et de développement des applications des sciences sociales/CEDAS) offrant un éventail de réflexions sur les objectifs et les moyens de l'évaluation des politiques sociales.
Dynamiques institutionnelles et patrimoine linguistique
Concernée par le basque et l'occitan, l'Aquitaine constitue un point d'observation privilégié des aides institutionnelles en faveur des langues régionales. Cette attitude volontariste récente, également présente dans d'autres régions françaises, intervient à un moment critique que souligne une actualité fournie en interrogations sur leur survie, voire leur retour à la vie, et mérite d'être évaluée dans sa teneur et ses tendances. Les différentes contributions sont regroupées en deux grandes parties : Axes pour un développement institutionnel (Les règles du jeu ; Normes et promotion ; L'acquisition) ; Resocialiser les langues minorisées : l'exemplarité des médias audiovisuels (Contexte d'émission ; Le contenu : l'exemple télévisuel).
À la fin de l'Ancien Régime, la question des subsistances est au centre des préoccupations quasi quotidiennes de la vie révolutionnaire bordelaise. À partir de leur compilation des archives municipales et départementales, les auteurs défendent la thèse que la question sociale et économique est indispensable dans l'appréhension de ce que fut la Révolution à Bordeaux. Avec la Révolution les mesures sociales deviennent un enjeu politique. Si la Révolution ne s'est pas faite au profit des pauvres, elle a néanmoins posé la question des devoirs de la société envers ceux-ci ainsi qu'envers tous les exclus du monde du travail. Elle interroge la société sur l'obligation qu'elle a de fournir les moyens d'existence pour tous les citoyens. C'est la même question qui se pose aujourd'hui, deux cent ans après, et que la révolution industrielle ne semble pas avoir résolu.
Un des objectifs scientifiques du colloque dont les contributions sont réunies ici était de susciter un échange sur un thème original abordant le sport sous l'angle des relations sociales et de l'action collective. Les trois entrées choisies — les pratiques, les politiques et le marché — correspondent à des perspectives interdisciplinaires largement ouvertes, mais elles rendent également compte de trois phases de développement du sport qui se sont succédé dans le temps tandis qu'elles se mêlent et se recomposent aujourd'hui. Cette rencontre a permis de définir de nouvelles perspectives de recherche et de confirmer les renouvellements qui s'opèrent dans l'effort déployé en France par les sciences de l'homme et de la société pour asseoir une meilleure connaissance des faits sportifs.
Le système des sports organisés est actuellement en pleine mutation. Le tennis y occupe la deuxième place depuis 1979 et il est aussi le premier sport féminin. Il a connu un développement explosif entre 1975 et 1986. C'est pour évaluer les modalités socio-spatiales de sa diffusion, le renouvellement social des pratiquants et les transformations de l'action sportive au quotidien dans les clubs, que l'ouvrage propose un voyage dans le temps et l'espace tennistique. L'approche historique permet la reconstitution des étapes de cette diffusion tant à l'échelon national que local et montre grâce à des cartes détaillées comment l'on passe en 120 ans, d'un jeu à une pratique banalisée. La typologie socio-spatiale de la pratique du tennis permet de voir ses lieux privilégiés en liaison avec les divers groupes sociaux. Deux enquêtes réalisées à l'apogée de son développement conduisent à vérifier à l'échelon local les composantes de la dynamique associative, le degré de rajeunissement de ce sport et l'étendue de sa démocratisation. Le cheminement à rebours dans le temps et l'exploration de l'espace français sont ainsi complétés par un état actuel des lieux de pratique.
Le surf, comme toute pratique humaine, est révélateur de sens et de signification, et la construction autour de la vague porteuse d'un dispositif scénique qui se réalise sous nos yeux donne à réfléchir à trois tendances majeures de cette fin de siècle : l'individuation (qui se distingue de l'individualisme qui est repli sur soi) ; l'émergence de nouvelles territorialités ; et les discours énonciateurs repris par les médias, les pouvoirs et les agents économiques. En déplaçant l'analyse sur des pratiques individuelles, les auteurs mettent en lumière un processus symbolique d'individuation territoriale fondé sur la diversité des modalités de pratiques et les agrégations sociales éphémères.