Aux XIXe et XXe siècles, la question d'un inventaire du monde a été posée en Occident de manière nouvelle, par la création de musées à prétention universelle, par l'organisation d'expositions universelles après 1850 et par l'écriture d'histoires universelles universitaires après 1870. Conservateurs, organisateurs d'expositions et historiens furent confrontés au même problème méthodologique: structurer des corpus d'objets ou d'informations provenant potentiellement de toutes les époques et de tous les lieux du globe. Jusqu'ici, l'impact réciproque des réflexions historiographiques et muséologiques en relation avec l'universalité n'a guère été étudié, pas plus que les processus par lesquels le temps et l'espace sont matérialisés dans les collections muséales. Cet ouvrage se propose d'aborder ces thèmes en étudiant la genèse des musées universels, les différentes perspectives sur l'universalité et les divers types d'universalités muséales entre " centre " et " périphéries ". Il analyse ainsi les modèles eurocentriques qui ont longtemps perduré, malgré l'apparition depuis 30 ans de nouvelles conceptions liées à la globalisation.
Depuis l'époque des cabinets de curiosités jusqu'à l'affirmation des Académies, la figure de l'amateur de l'époque moderne a joué un rôle important dans la construction des savoirs aux côtés des institutions. Aujourd'hui, face au nouvel essor de l'amateur 2.0, les institutions culturelles redécouvrent cette figure et cherchent de nouvelles solutions de médiation participative pour orienter son énergie vers l'enceinte des musées, des archives, des bibliothèques…Si l'amateur participe au fil des siècles à l'avancement et à la diffusion des connaissances en complémentarité des institutions et si, aujourd'hui, il redevient acteur sur la scène culturelle, son profil et son rôle méritent un nouvel approfondissement. Cet ouvrage collectif se lance un double défi: l'un historiographique, l'autre de terrain. La première partie vise à tisser les fils rouges entre les siècles autour de cette figure et notamment autour de sa relation avec les institutions, depuis l'activité de l'Académie d'Arcadie à Rome à la fin du XVIIe siècle, jusqu'au glitch au XXe siècle.À la lumière de ces réflexions historiques, la deuxième partie propose une nouvelle lecture pour l'amateur contemporain, en profitant des terrains très riches offerts par le périmètre du Labex Les passés dans le présent. Plusieurs cas d'étude sont présentés pour réinterpréter cette relation entre amateur et institution, et pour relier les phénomènes actuels, ancrés au numérique, à la longue histoire de ce rapport, bien loin d'être linéaire.
Le patrimoine culturel recouvre une réalité complexe. Il capte l'ensemble des problématiques de son époque. Il est le lieu où ne cessent de s'articuler des enjeux normatifs, sociaux, politiques, épistémologiques, où se reconfigurent en permanence les rapports entre passé, présent et futur et où les échelles varient, du local au global. L'ère numérique, avec les transformations qu'elle induit dans les processus de patrimonialisation comme dans l'étude des patrimoines, accroît cette complexité tout en appelant de nouveaux regards critiques.Telle est la perspective du présent ouvrage, qui déplie et déploie deux grandes thématiques. Il aborde d'abord les historicités, les spatialités et les reconfigurations temporelles du patrimoine, puis sa production sociale et enfin les médiations, appropriations et ressentis auxquels il donne lieu. Il traite ensuite de l'articulation entre matérialité, immatérialité et dématérialisation, en étudiant cette dernière et ses effets, l'évolution des connaissances sur la matérialité des oeuvres, les usages du numérique pour l'accès au patrimoine et sa médiation.Nourri d'un travail collaboratif d'ampleur, il met en lumière les nouvelles pollinisations entre le monde académique et les institutions culturelles patrimoniales et l'accroissement qualitatif qu'elles constituent. Il montre également que l'interdisciplinarité, si elle est conçue comme un processus de co-traduction et de co-construction, constitue un formidable levier pour l'avenir de la recherche sur les patrimoines.
Pour lointaine qu'elle soit, la guerre 14-18 a depuis une quinzaine d'années ses espaces de discussion et de publication sur le web, aussi vivants que structurés. Ils sont majoritairement animés par des amateurs, mais aussi par des institutions, en particulier des établissements patrimoniaux (bibliothèques, archives, musées). Ces espaces sont des vecteurs de valorisation de recherches individuelles, mais aussi de formation, d'acquisition de compétences et d'élaborations collectives.Mais comment analyser rigoureusement ces " lieux de mémoire " d'un genre nouveau, alors même que le web semble trop grand pour l'oeil et l'esprit humain? En croisant démarches quantitatives et qualitatives, sociologie et sciences des données numériques, ce livre collectif, fruit d'un projet de recherche de trois ans, propose une démarche inédite et pluridisciplinaire pour appréhender le web français de la Grande Guerre. Il éclaire la manière dont les sources documentaires numérisées circulent et dont les réseaux s'organisent à partir ou autour de ces sources.
Les pertes inouïes de la Grande Guerre ont entraîné la généralisation de pratiques embryonnaires auparavant: individualisation des sépultures, construction de monuments commémoratifs, multiplication des rites. Des chercheurs de nombreux pays étudient les traces de cette rupture majeure, encore largement visible dans les paysages. Tombes, cénotaphes, nécropoles, monuments et mémoriaux en représentent le témoignage matériel et culturel.Anthropologues, historiens, archéologues, spécialistes du tourisme de mémoire, retracent comment a été remémorée ce que l'on croyait être la vision du monde des disparus, du sacrifice au pacifisme. La comparaison internationale et diachronique, de la Seconde Guerre mondiale au génocide du Rwanda, donne toute leur importance à ces sites, au moment où ceux du front occidental belge et français sont candidats à entrer au patrimoine mondial de l'UNESCO. Ces témoins des consciences traversées par le malheur des guerres sont l'espoir de la réconciliation humaniste.
Des mémoires à l'histoire d'une mobilisation collective
Cet ouvrage rassemble des sociologues, des historiens et des politistes pour interroger les mémoires et les usages sociaux de La Marche pour l'Égalité et contre le racisme de 1983. Il propose différents angles pour envisager une sociohistoire de cette mobilisation collective. Les contributions s'appuient sur les apports de la sociologie du militantisme et des mobilisations des groupes minoritaires pour étudier à nouveau frais un évènement et comprendre en quoi il a fait date dans l'histoire de France. Il entend également étudier la construction d'une mémoire de la Marche en lien avec la position sociale de ses porteurs, de ses lieux de production et en fonction des différentes échelles de l'évènement. Ainsi, l'ouvrage interroge certains mythes fondateurs relatifs à l'émergence d'une " génération spontanée " de " Beurs ", qui affirmerait une " nouvelle identité " et qui porterait principalement " des revendications culturelles ". À cette fin, il invite à analyser la réception locale de l'évènement, contribuant à nuancer l'unanimisme dont il a été crédité, ainsi qu'à à étudier les freins rencontrés, les limites de son autonomie politique et, in fine, de ses promesses comme de sa portée. Enfin, le livre constitue un guide pour des enquêtes futures en faisant le point sur l'historiographie et les sources à disposition des chercheurs.
La "mémoire" fait aujourd'hui l'objet d'usages politiques, sociaux et scientifiques, nombreux comme divers. Cet ouvrage en propose une approche originale. Il fait le pari de l'approche croisée à l'échelle locale pour comprendre les dynamiques sociales de la mobilisation du passé dans les sociétés contemporaines. Il met en perspective des recherches portant sur un territoire marqué par une politique municipale forte dans le domaine mémoriel, à savoir la ville de Villeurbanne, avec d'autres terrains d'enquête conduitsailleurs, en France comme à l'étranger.
Cet ouvrage est le fruit d'une rencontre fructueuse entre des chercheurs, des conservateurs, des enseignants-chercheurs et des ingénieurs appartenant à des unités de recherche, des institutions patrimoniales et des bibliothèques. Le postulat de départ est que, dans certaines conditions, les dispositifs éditoriaux et les technologies numériques sont susceptibles d'ouvrir des possibilités inédites dans la construction d'espaces de connaissances partagés dans l'espace public. En articulant des réflexions théoriques, des descriptions d'agencements de ressources et des analyses, c'est la diversité des dispositifs d'édition numérique sur le Web qui est abordée ici. L'accent est mis sur les langages et les technologies du web de sémantique dans la mesure où ils offrent aux établissements culturels et aux unités de recherche une nouvelle opportunité: la création d'un espace culturel partagé, susceptible de favoriser la mise en relation et la libre circulation des objets patrimoniaux et des connaissances qui leur sont associées. Contribuer au web de données ouvert (Linked Open Data, LOD) dans le secteur culturel devient ainsi un enjeu majeur pour la circulation des connaissances scientifiques et patrimoniales dans la société.
Cet ouvrage s'inscrit dans un programme de recherche intitulé "Les nations et l'Europe: deux mémoires en parallèle". Ce programme développé au sein du Labex de l'université de Paris-Nanterre, Les passés dans le présent, a pour objectif l'analyse des relations entre le sentiment national et l'idée européenne depuis la fin du XVIIIe siècle. De l'Europe des révolutions qui ouvre le XIXe siècle, à celle de Maastricht, un dialogue à la fois conflictuel et complémentaire a été poursuivi entre les tenants d'une identité nationale privilégiée et ceux qui ont plaidé en faveur d'un destin commun des peuples de l'Europe.Ce livre s'est alors donné pour objectif d'identifier les forces politiques, les milieux économiques, les groupes de pensée, les personnalités, les milieux culturels qui ont été à la source de ces débats et d'isoler les tournants, les moments de stabilisation, les crises, les conflits qui ont redéfini profondément le jeu de miroir qui s'est progressivement établi entre les nations et l'Europe. Ceux et celles qui ont participé à cet ouvrage ont voulu comprendre comment se sont construites par étapes, une mémoire des nations et une mémoire de l'Europe, comment se sont différenciées, au sein même des nations et de l'Europe, des mémoires concurrentes des régions; comment encore, ces mémoires ont été convoquées sur la scène politique. Cette recherche a eu enfin pour ambition d'alimenter un débat d'actualité sur la place occupée par le sentiment national et l'idée européenne dans un paysage de crise où les deux identités sont à l'épreuve.