Une intrusion masculine dans un domaine féminin (1750-1850)
En septembre 1850, Élise Bovay, une jeune domestique de 23 ans, comparait devant un tribunal pour infanticide après la découverte du corps d'un nouveau-né au fond de la cave de son père. En filigrane de la situation de cette jeune femme du milieu du xixe siècle, c'est toute l'évolution de l'encadrement autour de la femme lors de son accouchement qui est représentée.Cet ouvrage est une plongée dans le quotidien des femmes – matrones, sages-femmes et filles-mères – et leurs rapports au corps, à l'intime et à une société fortement attachée aux moeurs. En écho aux débats actuels sur la place des femmes et de leurs aspirations légitimes à pouvoir userde leur corps librement, ce livre fait ressurgir un passé résolument actuel.Alors que traditionnellement, l'accouchement était un acte essentiellement féminin, encadré par des matrones et des voisines, qui permettait aux femmes de la communauté de se retrouver et d'échanger, il se met en place une nouvelle politique de contrôle des naissances au cours du xixe siècle.Par crainte d'une dépopulation, les autorités régionales mettent en place un encadrement législatif et une formation professionnelle de sages-femmes dans le but de sauver les femmes en couches et leurs nouveau-nés.L'homme prend le contrôle des naissances et la sage-femme devient un agent de surveillance pour les autorités qui dénonce les grossesses et les accouchements illégitimes. Cette nouvelle position rompt les rapports jusqu'alors privilégiés qui existaient dans le monde des accouchements. Lesfilles-mères, enceintes sans être mariées, en sont les premières victimes.
Convoyer une rançon dans la France de la guerre de Cent Ans
Le 10 septembre 1419, sur le pont de Montereau, au confluent de la Seine et de l'Yonne, Jean sans Peur, duc de Bourgogne, est assassiné par de proches conseillers du dauphin Charles. Étant donné l'importance politique de la victime et de ses meurtriers, les conséquences de cet acte pèseront sur l'histoire dynastique et politique de la France. Mais, ce jour-là, d'autres hommes sont victimes des gens du dauphin. Ainsi, le jeune Jean de Fribourg, fils du comte de Neuchâtel, qui faisait partie de la suite de Jean sans Peur comme écuyer, est épargné, mais emmené en captivité. Afin de le sauver, il faut négocier une rançon. Le comte de Neuchâtel envoie des représentants qui traversent la Franche-Comté, la Bourgogne, la Champagne et l'Ile-de-France pour finalement arriver à Paris où la rançon sera versée.À leur retour, ils doivent rendre des comptes à leur seigneur; c'est pourquoi l'un d'entre eux a pris des notes tout au long de leur voyage et, une fois rentré, rédige un livre de compte. Grâce à cette source, qu'elle a éditée et traduite, Anne-Laure Souissi-Sans a su évoquer les acteurs de ce périple et leur vie quotidienne à travers les diverses facettes de la vie sociale, politique et économique, pour faire revivre sous les yeux du lecteur les aléas de ce voyage
Réécrire l'histoire pour devenir suisse: sur les traces d'un faussaire du XVIIIe siècle
Les Neuchâtelois sont-ils suisses depuis toujours? Oui, répond la Chronique des Chanoines, témoignage de l'histoire médiévale de Neuchâtel. Un texte devenu si populaire sous la jeune République neuchâteloise issue de 1848, à la recherche de mythes fondateurs pour affirmer son identité helvétique, que lorsque l'historien Arthur Piaget remet son authenticité en cause en 1895, cela lance un véritable scandale. Mais pourquoi cette mystification?Ce livre est une plongée dans les papiers personnels du redoutable faussaire à l'origine de ces textes: Abram de Pury (1724-1807), proche ami de Rousseau, conseiller d'État tumultueux et disgracié suite à un conflit au sujet de la fiscalité du Pays de Neuchâtel.À la recherche de ses méthodes de travail, l'auteur entraîne le lecteur à la découverte des impressionnantes recherches du faussaire, sa mise en place minutieuse d'un réseau de textes apocryphes se soutenant les uns les autres, brouillant les pistes par de subtils artifices de mystification littéraire. C'est aussi l'occasion de comprendre les motivations du personnage et de relier cette vaste entreprise à un contexte et à une orientation politique bien précise: l'inclusion de Neuchâtel dans le renouvellement d'alliance franco-suisse en 1777. En effet, il s'agit pour Abram de Pury de défendre le caractère suisse de Neuchâtel et de tenter de rapprocher la Principauté du Corps helvétique par la mise en scène d'une histoire où les Neuchâtelois ont participé aux grands événements de la Suisse. On s'aperçoit également de l'existence d'un parti politique pro-helvétique au sein de l'élite neuchâteloise de la fin du XVIIIe siècle, oeuvrant en marge des instructions reçues du Roi de Prusse.On ne savait plus que croire. Ce livre permet de faire la part du vrai et du faux dans l'ancienne histoire neuchâteloise.
La société de Belles-Lettres apparaît à Neuchâtel en 1832. Ayant pour but à sa création de réunir les étudiants royalistes, elle se distancie rapidement de la politique pour devenir un complément à une éducation supérieure défaillante. Au sortir de la Première Guerre mondiale, cette société d'étudiants s'investit activement dans la vie culturelle neuchâteloise. Alors que la société fête son 125e anniversaire, aux alentours de 1957, elle cesse toutes ses activités publiques.Quelles étaient les motivations de ceux qui rejoignaient une société d'étudiants? Que faisaient-ils lors de leurs réunions? Comment ce petit groupement d'étudiants se distingua-t-il durant une quarantaine d'années avant de se replier sur lui-même? Voici quelques questions auxquelles ce livre tente de répondre, en suivant dans leurs premiers pas de jeunes étudiants, souvent promis à de brillantes carrières, tels que Denis de Rougemont, Eddy Bauer et bien d'autres