En 1954 paraît en traduction française Le Rêve et l'Existence du psychiatre suisse Ludwig Binswanger, accompagné d'une introduction de Michel Foucault. Le philosophe y annonce un " ouvrage ultérieur " qui " s'efforcera de situer l'analyse existentielle dans le développement de la réflexion contemporaine sur l'homme ". Foucault ne publiera jamais ce livre, mais il en a conservé le manuscrit ici présenté. Il y procède à un examen systématique de la " Daseinsanalyse", la compare aux approches de la psychiatrie, de la psychanalyse et de la phénoménologie, et salue son ambition de comprendre la maladie mentale. Cette démarche l'accompagne dans sa quête de " quelque chose de différent des grilles traditionnelles du regard psychiatrique ", d'un " contrepoids "; pourtant il en souligne déjà les ambiguïtés et les faiblesses, en particulier une dérive vers une spéculation métaphysique qui éloigne de l'" homme concret ". C'est en réalité à une double déprise que nous assistons: d'abord à l'égard de la psychiatrie, puis, à l'égard de l'analyse existentielle elle-même, qui le conduit bientôt à la perspective radicalement nouvelle de l'Histoire de la folie à l'âge classique. La marque de ce travail ne disparaîtra pas pour autant. En 1984, Michel Foucault présente de cette manière son Histoire de la sexualité: " Étudier ainsi, dans leur histoire, des formes d'expérience est un thème qui m'est venu d'un projet plus ancien: celui de faire usage des méthodes de l'analyse existentielle dans le champ de la psychiatrie et dans le domaine de la maladie mentale. "