Les groupements de fonctionnaires se sont développés parallèlement au mouvement ouvrier, puis ont opéré leur jonction avec la CGT après la Première Guerre Mondiale. Ils se sont organisés face à la hiérarchie administrative et au pouvoir gouvernemental, à partir d'une idéologie prônant la participation démocratique à l'intérieur de l'appareil étatique. Entre les deux guerres, la représentation corporative des fonctionnaires (notamment dans la discussion des traitements) a été admise, de fait, par la plupart des gouvernements. Les syndicats de fonctionnaires finirent par représenter une force politique et sociale incontournable, qui structura peu à peu un système de fonction publique offrant des garanties de carrière codifiées. L'aliance des syndicats avec les parlementaires de gauche permit en 1936 et 1946 de conforter les conquêtes politiques et sociales jusqu'à leur donner force de loi. Mais ce système légal fonctionna surtout dans le sens qui renforcait le mieux l'appareil bureaucratique, et les aspects participatifs de fond ne constituèrent, pour une large partie, qu'un façade.
De Napoléon 1er à Adenauer, les rapports entre les chrétiens et les pouvoirs politiques ont plus d'une fois passionné les esprits pendant les deux derniers siècles. Après la Révolution française, Napoléon Bonaparte et le Pape Pie VII ont redéfini une pratique concordataire qui régit toujours de nombreux territoires européens. Celle-ci n'a pas satisfait tous les chrétiens. Parmi eux, certains comme le Cardinal de Cabrières ont rêvé d'un retour à l'Ancien Régime. D'autres, comme le pasteur Elie Gounelle, ont souhaité des églises moins dépendantes des notables, plus sociales. Depuis l'instauration du régime représentatif et d'un droit de suffrage toujours plus large, les options politiques des catholiques et des protestants ont souvent divergé. Dans de nombreux pays européens, les catholiques se sont organisés en partis qui ont connu leur apogée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Leur histoire est souvent ignorée en France. Pour mieux élucider quelques-uns des ces problèmes, les cinq études présentées ici ont fait appel aux méthodes de l'histoire comparée, de la sociologie politique et des sciences religieuses.