La caricature imprimée connaît au xviiie siècle, puis au xixe siècle, une expansion décisive dans la plupart des pays européens. Pour se faire voir, entendre et comprendre, elle transforme le vocabulaire emblématique issu de l'imagerie folklorique des siècles précédents de manière à proposer une nouvelle signalétique visuelle, adaptée aux enjeux majeurs de pouvoir des temps nouveaux. Prise dans son ensemble, cette transformation forme un recueil de symboles et une grammaire de raccourcis graphiques en évolution constante et en continuelle expansion. Confrontés à la Révolution française comme aux révolutions du xixe siècle, ces motifs visuels qui sont au fondement même de la caricature, s'adaptent, mutent et se multiplient au rythme des évolutions et des bouleversements politiques et sociaux du temps. Fondé sur une sélection représentative des formules figurées régulièrement présentes dans la caricature européenne entre 1789 et 1871 (la ménagerie, le temps, les trois couleurs, le trône, le peuple, la tête coupée, etc.), le présent livre donne à voir et comprendre l'articulation esthétique et la rhétorique politique qui les sous-tendent, afin de permettre d'en apprécier pleinement la force suggestive et la puissance évocatrice.
Postures, itinéraires et engagements de caricaturistes en 1914-1918
À l'arrière dans la presse quotidienne ou hebdomadaire, au front dans les journaux de tranchées, sous forme de cartes postales publiées à des centaines de milliers d'exemplaires ou encore par l'intermédiaire d'affiches placardées dans l'espace public, la caricature satirise et fustige l'ennemi tout comme elle autorise un certain " rire de soi ". Elle accompagne de tout son poids graphique la première guerre mondiale. Chez les belligérants ou dans les pays neutres, les producteurs du discours de guerre assignent aux dessinateurs de presse une mission originale et inédite: dépeint à la Belle Époque comme un artiste raté à la moralité douteuse, le caricaturiste, dès 1915, devient un véritable héros, seul capable de dire la " vérité " sur les atrocités commises par l'adversaire ou de célébrer la geste patriotique. Si la plupart des artistes s'identifient à cette figure du dessinateur combattant – certains étant d'ailleurs rapidement qualifiés de " bourreurs de crânes " par des soldats au front –, d'autres, plus réticents mais moins nombreux, défendent un point de vue critique sur le conflit. Ce recueil s'intéresse aux trajectoires et aux engagements de quelques dessinateurs de presse emblématiques de l'époque de la Grande Guerre. L'ensemble des études réunis dans ce volume permet de mieux appréhender la pluralité des postures de ces journalistes du crayon face à la conflagration mondiale et la propagande patriotique et haineuse de l'époque. L'ouvrage permet enfin de s'interroger sur la responsabilité de chacun dans l'élaboration et la diffusion de la culture de guerre.
Les images satiriques hostiles à Napoléon, notamment anglaises, sont assez souvent reproduites. Mais qui connaît les caricatures favorables à l'Empereur, célébrant son génie ou tournant en dérision ses ennemis? Elles existent pourtant quoique n'ayant jamais été publiées. C'est un choix parmi les plus remarquables d'entre elles que présente ici Philippe de Carbonnières. Son commentaire des gravures, qu'il interprète et restitue dans leur contexte, souligne en outre leurs qualités graphiques ainsi que leur efficacité dans cette " guerre des images " qui opposa alors la France à l'Europe coalisée. Fruit de plusieurs années de recherches, cet ouvrage révèle un pan de l'histoire napoléonienne totalement ignoré jusqu'à ce jour.