Vous connaissez désormais l'histoire. En 1839, Herman Melville lit le récit de J. Reynolds, Mocha Dick, qui relate les péripéties d'un cachalot blanc qui croise les côtes de l'île Mocha (Chili). Cette lecture motive Melville. En 1841, il embarque à bord du baleinier l'Acushnet en direction du Pacifique. Ainsi débutent, stimulées par le texte, l'aventure et l'écriture melvilliennes.Ce livre constitue le troisième volet consacré à l'exploration des horizons marins, littéraires, humains et artistiques de Moby‑Dick.Le sillage tracé par l'écrivain donne à expérimenter un monde mobile, sans chercher l'inédit, mais l'intensité des biens communs.Autrement dit, ce Sillage Melville permet d'observer comment les objets de création, construits avec ou en dehors de l'art, exploitent la créativité comme un facteur d'amélioration des équilibres sociaux, de renforcement des attentions à l'égard des enjeux environnementaux, écologiques, éthologiques, politiques et esthétiques.
La recherche en arts, en prise avec son institutionnalisation au sein des universités et des écoles d'art, à l'échelle nationale et européenne en particulier, se confronte bien souvent aux mêmes critères que ceux de toute recherche expérimentale: de nouveauté, de créativité, d'incertitude, de systématisation et de transférabilité. Au delà de l'indiscipline nécessaire à toute discipline, peut-on nommer et discuter des réalités pragmatiques qui se trament derrière l'évidence de ces critères?Pour y répondre, ce livre fait d'abord le pari de ne pas assimiler les deux fonctions sociales que sont celle de l'artiste et celle du chercheur en arts pour tenter de voir ce qui diffère dans le faire et l'expérience de terrain dès lors qu'on pense, selon les cas, " comme un chercheur en arts " ou " comme un artiste ". Ce livre mise ensuite sur l'idée que la compréhension de ces réalités passe par l'observation de ce qui se fait collectivement au sein même de nos institutions et en dehors, et ce parfois depuis plus de trente ans. Huit équipes de recherche exposent par le menu leurs objets, leurs méthodes, leur organisation, leur milieu et le pouvoir de démonstration de la pensée artistique, esthétique et politique qu'elles déploient collectivement et durablement, par le verbe, les faits et les gestes.Ce livre est le deuxième volume dédié à une approche écologique de l'art (écopoïétique) développée dans le cadre du projet Moby-Dick, conduit par le Laboratoire des Objets Libres à l'Université Bordeaux Montaigne.
Au cours d'un siècle fortement marqué par la porosité des relations entre les arts, le thème dionysiaque est un témoignage efficace des correspondances constantes entre les champs artistiques.La bacchanale pénètre à son tour notamment les mythologies voisines qui s'élaborent autour de l'Orient ou de l'Italie. Elle émerge dans un univers idyllique qui célèbre le retour à l'âge d'or, le culte de la fête champêtre et de la pastorale; ou encore, dans son versant diabolique, dans les scènes de sabbat, de festin ou d'orgie des corps en tumulte. La bacchante côtoie de près l'image de la danseuse, de Salomé, en un mot, de la femme fatale. Simple prétexte iconographique souvent, occasion de dénonciation des tares d'une société bridée parfois, la figure de la bacchante n'a pas fini de livrer ses mystères. Protagoniste d'une mythologie particulière, secrète, ses travestissements seront en partie dévoilés dans les pages qui suivent. L'analogie de la bacchante et de la danseuse, particulièrement heureuse, révèle par ailleurs le domaine où le dionysiaque trouve son parfait accomplissement à l'époque de la modernité: la danse. Contournant et détournant les mouvements, les courants et les catégories historiographiques traditionnelles, c'est à travers le prisme d'une inspiration commune, puisée dans les poétiques du vin, de l'extase et de la danse, que nous explorons l'ivresse des arts du XIXe siècle.
Recueil de 42 poèmes traduits pour la première fois en français de Lorna Goodison poétesse jamaïcaine, née à Kingston le 1er août 1947.Lorna Goodison transporte en elle son pays et ses ancêtres. Ses poèmes honorent les siens, inlassablement, ils chantent son fils nouveau-né venu au monde avec sa fragilité et des rythmesafricains, et lui prodiguent des dons pour accompagner son avenir ; ils font revivre sa famille en remontant jusqu'à ses ascendances " guinéennes ", célébrant un véritable culte de ces femmes dont la force de caractère a permis de tracer la voie.Traduction du collectif " passages " sous la direction de Nicole Ollier.
Il y a une urgence durable à réfléchir sur ce qui épuise nos sociétés, nos civilisations, nos cultures, nos économies, nos pensées et nos regards : l'usure. L'usure a trait à l'épuisement, à l'érosion, à la perte ; mais l'usure est aussi ce (délit) qui résulte d'un excès de profit. L'art pense et dépense l'usure. De biais, elle scrute et dévoile ses désastres et ses bénéfices abusifs. L'art, mine de rien, résiste à l'usure. Il propose ses propres ripostes, ses renversements, ses revalorisations. L'art lamine l'usure, la fait miroiter, la met en crise. L'art réchauffe l'usure, comme l'usure réchauffe les matériaux qui se confrontent à ces frottements répétés. L'usure a sa chaleur. L'usure joue double, voit double, s'entend double et parle double. Elle est là, dans l'angle mort de la raison.Cet ouvrage L'usure est construit en deux volumes à lire croisés: La chaleur de l'usure va avec Excès d'usages et bénéfices de l'art. Chaque volume se construit sur la base d'une entité spatiale commune répartie en cinq salles qui dresse une forme d'ars memoriae. La chaleur de l'usure (fruit de l'exposition éponyme) parcourt ces espaces en images, documente, contextualise et élargit les projets produits par des artistes, alors que l'autre volume présente des écrits de plasticiens, de philosophes, d'archéologues, de psychanalystes et de penseurs d'horizons divers.
En prise avec le fonctionnement de notre mode actuel, cet ouvrage est le fruit d'une réflexion sur les normes qui régissent, au plus près, notre vie de consommateur et plus largement d'usager. Les normes industrielles définissent en effet les formats et les dimensions des espaces standardisés qui constituent notre quotidien. Ces éléments sont rationalisés pour rendre leur production, leur transport, leur usage, les plus économiques et efficaces possible. Comprendre le fonctionnement des normes, c'est alors s'intéresser à ces rapports de proportion invisibles qu'entretiennent les objets qui composent notre cadre de vie. Or cet aspect-là rejoint les préoccupations de la sculpture en tant qu'art de l'espace.C'est à partir de sa propre pratique artistique qu'Alban Denuit a questionné et éclairé la " vie secrète des normes " – selon l'expression du philosophe Elie During –, leur donnant une visibilité tangible et dégageant par là même "une norme excentrique ". Il les a ensuite étudiées d'un point de vue théorique, à la croisée des sciences humaines et des sciences de l'art, de l'architecture et du génie logistique, etc., afin de défendre l'idée qu'elles sculptent notre quotidien.L'argumentation se développe en trois temps: le premier s'attache à définir les notions de "norme industrielle " et de " canon artistique "; le second procède à l'étude de normes techniques précises pour les comparer ensuite à certaines règles canoniques; le troisième met en lumière la résurgence d'un langage sculptural dans le champ des arts, qui passe par l'usage des normes et des standards.