Cet ouvrage collectif, partiellement issu d'un colloque organisé à l'Université de Paris-Nanterre, entend rendre justice à l'écrivain guinéen Williams Sassine (1944-1997), qui n'a sans doute pas bénéficié jusqu'à présent de toute l'attention qu'il méritait. Par ce titre en forme de clin d'oeil à l'un de ses romans, il s'agit de rappeler que son oeuvre, riche, diverse et surprenante par ses changements de ton, de genre, deregistres et de thèmes, fait de lui l'un des auteurs majeurs de la littérature africaine francophone d'après les Indépendances. L'ouvrage aborde l'ensemble de sa création littéraire, inaugurant ainsi l'analyse de ses oeuvres dramatiques. Ses textes sont soumis à des éclairages variés qui mettent en lumière certains aspects de son esthétique romanesque, soulignent le caractère novateur et postcolonial de son écriture théâtrale ou encore révèlent les enjeux éthiques, politiques et philosophiques qui sous-tendent et déterminent en profondeur l'évolution de l'ensemble de l'oeuvre – romans, pièces de théâtre, nouvelles ou chroniques – depuis la première parution (1973) jusqu'à l'ultime publication, posthume (1998). Complétant l'apport des contributions universitaires, le volume propose enfi n d'autres regards sur l'écrivain et son oeuvre: celui de sa biographe, des écrivains Tierno Monénembo et Alioum Fantouré, ses compatriotes, et de comédiens qui ont choisi de mettre en scène les textes de W.Sassine.
L'oeuvre de Patrick Chamoiseau, " auteur-carrefour " majeur au sein du vaste ensemble des littératures postcoloniales, appelait un point substantiel sur la recherche qui lui est aujourd'hui consacrée. Vingt chercheurs d'Europe, d'Afrique et des Amériques montrent comment une oeuvre multiforme et volontiers réflexive déploie une vision du " Tout-Monde " au delà de la représentation de l'espace antillais. Ils font le pari d'analyser la production d'un " raconteur " de grande envergure à partir d'approches multiples et conjuguées relevant de la narratologie, de l'esthétique et de la poétique des genres, en y associant pour la première fois des lectures écocritique et écopoétique. Une nouvelle inédite de Patrick Chamoiseau,L'ultime sourire de l'Antillaise, ouvre le volume.
La spiritualité, comprise ici dans un sens très large, incluant les discours de sagesse, les références aux religions et les schèmes de pensée que celles-ci ont diffusés, mais aussi les quêtes mystiques, semble bien être l'une des grandes affaires de notre temps. Ce n'est pas tout à fait ce qu'avaient laissé prévoir les messianismes essentiellement profanes qui avaient présidé naguère à l'anticolonialisme militant; mais c'est néanmoins une des dimensions irrécusables des tensions identitaires et politiques contemporaines. Les littératures africaines, elles aussi entendues au sens large dans ce volume, en témoignent dans leur diversité. Les analyses réunies ici s'intéressent à la dimension religieuse, non seulement des réalités sociales représentées, où se concurrencent parfois plusieurs traditions religieuses, mais aussi de l'écriture littéraire elle-même, à la fois réceptable de savoirs culturels, lieu de négociation et d'adaptation identitaire, et creuset, aussi, de quêtes personnelles face à l'absolu.