Revenir aujourd'hui sur la matérialité des œuvres relevant de l'art brut au sens très large, permet d'en approfondir la connaissance dans une perspective nouvelle, d'interroger les regards qui se sont diversement portés sur les œuvres désignées par ce terme et de les approcher dans leur historicité. L'art brut est aussi une affaire de collection dont la matérialité est une tradition discursive, un langage articulé sur le format, le lieu, l'origine, la quantité, la qualité, les rapports de pouvoir etc. Comme pour toute collection, il s'instaure nécessairement une dialectique entre le collectionneur et sa collection au point qu'on puisse parler de métahistoire. Le présent ouvrage assume également son ambition pluridisciplinaire en donnant la parole à l'histoire de l'art, aux anthropologues, aux conservateurs, mais aussi aux artistes.
L'année 1914 marque plus que jamais la rencontre entre l'avant-garde artistique et l'avant-garde militaire, deux champs qui n'ont cessé d'entrer en friction, depuis le XIXe siècle. En 1914, ces frottements sont tout particulièrement sensibles dans les relations entre les arts visuels et l'histoire, dans un moment où la crise de la conscience européenne se cristallise en catastrophe radicale. La création artistique était alors prise entre différents courants contradictoires, soit pour inscrire la modernité dans une tradition idéalisée soit pour se mettre en quête d'utopies sociales dont les artistes et les architectes se font les hérauts. Dans les tout premiers jours d'août 1914, la violence concrète, immédiate, s'empare brutalement des destins individuels et les réoriente. Tout va se fracturer, les amitiés, les partages internationaux, les engagements: les rendez-vous intellectuels et artistiques internationaux sont annulés. La guerre envahit soudainement les esprits des individus et des sociétés, s'empare des corps et bouleverse les mondes de l'art. Dans les pays belligérants, les artistes rejoignent massivement les rangs des armées. La guerre reconfigure tout et s'insinue partout: même ceux qui échappent momentanément ou définitivement à la mobilisation ou renoncent à s'engager, et qui observent la guerre à distance, s'appliquent à traduire des réorientations dont les motivations sont souvent plus politiques et guerrières qu'artistiques. La réunion de ces multiples approches permet de penser la situation intellectuelle et pratique de la création visuelle pendant les six premiers mois " ordinaires " de l'année, et de comprendre aussi précisément que possible la nature des prises de conscience provoquées par l'événement de la déclaration de guerre ainsi que par les premiers combats.Ce livre explore les strates de sens inscrites dans les œuvres et les objets, les orientations du goût et du marché, les pensées et les discours critiques et théoriques, afin de faire l'anatomie de ce qui s'est brisé dans les représentations occidentales dans ce temps court – mais essentiel – de l'histoire et de l'art du XXe siècle.
Expériences psychotropiques et création artistique
" Arts drogués " s'attache à parcourir les liens étroits que peuvent entretenir les productions artistiques avec l'usage des psychotropes, entendu ici dans son acception la plus large.Des Paradis artificiels de Charles Baudelaire aux artistes les plus récents, l'art et la création sont donc pensés sous l'angle de leur relation à des agents extérieurs et " modificateur de conscience ".Cet ouvrage convoque des chercheurs d'horizons disciplinaires très variés (histoire de l'art, musicologie, anthropologie, sociologie, arts plastiques, etc.) et s'inscrit dans un partenariat avec l'exposition " Sous influences, artistes et psychotropes " dont le commissariat a été assuré par Antoine Perpère à la Maison Rouge (Paris) en 2013.
Cet ouvrage propose de montrer les liens de parenté qui unissent le mythe et l'art non dans un rapport d'illustration, mais dans celui d'une action conjointe sur la vie. L'ambition est aussi d'éprouver des méthodologies innovantes et peu usitées en histoire de l'art. Dans La Pensée sauvage, Claude Lévi-Strauss dessine les traits du mythologique sous le prisme d'une anthropologie et d'un rapport particulier au monde. L'art et le mythe entretiennent des liens de proximité parce qu'ils sont langages. Ils sont aussi deux pôles qui suscitent des sentiments et des actions connexes, parce qu'ils se vivent.Contrairement à la légende, le mythe est à la fois un déni du religieux – il place l'âge d'or dans un futur à inventer et non dans un passé originel et perdu – et une recomposition d'agencements qui tente d'exprimer au plus près et au plus juste une certaine humanité. Nous retrouvons dans cette définition l'oscillation qui sous-tend l'œuvre d'art lorsqu'elle n'est pas " domestiquée à des fins de rendement "…À la fin de ce volume, des entretiens inédits avec des personnalités importantes du monde de l'art: Pierre Restany, Dado, Alain Joubert et Vladimir Velickovic.