Ce livre propose de considérer l'après-guerre à partir d'un point de vue original, au croisement de l'histoire du genre et de l'histoire des médias. L'après-guerre est un moment de reconstruction de l'Europe mais aussi de recomposition des mondes médiatiques et d'expansion de la culture de masse. La période est parallèlement marquée par une reconfiguration des rapports de genre: la déstabilisation des catégories du masculin et du féminin engendrée par la Seconde Guerre mondiale laisse place à la réaffirmation d'une stricte répartition des rôles de sexe qui relègue les femmes à la sphère domestique, un contexte qui n'empêche toutefois pas l'expression d'aspirations émancipatrices. Réunissant des contributions de chercheurs et chercheuses de différentes disciplines, l'ouvrage explore l'imbrication de ces dynamiques médiatiques, politiques et sociales en prenant en compte différents médias (radio, photographie, télévision, cinéma, presse magazine, bande dessinée, littérature pratique), en France et plus marginalement en Suisse et en Belgique francophones. Qu'ils mettent l'accent sur l'espace de la production ou sur les contenus, les différents chapitres qui composent l'ouvrage soulignent les mécanismes d'assignation genrée à l'œuvre dans les médias d'après-guerre, tout en révélant les marges de négociation des normes ouvertes par certain·es acteurs et actrices du champ médiatique, tant à travers leurs trajectoires et leurs pratiques professionnelles qu'à travers les discours produits à destination des récepteurs et des réceptrices.
Très souvent méconnue ou mésestimée dans ses effets les plus graves, la transphobie regroupe de nombreuses discriminations dont sont victimes les transidentités, qu'elles se définissent comme transgenres, transsexuelles ou en tant qu'identités alternatives. Les données recueillies lors d'un travail d'enquêtes et d'entretiens laissent entrevoir que l'acte transphobe peut aussi bien être le fait de la personne lambda que des institutions censées protéger les personnes. Quels sont les mécanismes à l'œuvre? Quelle est la part du social, du politique voire du culturel dans ce qui concoure à la disqualification de l'autre et de la différence? Cet ouvrage propose un état des lieux de la question en France et des pistes de réflexion à la lumière des Sciences Humaines et Sociales, tout en relayant et en analysant les témoignages sans ambiguïtés du quotidien des personnes concernées. Une sociologie de la transphobie est un travail de recherche qui pose des questions et propose des pistes de réflexions comme autant de réponses possibles aux processus de discriminations.
Ce deuxième volume applique la réflexion de la fabrique des garçons aux activités organisées en périphérie de l'école. Celles-ci participent fortement à la construction des identités sexuées et à leur bicatégorisation, alignée le plus souvent sur les stéréotypes de genre. Le sport apparaît comme un temple du masculin, présentant l'homme comme l'être le plus fort, même si la place des femmes, minoritaire, n'a cessé de progresser, en particulier au sein de pratiques ludosportives plus mixtes. Dans le monde de la culture, plus que jamais dominé par les hommes, les pratiques féminines sont importantes mais se heurtent à des plafonds de verre, dans un contexte de minorisation des activités spécifiquement féminines. Les vacances et les loisirs permettent parfois une plus grande fluctuation des rôles de genre, même si les activités proposées reproduisent le plus souvent les stéréotypes de genre et la hiérarchisation qui en découlent.Quel pourrait être le rôle du sport, de la culture et des loisirs dans le renouvellement d'une réflexion sur la mixité et la coéducation des filles et des garçons?
Si conventions et chartes pour l'égalité des sexes se multiplient depuis presque trente ans avec plus ou moins de bonheur, peut-être est-ce parce que les filles demeurent les publics-cibles privilégiés de la volonté émancipatrice institutionnelle. Notre système scolaire semble avoir bien du mal à penser, en complémentarité et même en priorité, l'évolution des garçons... Tant que des mécanismes de séparation et de hiérarchisation des sexes œuvreront au sein même du système scolaire, tant que les garçons se trouveront face à l'injonction paradoxale " être docile à l'institution tout en affirmant sa virilité ", tant que nous resterons aveugles aux nouvelles formes d'entre-soi masculin, tant que l'école continuera à penser que tous les élèves sont hétérosexuels et conformes aux normes de genre, les choses auront du mal à évoluer...Quels leviers peuvent permettre un changement, profitable aussi bien aux filles qu'aux garçons, dans une école plus égalitaire? Une école émancipatrice ne devrait-elle pas être, avant tout, une école accueillante à toutes les variations des rôles de genre qui ne sauraient se résumer à la bicatégorisation fille garçon?