Cet ouvrage propose une des premières monographies dédiées à l'étude des rapports entre critique littéraire et théories du care. Il est le résultat d'une recherche interdisciplinaire entre care et littérature basée sur l'hypothèse d'un fort lien d'interdépendance entre les deux perspectives.
Pourquoi le travail du care est-il particulièrement fertile pour les questions morales? Qu'est-ce que la psychologie sociale peut apporter à la réflexion en éthique? En quoi la philosophie morale peut-elle renouveler l'écoute des psychologues? Ceux-ci peuvent-ils transformer leur façon de comprendre les préoccupations du monde ordinaire? Comment les discours savants peuvent-ils ne pas étouffer la voix différente en éthique? À partir d'enquêtes réalisées sur le terrain de la recherche en nanomédecine, sur celui du soin gériatrique, ou de l'expérience de femmes confrontées à la violence, ce livre propose une lecture de " ce qui compte " pour les personnes qui sont engagées dans une relation d'attention à autrui. Les conditions de l'identification à l'autre, ou au contraire de l'impossibilité de s'imaginer à sa place, sont un fil rouge dans une réflexion portant tour à tour sur l'angoisse morale, le racisme et le mépris social, le rapport entre souci de soi/des autres.
Ce livre renouvelle et acère la théorie critique par le féminisme. Il interroge la philosophie sociale de Theodor W. Adorno et propose de penser, au moyen des théories du care, la question de la fragilité sociale du souci des autres. Comment le geste moral émerge-t-il dans notre forme de vie capitaliste sous-tendue par une indifférence généralisée ? Quelles en sont les conditions sociales ? Son hypothèse est que le capitalisme compartimente l'attention à autrui, limite son possible développement en l'assignant aux femmes, dans des domaines et pour des tâches toujours spécifiques. Comment appréhender le contenu moral du care effectivement mis en actes, dès lors qu'il se révèle être le produit d'une distribution genrée des dispositions morales, celle-ci étant une condition de possibilité du marché ?
Comment penser cette expérience qui consiste à lire des textes, mais aussi des fichiers audio ou des tableaux abstraits, des personnes ou des situations? Quel genre de communication et de conception du social implique-t-elle?Étymologiquement, lire c'est cueillir des plantes pour composer des remèdes. La lecture relève d'une thérapeutique sociale que les récentes ou anciennes théories du soin (du care) peuvent nous aider à comprendre. La lecture n'est pas le simple décodage de signes; elle doit être intégrée à une histoire des médias et à une théorie de la justice. Si celle-ci n'est pas seulement un établissement des rapports de droits entre individus, mais surtout des manières attentives de relier les êtres, des façons d'en prendre soin, alors l'expérience de lecture, avec les rapports amicaux qui peuvent y être inscrits, devient un modèle pour la vie la plus ordinaire. Modèle, en particulier, pour repenser ce qu'est l'esprit critique et la faculté de juger à partir du moment où on les saisit dans une politique des transmissions.