Les archives de Louis de Dardel (1899-1963), sauvées de l'oubli dans un grenier de Neuchâtel, comprennent quelque 3 000 lettres et un grand nombre de notes que ce grand épistolier rédigea tout au long de sa vie. Dans l'une d'elles, datée du 6 février 1954, il se souvient de l'emprise, certes toute aimante, mais fort pesante qu'exerçait sur lui son père, Otto de Dardel, journaliste et député, " vu […] comme un géant et ses souliers comme des bottes de 7 lieues ".En 1914, alors que Louis de Dardel, âgé de quinze ans, se montre porté à la rêverie, au romanesque, voire au mysticisme, ce père, préoccupé, lui conseille de faire quelque chose d'utile de sa vie. Interprétant cette recommandation comme une injonction, le jeune Louis abandonne la section littéraire pour la scientifique, alors voie royale pour entreprendre une carrière qui lui permettra des réalisations concrètes, utiles pour ses contemporains. Lorsqu'il s'aperçoit qu'il fait fausse route, il n'ose affronter son père et ses " bottes de 7 lieues ". Mais à quelque chose malheur est bon, dit le dicton. Cette erreur d'aiguillage est à l'origine d'une métamorphose, car la voie scientifique dans laquelle il persévère envers et contre tout va transformer ce passionné des arts et des lettres en un homme complet, un humaniste fort rare au XXe siècle, qui réussit à concilier dans sa vie quotidienne art et science.
Elle n'a ni rue à son nom, ni statue dans un parc.Et pourtant, elle a pris le thé avec la reine Élisabeth, rencontré un Prix Nobel de la Paix, est allée aux Indes avec Ella Maillard, a parcouru toute l'Europe et traversé plusieurs fois l'Atlantique.Élisabeth Hoeter (1910-2003) a été présidente européenne, puis présidente mondiale de l'importante organisation féminine Soroptimist International. Elle a également été la première femme à être nommée à un poste de direction dans l'enseignement supérieur neuchâtelois, et l'une des premières à siéger au Conseil général de la ville.Une femme libre dans sa tête et dans sa vie, qui a changé le destin de beaucoup et laissé un souvenir lumineux.Il est temps de lui rendre hommage et de reconnaître sa place dans l'histoire des femmes de ce pays.
Biographie du chanoine prémontré Grégoire Voirol (1751-1827)
Depuis sa fondation en 1140, l'abbaye prémontrée de Bellelay a été pendant des siècles un important centre de rayonnement religieux, économique et culturel de l'ancien évêché de Bâle. Jeanne Lovis retrace son histoire, plus particulièrement au xviiie siècle et lors de sa chute en 1797 au cours de la Révolution française.C'est au travers des écrits d'un des derniers chanoines, le père Grégoire (1751-1827), alias Hermann Voirol, un neveu du 38e abbé Jean-Georges Voirol, que surgissent la petite et la grande histoire du couvent jurassien. Autant d'anecdotes inédites, de griffonnages intimes et disparates qui éclairent de manière émouvante le destin de notre héros et l'approche discrète d'une vocation religieuse, d'une vie lancée à la poursuite d'un Dieu réputé introuvable.
Figure marquante du paysage intellectuel et universitaire de Genève au début du XX siècle, Charles Borgeaud (1861-1940) a contribué à fixer l'image de sa ville, en participant de façon décisive à la création du Monument international de la Réformation (1909-1917). Mais quelles furent sa formation et ses sources d'inspiration? Comment un jeune juriste libéral, qui (1861-1940) enquête à Paris et à Londres sur les origines de la démocratie moderne, en vint à mettre en avant Calvin et ses successeurs?C'est ce que tente d'explorer ce livre, sur la base de documents inédits. Récit d'une jeunesse en quête d'une vocation, il situe son personnage dans le contexte d'une Suisse et d'une Europe en pleine mutation, avide d'innovations mais aussi soucieuse de magnifier son passé. Charles Borgeaud y apparaît entouré de ses proches – famille, professeurs, amis – ce qui fait de l'ouvrage un portrait multiple d'une société où chacun est appelé à définir son destin.
Récit biographique d'après sa correspondance avec Fritz Berthoud
C'est en ouvrant une ancienne armoire de la maison familiale que Michel Clément-Grandcourt a découvert cent soixante lettres autographes échangées pendant plus de quarante ans par deux amis de jeunesse, l'un à Columbus (Ohio), Léo Lesquereux, l'autre à Fleurier (Neuchâtel), Fritz Berthoud.Descendant de Fritz Berthoud, l'auteur de cet ouvrage a patiemment reconstruit au travers de cette correspondance, la vie de Léo Lesquereux. Au récit biographique passionnant de cet homme attachant s'ajoute en filigrane l'histoire du mouvement naturaliste neuchâtelois et américain du XIXe siècle. Replacés dans le contexte de leur époque, ces échanges épistolaires riches et variés offrent en effet un éclairage sans artifice sur une période clef du développement scientifique moderne.Léo Lesquereux s'est fait connaître en Suisse dès la publication en 1844 de son mémoire sur les tourbières, qui lui a ouvert une carrière scientifique dans son pays natal. La Révolution neuchâteloise de 1848 l'a contraint à s'exiler aux États-Unis, à l'appel de ses collègues Louis Agassiz et Édouard Desor qui s'y trouvaient déjà. Cependant, il n'a jamais cessé d'écrire à son ami et confident Fritz Berthoud, de 1847 à 1889. Ses lettres apportent un témoignage de première main sur les aspects sociologiques, politiques, culturels et religieux de la vie américaine dans la seconde moitié du XIXe siècle.