Après Transmédialité, Bande dessinée & Adaptation (2019), Évelyne Deprêtre et German A. Duarte proposent ce nouvel ouvrage choral à la fois scientifique, médiatique et artistique. Les études qu'ils y réunissent visent à encore enrichir le concept de transmédialité. Ainsi lui allient-ils non seulement les pratiques circonscrites dans le cadre des industries culturelles, mais aussi (et surtout) leur appropriation sociale et culturelle de même que le discours savant qu'elles suscitent. Or, comprendre ce concept comme tel donne lieu à plusieurs questions. Par exemple, de quelle manière ces pratiques visent-elles à former un véritable phénomène, pas seulement artistique et culturel, mais également social?Pour tenter de répondre à leurs interrogations et mieux cerner ce geste d'appropriation à l'œuvre dans les pratiques artistiques et culturelles contemporaines, les deux chercheurs convoquent, avec une certaine audace, le concept narratologique de péritexte. Pourtant, comme la transmédialité qui induit l'idée de passage d'un médium à un autre, le péritexte, constituant de tout objet culturel, revêt lui aussi cette idée de transition. Les placer tant en perspective qu'en coïncidence permet ainsi de s'interroger, d'une part, sur les limites médiatiques en jeu dans les pratiques transmédiales, et, d'autre part, sur ces seuils que les lecteurs, spectateurs ou utilisateurs traversent pour pénétrer ou sortir de toute production artistique ou culturelle contemporaine.Ce travail collectif s'avère très fécond en éléments théoriques et analytiques. Il reflète combien la transmédialité observée sous l'angle péritextuel est bien affaire de plusieurs arts, langages, sémiotiques ou médias. Il démontre aussi que les œuvres contemporaines mettent à mal les frontières artistiques, culturelles et médiatiques traditionnelles.
suivi du catalogue de l'exposition ExPoEx (Clermont-Ferrand, 16/11/2017-07/02/2018)
La " poésie visuelle " est un genre hybride alliant texte et image qui embrasse une grande diversité de pratiques poétiques et artistiques. Dès le début du XXe siècle, cette poésie donne à la visualité un rôle premier tant sur le plan de la création que de la réception, l'interaction entre l'œuvre et le lecteur étant essentielle à son appréhension.Le présent ouvrage, consacré à la poésie visuelle et questionnant la notion d'expérimentation, se situe dans la continuité de travaux scientifiques qui se développent depuis la fin du xxe siècle dans les aires linguistiques et culturelles anglophone, francophone, germanophone, hispanophone, italianophone, lusophone, russophone. Il s'inscrit dans l'axe " Intermédialités et interactions sociales " du Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (CELIS) de l'Université Clermont Auvergne.Le " Catalogue de l'exposition ExPoEx (Clermont-Ferrand du 16 novembre 2017 au 7 février 2018) " offre pour sa part un focus sur les poésies visuelles espagnole et portugaise rarement analysées en France.
La résurgence du mythe de la Frontière dans la rhétorique politique de la " guerre contre la terreur " oblige à reconsidérer l'idée de sa marginalisation dans la culture étatsunienne depuis la crise du mythe public identifiée par Richard Slotkin à la fin des années 1960.Partant de l'analyse sociohistorique de six œuvres cinématographiques sorties entre 1968 et 1986, cet ouvrage soutient que, loin d'avoir été marginalisé par le déclin du genre du western à Hollywood, le mythe de la Frontière s'est diversifié, prolongé et consolidé dans le cinéma étatsunien post-western, manifestant la continuité de structures idéologiques impériales héritées de la fin du XIXe siècle dans la culture populaire de la fin du XXe.Les deux parties de l'ouvrage correspondent aux deux trajectoires narratives dominant les représentations de la Frontière dans le cinéma étatsunien post-western: depuis la Conquête de l'Ouest de Theodore Roosevelt jusqu'aux représentations contemporaines de la guerre sauvage; et depuis la " théorie de la Frontière " de Frederick Turner jusqu'aux incarnations cinématographiques d'un empire de la liberté.
Un retour sur plus de quatre-vingts ans et plusieurs centaines de bandes dessinées sur la guerre civile espagnole nous rappelle combien cette période de l'histoire a été et est restée présente dans nos cœurs, en Espagne, en France et ailleurs. Certaines œuvres considèrent son combat légitime et d'autres voient la guerre comme un simple désastre qu'aucune raison ne peut justifier. Les unes cherchent à refermer les blessures du passé, les autres considèrent que les fractures de la guerre se prolongent dans d'autres contemporaines.La bande dessinée nous montre aussi l'extrême diversité de la mémoire du conflit. Elle nous raconte la guerre mais aussi les sociétés qui se la remémorent, l'Espagne de la Transition vers la démocratie et celle d'aujourd'hui, l'Argentine juste sortie de ses années noires de dictature ou l'identité des descendants de l'exil républicain en France.Dans une première partie, ce livre décrit la bande dessinée sur la guerre espagnole par pays et par époque, montrant l'évolution de sa représentation. Il revient ensuite sur des thèmes particulièrement sensibles et qui ne semblent pas encore conclus aujourd'hui, comme la violence aux civils, l'Église catholique dans le conflit, l'exil et la prison, et se fait écho de deux absences à la fois curieuses et significatives dans la plupart des œuvres, celle du franquiste de base et celle de la République.
Les processus transmédiaux et adaptatifs dans la condition médiatique actuelle constituent le noyau de cet ouvrage. D'un côté, il s'agit de situer les processus adaptatifs dans un contexte technologique, qui, par sa nature, opère quotidiennement des formes d'adaptation, et cela même de façon involontaire. D'un autre côté, il s'agit de mettre en lumière non seulement le phénomène de la transmédialité mais également la collectivisation de l'acte narratif qu'il induit de plus en plus souvent. Or, il semble que ce phénomène soit demeuré en arrière-plan dans le contexte médiatique de cette dernière décennie. Entre ces deux intérêts, comme pivot de cette collaboration, se trouve l'analyse des relations entre le médium bédéique et le vaste univers médiatique. En effet, la bande dessinée représente, de l'avis de l'équipe directrice, un moyen de construire des espaces narratifs très particuliers, et son étude, contextualisée dans l'ère numérique, ouvre des voies indispensables pour mieux comprendre et cerner la manière dont les espaces narratifs numériques seront construits dans un futur proche.Ainsi ce riche travail collectif est-il, à ce titre, l'un des tout premiers à être consacré intégralement à ce sujet. Construit en deux parties, l'une traitant des adaptations littéraires en bandes dessinées, l'autre des adaptations cinématographiques de bandes dessinées, il mêle approches théoriques et analyses d'œuvres spécifiques et ouvre la porte à la fois d'une pratique culturelle en perpétuelle transformation et d'un champ de recherche encore plein d'avenir.