Les difficultés scolaires éprouvées par un adolescent de " milieu modeste " expliqueraient-elles les décisions universitaires prises par le chercheur qu'il est devenu? Elles éclairent sans doute une sensibilité disposant à l'étude des stéréotypes et discriminations racistes et sexistes. Qu'est-ce qu'un transfuge social? Yann Le Bihan répond à cette interrogation à partir d'une enquête sur sa propre trajectoire sociale et celles de chercheurs ou écrivains tels que Pierre Bourdieu, Norbert Elias, Rose-Marie Lagrave, Annie Ernaux ou Didier Éribon.Ce livre souligne que les études portant sur les transfuges retiennent trop souvent les parcours linéaires de grande réussite essentiellement scolaire, en insistant sur la souffrance éprouvée dans l'entredeux d'univers sociaux différents. Mais les aléas et accidents de la trajectoire peuvent aussi s'accompagner de gratifications et de joies ressenties lors du déplacement social.Le travail de Yann Le Bihan invite plus largement à une compréhension des conditions de possibilité d'une mobilité sociale ascendante. De leur connaissance dépend l'accomplissement d'une réelle démocratisation, en particulier scolaire.
Laurent Gaissad retranscrit ici ses recherches sur le monde caché des hommes dans le Sud de la France. Cet ouvrage permet de suivre les lieux stratégiques de rencontre ainsi que les techniques d'approche. L'auteur donne aussi à voir la réponse des villes face à ces pratiques sexuelles.
Étudier les " carrières " n'est, en somme, pas très nouveau, demander à des collègues de revenir sur leur propre carrière en ethnologie et sociologie l'est sans doute davantage. Cet ouvrage réunit les textes de quatorze enseignants-chercheurs et chercheurs, tous ethnographes, attachés à des " terrains " en France ou à l'étranger. Ils et elles ont eu toute latitude pour se raconter, présenter leur parcours professionnel, ce qui fait l'originalité de ce collectif. De cette liberté de narration émergent les modalités personnelles d'une présentation de soi.Ainsi, nous saisissons la variété des manières de " faire carrière ", de s'engager, certes dans une profession mais surtout dans une discipline. L'engagement ethnographique en ethnologie comme en sociologie passe par un attachement à une méthode voire à une démarche.Cet ouvrage collectif qui s'adresse à la fois à un public d'enseignants et d'étudiants permet d'observer une discipline en train de se faire; il donne accès aux coulisses du métier de chercheur, de la pratique savante, de la construction des savoirs associés à des courants de pensée, inscrits dans des institutions ou des réseaux, etc., confortant l'intérêt de la notion de carrière, entendue comme processus. Il montre aussi comment la recherche en ethnologie et sociologie se transforme depuis les années 1970 au gré des affinités intellectuelles, des mutations institutionnelles...
L'érotisation des gestes, des parures et des regards prend son aise au bal. Les émotions s'enchevêtrent, le désir circule. Danser au bal, c'est faire société et se plonger dans un bain d'existence où la combinaison des sens peut générer des rencontres imprévisibles. Si la conscience d'une fête partagée est un ferment inépuisable, elle ne vaut pas par l'échange des idées et des concepts mais par la présence du corps à soi et à l'autre. Ainsi s'assemblent simplement chaque semaine dans une pluralité de lieux des danseuses et des danseurs.Du bal " populaire " à la nostalgie du " ptit bal perdu ", notre imaginaire fait la part belle aux petites mythologies qui tendent à nous faire oublier ses mutations contemporaines. Autour des mouvements revivalistes et de l'émergence des danses du monde, plusieurs cercles d'amateurs se sont structurés autour d'un unique type de danse, où passion amateur et professionnalisation apparaissent étroitement associées. En questionnant le sens de ces engagements sensibles et en relativisant sa réputation de lieux de rencontre, cet ouvrage décrypte le rôle des bals dans la fabrique du genre et dans l'existence des amateurs qui les font vivre.Qu'est-ce qui anime ces danseurs qui ne sont pas des artistes? Que produisent ces engagements corporels fondés sur une rencontre de l'Autre impliquant le toucher? À travers les affects qui quadrillent les passions, les mondes du bal ne sont-ils pas une fabrique de culture ancrée dans le quotidien, distincte des mondes de l'art, mais nécessitant une implication sensible? Les danseurs et leurs danses, les musiques, les codes, les savoir-faire, la piste et ses entours, comment s'articulent ces expériences émotionnelles spécifiques?