Jeux d'échelles dans les luttes pour le territoire en Colombie
Qu'est-ce qui s'internationalise dans les luttes sociales et comment des collectifs locaux peuvent-ils rendre visibles leurs revendications? Quels sont les effets de l'internationalisation sur les organisations sociales? Comment se met en place, concrètement, cette globalisation "par le bas"? Autant de questions parcourant cet ouvrage, qui s'empare du cas des luttes paysannes en Colombie et des relations tissées entre des organisations locales et différents acteurs internationaux dans le cadre du conflit armé colombien des années 1990 à nos jours.Reposant sur une enquête de terrain de trois ans, menée dans deux zones rurales en Colombie, ce livre s'inscrit dans une dynamique de recherche autour des circulations et des processus d'internationalisation dans le contexte d'un "tournant global" des sciences sociales. Il se situe à l'intersection entre l'étude critique du développement et de l'aide internationale, d'une part, et de la sociologie des mobilisations, d'autre part. Il s'agit de décrypter et d'analyser ce qui fait "l'international" et les effets de ces processus sociaux au sein des associations locales mobilisées.
Traiter les populations autochtones comme des agents efficaces de la construction d'un pays, c'est comme jouer dans un château de cartes: lorsqu'une carte est retirée, les interprétations consacrées et les souvenirs incontestables s'effondrent. A travers neuf études sur les indigènes dans la formation du Brésil, l'auteur propose un regard critique sur les récits et images fondateurs et permet une relecture des conflits et dilemmes contemporains de la nationalité.
Géographie politique de l'information environnementale contemporaine
Cet ouvrage de géographie politique explore ce que le numérique change aux façons qu'ont les sociétés contemporaines d'appréhender les problèmes environnementaux, des conflits de gestion aux enjeux de souveraineté, de notre rapport au Vivant aux question démocratiques.Solidement documenté par plusieurs enquêtes en Amérique du Sud, cet ouvrage propose une analyse nuancée de la révolution numérique en environnement, fait un bilan des méthodes des sciences sociales pour la saisir, et esquisse un agenda de recherche pour les années à venir.Photographie de couverture:Chasseur de la communauté A'uw? (Xavante) utilisant le feu durant une chasse collective, terre autochtone Pimentel Barbosa, Brésil central, 2005. Photographie utilisée avec l'accord de son auteur, James R. Welch, et tirée de: Welch JR, Brondízio ES, Hetrick SS, Coimbra CEA Jr (2013) Indigenous Burning as Conservation Practice: Neotropical Savanna Recovery amid Agribusiness Deforestation in Central Brazil. PLoS ONE 8(12): e81226. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0081226
La Révolution cubaine a fêté ses soixante ans en 2019. Pendant ce temps, les personnes nées avant 1959 atteignent leur quatrième âge, dans un contexte de crise économique et d'incertitude politique, où les cadres d'existence qu'ils ont connus et contribué à construire sont bouleversés.Dans un style narratif et vivant, cette enquête ethnographique décrit la vie quotidienne des vieux Cubains et de leur famille. Comment les hommes et les femmes de cette génération vivent et aménagent leur avancée en âge, alors que les solidarités familiales ont été affectées par les migrations, la chute de la fécondité et la renaissance d'une culture entrepreneuriale?Comment font-ils face à cette terrible crainte: vieillir pauvre et seul?
Usages publics du passé dans la justice transitionnelle
Le 10 décembre 2014 à Brasilia, la Commission nationale de la vérité (CNV) remettait son rapport à la présidente Dilma Rousseff. Pendant deux ans, la CNV s'est consacrée à ouvrir et organiser les archives de la répression intervenue pendant la période autoritaire, à établir les faits relatifs aux violations graves des droits humains et à en identifier les responsables. Ses travaux ont suscité de larges controverses au Brésil, où la mémoire de la dictature révèle de profonds clivages.À la lumière de cas situés en Colombie, en Argentine, au Chili, à Cuba, en Côte d'Ivoire et en Europe de l'est, et en faisant le pari d'une approche pluridisciplinaire, cet ouvrage met le cas du Brésil en perspective pour interroger la production de la connaissance et de la mémoire sur les régimes d'exception du passé. Quel rôle pour les universitaires? Dans quelles conditions conserver et rendre accessibles les archives des régimes d'exception? Quel statut donner aux connaissances produites par les commissions de vérité et par les processus judiciaires relatifs aux violations des droits humains? Historiens, politistes et juristes, les auteurs dressent les contours des enjeux démocratiques représentés par les usages conflictuels des références aux passés autoritaires, les politiques de mémoire et la conservation des archives.
Des rythmes du candomblé aux avant-gardes esthétiques les plus radicales, la culture joue un rôle central dans l'émergence du Brésil contemporain. Issu du dialogue entre historiens français et brésiliens, cet ouvrage parcourt des domaines variés, de la littérature romantique à la musique populaire en passant par le théâtre et le cinéma, la mise en scène des corps, la mémoire et la fabrique de héros culturels. Les constructions identitaires, les politiques culturelles, les phénomènes d'emprunts et de métissage sont au coeur de la réflexion.Quatre décennies après l'émergence de l'histoire culturelle, cet ouvrage dresse un bilan d'étape et pointe les tendances actuelles de la recherche. Au fil des treize essais qui le composent, il donne à voir, à lire et à entendre la diversité brésilienne dans la perspective d'une histoire culturelle transnationale, loin de toute tentation exotique.
Au Brésil, l'immigration récente, principalement vers São Paulo, est spécialisée dans la confection vestimentaire et concentre son activité dans des ateliers précaires. Dispersés dans les interstices de cette immense métropole, ces ateliers rythment les trajectoires professionnelles et migratoires. Ils reflètent les logiques économiques et sociales de la société de consommation brésilienne à l'heure de son urbanisation avancée.
Basé sur des enquêtes menées dans les Andes quechuas d'Ayacucho, cet ouvrage interroge les séquelles du conflit fratricide qui endeuilla le Pérou à la fin du XXe siècle, opposant l'Etat aux maoïstes du Sentier lumineux, et creusant de profondes fractures ethniques, socioéconomiques et politiques. Les violentes disputes qui entourent l'usage des termes terroriste, victime ou héros exercent toujours –à 20 ans de la fin officielle du conflit– un pouvoir performatif sur l'identité et le destin de nombreux individus. Dans ce contexte, comment se construisent de nos jours les mémoires de la guerre, tant au niveau national que local ?Pour le comprendre, Valérie Robin Azevedo s'est intéressée aux bricolages sémiotiques qui permettent aux communautés quechuas, les plus éprouvées par la guerre, d'évoquer la violence. Influencées à la fois par un discours hérité de la Commission de la vérité et par l'imaginaire culturel andin, ces configurations inédites forment autant de chemins de traverses dans la quête d'un vivre ensemble apaisé. Décalées par rapport au modèle prôné par la justice transitionnelle, les dynamiques mémorielles analysées sont peu visibles dans l'espace public national. Pourtant, elles révèlent la valeur symbolique et sociale des procédés alternatifs de gestion du passé en contexte post-conflit. Sur les sentiers de la violence constitue à ce titre un essai original d'anthropologie des mémoires de guerres civiles.
En 2005, les principales organisations sociales boliviennes portaient Evo Morales au pouvoir par les urnes, après plusieurs années de mobilisation contre les politiques dites " néolibérales ". Cette élection marquait alors un tournant dans ce pays considéré comme le plus pauvre et le plus " autochtone " d'Amérique du Sud, ouvrant la voie à une plus grande souveraineté nationale sur le territoire et à de nouvelles perspectives sociales et économiques pour ses habitants. Qu'en est-il aujourd'hui ?En s'appuyant sur plus de dix années de recherche en Bolivie, les sociologues Laurent Lacroix et Claude Le Gouill retracent le contexte de l'arrivée au pouvoir d'Evo Morales et analysent les principales politiques gouvernementales, les tensions sociales qui ont accompagné la construction de l'Etat " Plurinational ", ainsi que la nouvelle place du pays à l'international dans le contexte de ce qui a été nommé le " virage à gauche " de l'Amérique du Sud.Laurent Lacroix est Docteur en sociologie. Ses dernières recherches portent principalement sur l'Etat plurinational en Bolivie et en Equateur et sur les droits des peuples autochtones en Amérique latine.Claude Le Gouill est Docteur en sociologie, chercheur associé au CREDA. Ses recherches portent sur les communautés andines et les conflits environnementaux en Bolivie et sur le continent américain.
Expériences de la démocratie en Argentine et en France
Faire du conflit le centre de la vie politique est un pari multiple de ce livre. Le conflit définit d'abord une diagonale d'entrée à la connaissance de la vie en commun, car la politique vit en ce qu'elle a d'indéterminé. La présence du conflit apparaît ensuite comme une condition de la démocratie.Mais le conflit définit ici d'autres " diagonales " : entre la France et l'Argentine, entre l'Amérique latine et l'Europe, entre le français et l'espagnol. Après une précieuse série d'articles sur la vie politique des deux côtés de l'Atlantique, ce livre complète sa proposition avec un surprenant vocabulaire de la vie politique fait à par-tir des mésententes résultant des discussions et des débats entre les chercheurs, lorsque les auteurs ont compris que, souvent, les mots de la politique ne signifient pas pareil: citoyenneté n'est pas ciudadanía, tout comme peuple n'est pas pueblo, république república... Ce livre offre une série de grappes ou de constellations de vocables construits par des chercheurs bilingues. Il en résulte un formidable outil de recherche et de compréhension biculturel de la politique contemporaine.Un livre fait de philosophie, d'anthropologie et de sociologie où l'intelligence que ces disciplines offrent de la démocratie est aussi mise en tension, comme une autre manifestation de la vie démocratique dans le conflit.
Dans les années 1990 au Brésil, les premiers texteslégislatifs encadrant le territoire des populationstraditionnelles d'Amazonie brésilienne partaient du postulatque ces populations seraient menacées de disparition sielles venaient à être coupées de leur accès aux ressourcesnaturelles.De 2009 à 2013, à partir de cinq sites d'étude (Abuí, Cunani,Jarauacá, Campo Alegre et São Francisco do Iratapuru),une équipe de chercheurs s'est efforcée de dégager lesenjeux sociaux et spatiaux des populations traditionnellesd'Amazonie. Elle a, pour cela, minutieusement collectéet analysé les informations issues de données GPS,d'entretiens ou de rapports statistiques.Quels rapports ces sociétés entretiennent-elles avec leurterritoire? Qu'entend-on par l'expression " populationstraditionnelles "? Comment le savoir territorial, quifait l'originalité de ces populations, se transmet-il desanciennes aux nouvelles générations? Telles sont lesquestions auxquelles ont voulu répondre François-MichelLe Tourneau et ses co-auteurs géographes, sociologues etanthropologues.
Regards croisés Europe-Amérique latine à l'heure de la mondialisation
Travail, jeunesse et migrations réunit les contributions de quinze chercheurs français, argentins et uruguayens dans le but d'analyser la mobilité des nouvelles générations au sein d'un monde globalisé.Signes des transformations du travail en Europe et en Amérique latine, les notions de précarité et d'informalité se sont imposées, qu'elles s'illustrent par une entrée difficile des jeunes dans la vie adulte ou par de nouvelles formes de migration. Quand les jeunes Européens se mettent en quête d'un emploi stable, les jeunes Latino-Américains recherchent un emploi " formel ", doté de droits sociaux. Dans les deux cas, l'incertitude de l'avenir n'écarte pas les possibilités de résistance et de mobilisation collective.S'affranchissant d'une vision eurocentrée et datée de l'emploi, cet ouvrage invite au dialogue entre sociologies du travail, de la vie quotidienne et de la politique.