Alexander Dorner [1893-1957] écrivit Le Dépassement de l' " art " en 1947, à dessein de reconstruire les outils dont se servent l'histoire de l'art, l'esthétique et la muséologie, — à commencer par le concept d'art. Indissolublement lié à la représentation d'un espace à trois dimensions peuplé de formes exprimant des essences immuables, l' " art " était, à ses yeux, voué à céder le pas à une " nouvelle espèce de communication visuelle " qui serait en phase avec les découvertes de la physique. Il en voyait l'émergence dans le travail d'artistes-designers, issus du constructivisme et du Bauhaus. Pour ce disciple d'Aloïs Riegl, les productions des arts visuels archivent, dans leur spatialité caractéristique, des types de vision culturellement déterminés et historiquement situés; et, dans ce livre préfacé par John Dewey, la " science de l'art " germanique célèbre ses noces avec le pragmatisme américain, dont elle capte l'écho darwinien pour se redéployer en une sorte de psychologie évolutionniste. L'ouvrage explicite en outre les principes ayant guidé Dorner dans ses expérimentations muséologiques: premier directeur d'un musée d'art contemporain, dont il aurait aimé faire une " centrale électrique sociale " productrice de nouvelles énergies, Dorner demeure une référence cruciale pour nombre d'historiens de l'art, de conservateurs et de commissaires d'exposition.
Les développements de l'éthologie en France (1956-1990)
Participer à la naissance d'une science n'est pas si fréquent, c'est pourtant ce qui est arrivé à toute une génération avec l'éthologie, l'étude du comportement animal. Fondée par Konrad Lorenz et Niko Tinbergen dans les années 1930, cette discipline s'est diffusée en France dans la seconde moitié du XXe siècle. La mémoire de cette période sera bientôt perdue et c'est pourquoi nous avons entrepris de rassembler les témoignages de ceux qui l'ont vécue. Ce projet s'inscrit dans ce qu'on nomme la science en action: peindre la science telle qu'elle s'est faite, par des êtres de chair et de sang, avec leurs problèmes professionnels et personnels, leurs oppositions et leurs alliances, leurs grandeurs et leurs petitesses. En faisant revivre les turbulences de leur époque, les auteurs de ce livre nous font saisir chacun à leur manière comment vient à émerger une science.
Les progrès enregistrés par les sciences de la vie sont appelés à modifier nombre de nos conceptions relatives à la personne humaine et à la société. Mais alors qu'il existe une riche littérature théorique sur ce sujet, peu d'études avaient jusqu'à ce jour été consacrées aux pratiques résultant des appropriations sociales des savoirs en génétique et neurosciences. L'objectif principal de ce livre est de contribuer à combler cette lacune, grâce aux contributions de chercheuses et chercheurs issus de différentes disciplines (neurosciences, sociologie, histoire, sciences de l'information et de la communication…). Il révèle une tendance, perceptible depuis quelques décennies dans nos sociétés, à " biologiser le social ". L'importation de grilles d'analyses et d'action inspirées par les sciences biologiques touche en effet un nombre grandissant d'univers, des débats autour du genre, de la race, du transhumanisme ou de la souffrance sociale, aux pratiques en mutation dans les domaines de la santé mentale, du sport, de l'éducation, du marketing ou du droit. À partir d'études de cas concrètes, ce livre conduit à réexaminer la question des relations entre recherche, idéologie scientifique et ingénierie sociale, à l'heure où la biologie s'inscrit durablement dans l'horizon mental de notre temps.
Cet ouvrage explore les expérimentations artistiques et scientifiques conduites autour des robots humanoïdes au début du XXIe siècle.Comment comprendre la robotique scientifique et les arts recourant à ses techniques au plus près de leurs modes de conception et de leurs usages et en s'éloignant des controverses et des discours inquiets qui annoncent le bouleversement des relations entre les humains et leurs technologies?En suivant l'auteur au gré de son parcours parmi les robots et leurs constructeurs, le lecteur est amené à penser la façon dont sont constituées les représentations du corps mécanisé à la fois du point de vue technique mais aussi du point de vue de leur réception.Il est amené à considérer comment ces artefacts expérimentaux génèrent de nouvelles manières de penser l'humain en redéfinissant le cadre des relations entre les sciences, les techniques et la nature, et en déplaçant les frontières séparant les corps vivants de leurs imitations mécaniques.