Paysages de Claude Simon
Il sera ici essentiellement question d'une certaine relation à l'espace propre à l'œuvre de Claude Simon. Plus que les personnages eux-mêmes, c'est la plupart du temps leur environnement immédiat qui retient son attention, à travers lui qu'elle poursuit l'énigme qui les constitue. Car le milieu dans lequel ils évoluent semble toujours exercer sur eux une influence décisive, les modelant, leur imprimant mystérieusement sa marque. L'évocation du cadre rapporte aussi en creux, description palimpseste, un événement que l'écriture choisit d'évoquer par ces voies détournées. Pour narrer, il convient de dépeindre. Mais tout paysage s'inscrit également dans une temporalité. Redéfinir la topographie d'un site, replacer paroles et gestes dans leur configuration singulière, c'est poser les bases de " l'édifice immense du souvenir ". Le corps lui-même tient lieu de paysage ; ses reliefs, ses effondrements, relatent l'histoire de l'individu, tout comme celle des territoires relate celle des hommes. Façon de traduire la pulsation singulière qui rythme l'univers. A la lisière du paysage et du portrait enfin, l'ombre entremêlée, mouvante, des corps enlacés, la parade sexuelle, viennent interroger une autre inscription dans l'espace, celle de la marche vers l'autre et de la quête de soi dans cet affrontement à l'altérité irréductible. De là la question, centrale, de la sédentarité et du nomadisme, du repli et de la recherche. Qu'est-ce qu'un lieu, un être, où se reconnaître ?
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