Depuis le coup d'État du 2 décembre 1851 et la proclamation de l'Empire un an plus tard, jusqu'au désastre de Sedan, débouchant sur la proclamation de la république, le Second Empire passe par une série d'évolutions d'un régime autoritaire à un régime libéral. En 1851-1852, dans l'Yonne, la résistance au régime dictatorial est vive. La répression brutale aboutit à un grand nombre de déportations. Pendant les dix-huit années de l'Empire, comment la presse locale évolue-t-elle ? et l'opinion ? Quelles sont les principales étapes des élections qui envoient au corps législatif des opposants au régime ? Dans la représentation parlementaire de l'Yonne, se détachent les figures de Raudot, de Javal... Au niveau national, comment le parti républicain vaincu en 1851 renaît-il à la vie politique et se conforte-t-il au fur et à mesure de la libéralisation ? Comment se définit la philosophie politique de l'époque ? D'autres figures traversent la scène : le journaliste Prévost-Paradol ; le républicain Émile Ollivier qui passera quarante-trois ans à tenter de justifier sa politique...
L'Assemblée Constituante avait en 1790 cassé les anciennes provinces et divisé la France en départements. Mais l'évolution économique et technique a suggéré de nouvelles circonscriptions plus vastes : les régions. Au souci d'une adaptation géographique, s'est ajoutée l'idée d'une consultation puis d'une représentation des "forces vives" — professionnelles, syndicales, familiales —, absentes des élections traditionnelles. Participation et régionalisation conjuguèrent ainsi leurs suggestions. Les nouvelles collectivités locales ont maintenant pris vie. Quels sont leurs problèmes, leurs rapports avec les collectivités territoriales anciennes maintenues ? Et, au-delà de l'État national, avec la Communauté européenne ?
Après la défaite puis la démission de Mac-Mahon, la Troisième République, consolidée, est "aux républicains", suivant l'expression consacrée. Mais que pensent ces hommes, que vont-ils faire ? On les appellera "opportunistes" parce qu'ils veulent mettre en œuvre, dans le programme républicain traditionnel seulement ce qui leur paraît opportuniste. Désormais la République n'est plus seulement une espérance, un programme, elle doit être un "gouvernement". Le programme essentiel pour ces hommes est de passer d'une culture d'opposition à une culture de gouvernement.
La situation des différentes classes sociales, de leurs luttes, la vie des clubs, les opérations électorales successives, ainsi que les secousses nationales, rythment et expliquent la naissance du département et ce qui s'y passe, tandis que les faits locaux illustrent et expliquent, à leur tour, les grands mouvements nationaux.