À la suite de l'ouvrage pionnier de Fernand Braudel, Civilisation matérielle, Économie et capitalisme, les historiens ont montré à quel point les relations avec les mondes extra-européens ont pu être à l'origine de nouvelles manières de vivre, par suite du goût pour les produits exotiques et de l'accroissement de leur consommation au siècle des Lumières. Le sujet est considérable puisqu'il s'insère aussi bien dans le nouveau concept d'histoire globale que dans celui d'Atlantic History. La question est d'une importance essentielle parce qu'elle engendre des transformations des sociétés de l'Europe de l'Ouest et du Nord-Ouest et qu'il faut aussi penser aux transferts qui s'opérèrent dans l'autre sens, de l'Europe vers l'Amérique.Les auteurs travaillent de manière concrète sur des objets, des produits, des denrées susceptibles de déclencher de nouvelles formes de consommations et de nouvelles manières de vivre de part et d'autre de l'Atlantique. La mondialisation de l'économie s'accélère sous l'égide d'Européens (armateurs, négociants, planteurs, colons...) avec la mise en place de systèmes coloniaux ou " impériaux ", homologues et concurrents, segmentant les trafics intercontinentaux. Des objets jusqu'alors peu connus se généralisent (livres, montres, miroirs), des ustensiles nouveaux apparaissent (tabatières, porcelaine), destinés aux marchandises d'origine coloniale (thé, café, chocolat, tabac). En un siècle, certains biens sont donc passés du statut de produits de luxe à celui de consommations ordinaires. Notons que ces produits, le thé mis à part, s'inscrivent dans le cadre de l'Atlantic History, le sucre étant en particulier, avec la traite des noirs, la cause d'un accroissement quasi vertigineux des trafics atlantiques.
" Gouverner c'est prévoir ", écrivait Emile de Girardin au XIXe siècle mais de tout temps, tous ceux qui exerçaient un pouvoir quelconque s'efforçaient de prévoir et pour cela s'informaient avec les moyens dont ils disposaient. Cet ouvrage collectif regroupe une vingtaine d'auteurs qui, de la Renaissance à nos jours évoquent les multiples facettes de l'informations, le rôle des informateurs et les décisions prises par les détenteurs du pouvoir.
Alors que le château de La Brède est connu dans le monde entier, les héritiers du philosophe ne surent jamais trop quoi en faire. La rentabilité de la propriété était insuffisante pour permettre de tenir un rang de plus en plus difficile à assumer. De la fin du XVIIIe siècle à la veille de la Première Guerre mondiale, l'emprise des femmes est spectaculaire. Ce sont les épouses, les mères ou les filles qui souvent par correspondance négociaient les mariages, imaginaient les successions et au besoin géraient les domaines. Au-delà d'une unité familiale incertaine les Montesquieu, qui évitaient de trop facilement diffuser les œuvres inédites de leur ancêtre, avaient investi une partie de leur fortune dans des affaires trop risquées et après l'indépendance d'Haïti exigeaient le remboursement des plantations de leurs parents. Les Montesquieu héros de l'indépendance américaine n'aimaient pas les Américains et la République française mais n'hésitèrent pas à combattre et à mourir pour la Patrie en 1870 et en 1914. L'histoire des Montesquieu c'est sans doute celui de toute une partie de la noblesse française.
Continuités et ruptures dans les constructions générationnelles
Cet ouvrage analyse des figures de l'engagement des jeunes, abordées sur plus d'un siècle et dans les domaines les plus variés: l'activité militante et politique (contre la guerre, pour la paix, pour la construction de l'Europe…), la vie étudiante et lycéenne, les expressions identitaires liées à l'immigration, la création littéraire envisagée dans ses divers genres narratifs, les pratiques associatives culturelles, sportives, socio-éducatives religieuses, la protection de la nature et de l'environnement. Le temps de la jeunesse est devenu celui des expériences. Les engagements, qu'ils soient intra-générationnels ou inter-générationnels, éphémères ou durables, unificateurs ou clivants, combinent continuités et ruptures à l'échelle des décennies, des générations ou des appartenances sociales, sachant mobiliser divers supports et moyens de communication. Une mémoire partagée, des filiations réelles ou revendiquées instaurant une expérience commune, un imaginaire construit autour de personnalités charismatiques ajoutent souvent à la force de ces engagements juvéniles.Une trentaine de spécialistes appartenant à un large éventail de disciplines universitaires posent les bases d'une approche argumentée des " figures de l'engagement des jeunes " dans quelques pays européens, aux ancrages thématiques concrets doublés d'un souci partagé de clarification conceptuelle et d'élaboration méthodologique appropriée.
Le 12 mars 1814, le maire de Bordeaux, Jean-Baptiste Lynch, arborant la cocarde blanche, accueillait les Anglais en libérateurs. Il montrait ainsi aux Alliés qui envahissaient la France que les Bourbons représentaient une alternative crédible à Napoléon. Deux siècles après ces événements, titres de gloire de la capitale girondine de 1815 à 1830, une vingtaine d'historiens français et étrangers, se retrouvaient, à l'initiative du Centre d'Etudes des Mondes Moderne et Contemporain, pour évoquer ces événements " marginaux " de la campagne de France, en les replaçant dans le contexte général. Les vingt communications ont été regroupées en trois thématiques successives: la dislocation de l'Europe napoléonienne; d'une fidélité l'autre, la fin du grand Empire; le Sud-Ouest, terrain d'action périphérique ou centre d'impulsion du retour des Bourbons.
Patrimoines et territoires de la recherche en éducation dans l?espace français
Ce livre invite à examiner les traces du passé de l'éducation par le biais de l'ensemble des supports patrimoniaux qui sont aujourd'hui à la disposition des chercheurs. Il permet également de montrer le rôle de l'historien dans la valorisation scientifique du patrimoine de l'éducation. Cet ouvrage est publié dans le cadre du programme de recherche Patria (Entre histoire et mémoire, le patrimoine aquitain de l'éducation: http://www.patrimoine-aquitain-education.fr/ porté par le CEMMC et l'ESPE d'Aquitaine. Il montre la richesse et la diversité de ce patrimoine éducatif qu'il ne faut pas cependant sacraliser mais étudier en historien, avec méthode et esprit critique. L'ouvrage rassemble les contributions de nombreux chercheurs spécialistes du champ de l'histoire de l'éducation et couvre un grand nombre de domaines concernant l'enseignement, la culture scolaire et plus largement l'éducation et cela à travers trois grands axes: la diversité du patrimoine éducatif pour l'historien, le patrimoine éducatif exploré par les historiens, les nouveaux territoires de la recherche en histoire de l'éducation.
Cet ouvrage souhaite faire la part belle à la dénonciation comme l'un des moteurs du processus d'étatisation ou de publicisation de la justice du Moyen Âge à nos jours. Mais l'essor de la dénonciation ne doit pas être abordé comme étant le fruit de seules volontés politiques. Lorsque les appels à la dénonciation sont émis, la population choisit de coopérer ou non. Enfin, on ne pouvait totalement fermer la porte à une approche de la dénonciation judiciaire comme mécanisme de signalement et d'information des délits commis au sein des communautés. Elle a beau être un acte défini et régulé en droit, elle n'en demeure pas moins multiforme et largement insaisissable entre l'oral et l'écrit. Les contributions rassemblées ici montrent combien les progrès de ce mode de saisine des juges ne sont pas linéaires. Ils dépendent de la capacité des justiciables à se l'approprier en tant que victimes directes ou non des faits dénoncés. Ils sont déterminés aussi par les mésusages et les dérives qui font alors de cette pratique une ressource procédurale stratégique à l'heure de dénoncer pour les uns, de juger pour les autres.
Les auteurs de ce livre, fruit d'une Journée d'études, évaluent la place et le rôle de Léo Lagrange (1900-1940) qui fut considéré, durant le Front populaire et pour la postérité, comme le " Ministre de la Jeunesse " par excellence, au point de donner lieu a un des mythes les plus mobilisateurs. Ils montrent en quoi, au-delà de l'action déployée par le jeune Sous-secrétaire d'État aux Sports et aux Loisirs, bientôt relayée par une " génération Léo Lagrange " fondatrice autour de Pierre Mauroy de la Fédération qui perpétue son nom, sans oublier la dénomination de multiples infrastructures sportives, équipements socioculturels ou associations d'éducation populaire, et la fédération sportive affinitaire qui s'en réclame, la figure de Léo Lagrange constitue un élément majeur du renouvellement des jeunes générations.
Parlements et Lumières : l'association des deux notions peut sembler contre nature, tant l'historiographie a longtemps vu dans les magistrats une catégorie hostile par principe aux Lumières, les bourreaux de Calas et de quelques autres comme les adversaires égoïstes d'une monarchie éclairée et réformatrice qu'ils finissent par perdre en descendant eux-mêmes à sa suite au tombeau. Seuls quelques avocats apparaissent sous un jour plus favorable, défendant l'innocence accablée par l'injustice des nantis ou prenant part à la Révolution.Pourtant les progrès de la recherche nous conduisent à des vues beaucoup plus nuancées aussi bien sur les cours et les gens de justice que sur les Lumières elles-mêmes qui ne se limitent pas au seul combat philosophique. Dans ce volume collectif, il est question des gens de justice face aux idées nouvelles, des formes de leur adhésion à celles-ci et de la définition qu'ils ont essayé de donner d'un ordre du monde rénové. Réintroduire les parlementaires en tant que tels dans l'étude de la France des Lumières permettra de comprendre celle-ci plus exactement.
Sous l'Ancien Régime, les parlements, de Paris comme de province, étaient au cœur du fonctionnement de l'État. Têtes du système judiciaire français, mais aussi dépositaires des lois autant qu'administrateurs des questions les plus diverses, ils assumaient bien des aspects de la bonne marche du royaume. Cependant, ces cours avaient la réputation non usurpée de se montrer régulièrement indociles, voire rebelles aux yeux de certains ; la Fronde au XVIIe siècle et les querelles chroniques du XVIIIe siècle en sont les signes les plus manifestes. Pourtant, au sein de ces cours, le pouvoir royal a toujours eu des partisans, qu'il s'agisse de personnes étant de par leur fonction les " représentants " de la monarchie au sein de la cour (les gens du roi) ou de magistrats qui, pour des raisons personnelles et de façon informelle, défendaient la position du souverain (les hommes du roi). Or, si les procureurs généraux sont de moins en moins pour nous des inconnus, on sait en revanche peu de choses des premiers présidents au parlement, tandis que les partisans du pouvoir royal sont souvent ignorés au profit de ceux qui ont incarnés l'opposition à la monarchie.
Dirigé par Olivier Chaline, JarosBaw Dumanowski et Michel Figeac, cet ouvrage réunit les contributions des chercheurs ayant participé au colloque consacré au " Rayonnement français en Europe centrale du XVIIe siècle à nos jours ", qui s'est déroulé en octobre 2008 à Bordeaux. Cette publication de la Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine et du Centre d'Études des Mondes Moderne et Contemporain aborde le rayonnement de la France en Europe centrale à travers plusieurs thématiques telles que l'armée et la diplomatie françaises, le livre français, l'influence artistique ou économique. Les auteurs s'attardent sur les succès français, en étudiant comment le rayonnement de la France a pu s'imposer à certains moments. Aujourd'hui, avec la chute sensible de l'influence française en Europe centrale, cet ouvrage est un appel à rechercher de nouvelles solutions pour une évolution future.
Christine Bouneau, Maître de conférences à l'Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3, met en perspective le socialisme et la jeunesse en général, pour analyser la dynamique qui en résulte dans une dimension multiscalaire (locale, nationale et internationale). En retraçant l'histoire du socialisme et de la jeunesse, l'auteur nous fait redécouvrir, en exhumant des textes souvent peu connus, les prises de position des grands hommes du socialisme, tels que Jean Jaurès, Paul Faure, Léon Blum, Léo Lagrange, Guy Mollet ou Pierre Mauroy. L'auteur distingue les acteurs, les discours, et les moments et les lieux, et nous offre ainsi l'itinéraire, sur près d'un siècle, d'une famille politique. Si Jean Jaurès considérait que l'avenir du socialisme tenait dans la jeunesse, les relations du socialisme avec ses Jeunesses et ses Étudiants sont souvent chaotiques.