W. B. Yeats (1865-1939) est apprécié comme un des plus grands poètes de l'époque. Moins connue, surtout en France, est sa seconde contribution majeure à la littérature de ce siècle: ses nombreuses pièces de théâtre. Yeats a été l'initiateur du mouvement du théâtre irlandais et de l'Abbey Theatre. En tant qu'auteur dramatique il choisit le drame poètique à une époque où, dans les pays de langue anglaise du moins, la forme ne répond pas à la demande des contemporains. Wagner, Villers de l'Isle-Adam, Maeterlinck l'aident à forger ses idéaux; puis il est enthousiasmé par les recherches de Craig et, plus tard, par les nô. Les techniques des Symbolistes, les sujets mythiques irlandais, et des thèmes apparentés à ceux du nô s'allient pour produire un drame poétique qui ne ressemble à aucun autre écrit en anglais. Les rapports entre le temporel et le spirituel sont au coeur de ses pièces. Il refuse les structures traditionnelles où l'intrigue joue un rôle de premier plan et préfère la pièce en un acte dont la brièveté met en valeur l'intensité dramatique. Il expérimente les procédés de la tagédie grecque et ceux du nô. Dans son désir d'embrasser toute l'expérience humaine, il s'intéresse à la tragédie et à la farce ; il trouve à cette juxtaposition des précédents historiques dans le théâtre grec ancien et la tradition japonaise classique. Parce qu'il ne doit pas détourner du texte l'attention du spectateur, l'acteur ne peut se permettre un geste superflu. Un même sobriété s'impose dans la mise enscène. Le mot recouvre sa souveraineté. Pièces d'avant-garde à leur époque, elles frappent maintenant par leur actualité.
La nouvelle, l'une des formes littéraires les plus difficiles, exigeant une concentration et une intense économie d'effets, a séduit les écrivains irlandais par sa diversité et le champs immense qu'elle offre à l'imagination. Elle est issue du conte folklorique gaélique; le conteur tenait une place de choix dans l'Irlande anicenne, ce qui explique peut être l'essor remarquable de ce genre au cours des siècles. Bon nombre d'érivains de la Renaissance littéraire cherchèrent leur inspiration dans cette tradition. Une évolution marqua le passage de la légende ou de l'histoire traditionnelle à la nouvelle contemporaine avec la fusion entre la forme ancienne du conte et les préoccupations de la littérature moderne. Après l'euphorie romantique de la Renaissance, on assistera à l'éclosion d'oeuvres réalistes, tirant leur valeur universelle de l'étude minutieuse d'un milieu restreint. Les plus grandes nouvelles devaient désormais plus au génie narratif de leurs auteurs qu'à la trdition et témoignaient d'une création personnelle de l'imagination. Aujourd'hui, l'ancien conflit de l'homme contre la société, ou de l'homme contre l'Eglise a été remplacé par un drame intériorisé qui se déroule dans l'âme individuelle et dans les rapports humains. Quelle que soit l'époque, tous ces auteurs ont réussi, chacun à leur manière, à faire exploser la concision du récit pour exprimer leur vision du monde et de l'homme.