Contraintes et opportunités des enfants et adolescents placés dans les cantons de Fribourg et de Neuchâtel (1950–1985)
" J'ai dix-huit ans passé, je n'ai aucun métier dans les mains, c'est vraiment triste. " Voici comment Gérard*, placé dans diverses familles et foyers d'accueil, résume sa situation professionnelle. Tout comme lui, de nombreux enfants et adolescent·e·s placés durant les années 1950 à 1980 peinent à acquérir des ressources pour leur entrée dans la vie adulte. Pourtant, à cette même époque, commence une transition économique et sociale permettant la démocratisation des études et l'explosion de la culture et de la sociabilité de la jeunesse. La modernisation et les progrès apparents ne touchent cependant pas toutes les catégories de population de la même manière. Les jeunes placés sont particulièrement prétérités et peuvent être considérés comme les oubliés des Trente Glorieuses: ils restent en marge de ces évolutions et sont confrontés à une réalité bien différente de celle de la majorité lorsqu'il s'agit d'effectuer une formation et de nouer des relations durables.À partir de dossiers individuels, cet ouvrage met en évidence les difficultés rencontrées par les jeunes placés pour acquérir du capital humain et du capital social. Comment les autorités justifient-elles les placements et comment ces mesures sont-elles concrétisées? De quelles opportunités de formation les jeunes placés disposent-ils? Quelles relations sociales peuvent-ils développer pendant la durée de l'intervention?
" Pour nous Messieurs, nous sommes bien décidées à ne jamais confier nos fils et nos filles à des Ministres nouveaux, dont le pays n'aurait pas éprouvé la moralité, à une Église où l'on enseignerait peut-être des doctrines socialistes ou communistes. " En 1845, Louise Émilie Caille, comme 315 femmes de Payerne, signe la pétition libérale qui s'oppose au renvoi des pasteurs en conflit avec le Gouvernement radical. Elle rejoint ensuite les rangs de l'Église libre avec son mari. Les conjointsauront trois enfants, et Louise Émilie est âgée de vingt-sept ans à la naissance du cadet.Au début du XIXe siècle, la pratique qui vise à limiter la taille de la famille est diffusée parmi plusieurs couples qui, comme eux, appartiennent souvent aux cercles libéraux. À l'heure où naissent les premiers partis politiques dans le canton de Vaud, les clivages en termes de valeurs ne s'affichent pas qu'au sein des assemblées et des conseils, ils s'expriment également dans le rapport que les femmes et les hommes entretiennent avec les normes morales et religieuses de leur temps.L'auteure de cette étude propose un regard nouveau sur les polarisations qui ont suivi la chute de l'Ancien Régime et sur l'histoire de la sexualité. En considérant les comportements reproductifs comme une forme de représentation sociale et l'expression d'identités, elle souligne le rôle crucial des femmes dans la création de milieux politiques et religieux, ainsi que dans la transmission de " cultures sexuelles " familiales.
Charles-Ferdinand Morel et Isabelle Morel-de Gélieu
Le XIXe siècle a un an lorsque Charles-Ferdinand Morel et Isabelle de Gélieu unissent leur destinée. Dès lors, ils formeront un couple en vue grâce à leurs multiples activités sociales, religieuses, politiques, artistiques et littéraires. De nombreuses personnalités de passage dans le Jura bernois s'arrêtent dans leur demeure, un lieu de rencontres, d'échanges sur l'art et la littérature, de débats sur les idées nouvelles.Les réalisations auxquelles le Doyen Morel a contribué – la création d'une caisse centrale des pauvres, d'une caisse d'épargne et d'un orphelinat, la rédaction d'une constitution, l'élevage de mérinos – amorcent des évolutions qui marqueront les sociétés futures par leur audace. Quant à Isabelle de Gélieu, notoriété lui est acquise par ses romans et ses traductions littéraires.Mais derrière cette façade de vie mondaine, qu'en est-il de l'intimité du couple? Interrogeant les frontières entre vie privée et vie publique, vie cachée et vie visible, sept historiennes et historiens offrent une approche renouvelée de ces deux personnages et de leur siècle. L'image qui en ressort est plus contrastée que celle présentée jusqu'à aujourd'hui. Mari et femme vivent côte à côte mais à la lecture des écrits d'Isabelle, on saisit que l'amour n'est plus présent. Dès lors, comment continuer à vivre ensemble sans s'aimer? Comment trouver l'énergie pour créer, lorsque les difficultés financières, les disputes et une forme d'indifférence envahissent le quotidien?
Abus sexuels et maltraitances d'enfants placés à l'Institut Marini
Des enfants fragiles, des prêtres respectés et soutenus par leur hiérarchie, une maison fermée où règne une discipline de fer, un silence pesant sur la sexualité. Telles sont les composantes du drame des abus sexuels survenus dans de nombreux établissements de placement d'enfants au cours du XXe siècle. Les recherches historiques ont mis en évidence, de la part des responsables, les mêmes stratégies de dissimulation et d'impunité des coupables.Pour l'Institut Marini de Montet (Fribourg/Suisse), théâtre d'abus graves et répétés, le silence n'a été levé que récemment, grâce à la recherche historique indépendante mandatée par Mgr Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. Cet ouvrage, édition révisée et complétée de l'enquête initiale, revient sur la poursuite du processus de réparation et propose une conclusion situant le cas Marini dans le développement international des études sur les abus sexuels et maltraitances.La recherche historique participe pleinement du processus de reconnaissance et de réparation actuellement en cours en Suisse. En rédigeant cet ouvrage, les auteurs ont également eu une pensée pour tous les ex-pensionnaires de Marini qui n'ont pas souhaité confier leur témoignage, ainsi qu'à tous les ex-enfants placés, qui ont vécu des expériences similaires à celles rapportées dans ces pages. Que ce livre puisse répondre à certaines de leurs questions et, peut-être, les aider à vivre.
Naissance et développement de l'union des femmes de Lausanne (1896-1916)
Basé sur les très riches écrits des membres de l'Union des Femmes de Lausanne, ce livre présente les conditions d'émergence et le développement d'une des plus importantes associations féminines suisses de la Belle Époque dont il interroge les élans et les limites, les espoirs et les contraintes, ainsi que les contradictions. Il présente la vie précaire et tenace d'une association en quête d'identité qui offre aux femmes lausannoises, avant la cassure contextuelle de la Première Guerre mondiale, une bouffée d'air au sortir d'un XIXe siècle qui a étouffé toute velléité d'émancipation féminine.Dans le petit appartement qu'elle loue au cœur de la ville, l'Union des Femmes de Lausanne affronte de constantes dif?cultés ?nancières, logistiques et organisationnelles pour offrir en son sein foison d'activités émancipatrices aux femmes de toute condition. Créée en 1896, elle tente l'expérience d'une vie associative indépendante de toute ingérence extérieure. Contre vents et marées, elle réussit à garder le cap: " créer, organiser, durer ", et cherche à se ménager une place dans l'espace public encore exclusivement aux mains des hommes.
Entreprise métallurgique douaisienne à vocation internationale
Originaire de Purgerot en Haute-Saône où il naquit en 1797, Étienne Bernot demeure peu connu en France. Pourtant, cet artisan spécialisé dans le travail de l'acier joua un rôle clef dans la Révolution industrielle par la mise au point d'une machine à tailler les limes, outils essentiels pour l'ajustage des pièces métalliques. Sa renommée internationale, plus que nationale, s'explique par le recours à son brevet en Amérique, afin d'alimenter l'industrie d'armement des forces de l'Union lors de la guerre de Sécession (1861-1865), et par le fait qu'il soit considéré comme un bienfaiteur de l'humanité. En effet, son oeuvre ingénieuse relègue au second plan la taille manuelle aux conséquences mortelles.En 1856, avec Jules Prignet et l'appui de plusieurs dirigeants des établissements Cail, il fonde une société qui établit une limerie à Douai. Sans négliger la production des limes de cette fabrique, le Nivernais Philippe Mansoy y lance la production de ressorts pour l'équipement des chemins de fer, tâche que poursuit son gendre Alphonse Guillaume. À la fin du XIXe siècle, l'appui d'industriels douaisiens donne une nouvelle impulsion à l'entreprise, alors dénommée Usine des ressorts du Nord, par la fourniture de ressorts à l'industrie automobile naissante.Installée depuis 1913 en périphérie de Douai, l'entreprise concourt à l'industrialisation du Douaisis mais connaît les affres des deux conflits mondiaux. Les versements pour une caisse de retraite et les allocations familiales avant le cadre législatif de l'État, ou encore la construction de la cité ouvrière Achille Dincq témoignent de son oeuvre sociale. S'appuyant sur les ressources humaines locales, elle conserve une réputation et une vocation mondiale. À l'aube du XXIe siècle, elle demeure un acteur économique incontournable par le biais des trois sociétés héritières de l'Usine des ressorts du Nord : Allevard Rejna autosuspensions, Railtech international et Styria ressorts véhicules industriels.
A la fin des années 60, une vague de féminisme déferle sur l'Occident. Des États-Unis en passant par le Japon et l'Europe, des femmes au verbe radical réclament l'égalité sociale avec les hommes. A coup de slogans et de cris dans les mégaphones, elles exigent la révolution et se moquent de la réforme. La plupart d'entre elles ont été formées par les révoltes de mai 68 et maîtrisent la phraséologie marxiste.Ces mouvements féministes centrent leurs luttes autour du corps féminin et de la sexualité. La contraception et l'avortement libres et gratuits constituent la pierre angulaire de leurs campagnes. Ces droits sont exigés lors de manifestations non autorisées, de sit-in, d'interventions spontanées et lors d'assemblées. Toujours dans des cris de joie et par le biais de slogans humoristiques.Cet ouvrage retrace l'existence du Mouvement de Libération des Femmes ( MLF ) en Suisse et plus particulièrement à Genève. Il s'est construit sur la base de sources écrites réunies par les anciennes militantes du MLF de Genève et de témoignages oraux. Le sujet a été peu abordé jusqu'ici, c'est donc l'option d'une analyse du mouvement dans sa globalité qui a été choisie. Cette approche permet de saisir quelle a été l'influence du MLF sur les évolutions sociales, culturelles, politiques et sur le plan des représentations.
L'identité féminine définie par un journal de mode La Mode Illustrée: journal de famille.
L'ouvrage établit un rapprochement entre la croissance phénoménale des journaux de mode au XIXe siècle qui deviennent spécifiquement féminins et l'adoption par la femme bourgeoise d'un nouveau rôle, celui de la reine du foyer.Etre femme au XIXe siècle ? Tout un programme en perspective et de sérieux problèmes si l'on veut ressembler à la figure modèle. Le moule imposé oblige à jongler avec mille ambiguïtés : élue reine du foyer, la femme excelle à diriger son " petit état " tout en étant irréprochable dans ses relations sociales, elle est à la mode mais non pas futile, intelligente sans être savante.Comment devenir cette créature idéale ? La presse de mode, en pleine croissance, se profile comme un miroir dans lequel les femmes peuvent se contempler pour y voir reflétée leur identité. Le journal de mode va créer une communauté où l'on se parle de femme à femme, ce qui l'autorise à distribuer des conseils non plus seulement vestimentaires, mais aussi comportementaux et éducationnels. La vie entière de la lectrice est prise en charge par cette presse spécialisée ; elle est guidée dans le déroulement des événements de l'année, chaperonnée par l'arsenal du périodique à tous les âges de la vie, événement après événement jusqu'au seuil de la mort.C'est au moyen d'un hebdomadaire de mode parisien très en vogue et largement diffusé, La Mode illustrée : journal de la famille, dirigé par une femme de lettres, Emmeline Raymond et publié par la célèbre maison Firmin-Didot, que Raphaëlle Renken-Deshayes a étudié ce discours dominant sur une période de dix ans (1861-1871).
La lutte contre les maladies sexuellement transmissibles à Lausanne et à Neuchâtel avant l'apparition du SIDA
Dès la fin du XIXe siècle, la syphilis, la blennorragie et le chancre mou ont entraîné une grande peur, suscitant l'organisation d'une lutte. C'est l'histoire de cette peur et de cette lutte que nous raconte Nicole Malherbe.Le sida n'est pas la première maladie sexuellement transmissible à laquelle notre société est confrontée et contre laquelle elle tente de lutter sans parvenir à la guérir.Deux aspects ont occupé une place centrale dans cette lutte : la prostitution et la culpabilité du malade. Face à ces questions, des attitudes différentes ont émergé selon les régions, les mentalités, l'époque et la religion, attitudes qui nous font plonger au cœur d'une société qui en révèlent différentes facettes. Malgré des préjugés profondément ancrés, les acteurs de ce combat, des médecins notamment vont réagir, s'organiser en associations et inciter la population et l'Etat à lutter contre ces maladies. En comparant ce qui s'est fait en matière de prévention et de lutte à Neuchâtel et à Lausanne, Nicole Malherbe retrace les principales attitudes et actions mises en place en Suisse romande entre 1870 et 1950. Les questions posées sont actuelles : Quelles peurs ces maladies ont-elles engendrées ? Qui les a combattues et avec quelles armes ? Quelles furent les stratégies mises en place : discours moraliste ou prévention ? " J'ai voulu montrer que le sida n'est pas le premier fléau sexuellement transmissible et qu'on peut retrouver des correspondances et des mécanismes identiques dans la lutte contre la syphilis " Nicole Malherbe, 24 heures, 5 novembre 2002. " Cette étude scientifique permet de vulgariser le sujet et de rendre sa compréhension accessible du grand public. Les questions posées sont actuelles (...) Un livre qui interpelle, mais qui est intéressant à lire par son aspect historique et actuel. Il va de la découverte des maladies vénériennes aux enjeux de la lutte contre celle-ci, en passant par des planches illustrant ces maladies, l'évolution du préservatif tant masculin que féminin. ", La Broye, 30.10.2002.