Mélanges de langue, d'histoire et de littérature offerts à Jean-Charles Herbin
Professeur émérite à l'Université polytechnique Hauts-de-France (Valenciennes) en langue et littérature médiévales, Jean-Charles Herbin formé de nombreux disciples et est reconnu internationalement comme un très grand spécialiste du cycle épique des Lorrains, dont il a mis en lumière la constitution progressive et édité de nombreux textes, soit en vers (Hervis de Més, la Vengeance Fromondin, Yonnet, Anseïs de Gascogne) soit en prose (ms. Arsenal 3346). Il a par ailleurs découvert et publié de nombreux fragments de textes médiévaux, dont un passage des Enfances Charlemagne jusque-là inconnu et qui a servi de modèle aux adaptations allemandes.Ses collègues de Valenciennes, mais aussi de nombreuses universités françaises et étrangères, lui offrent ici un recueil de cinquante-cinq articles consacrés au Hainaut médiéval et à la littérature épique, de même qu'à la littérature moderne et contemporaine, à la linguistique et à l'anthropologie.
Du 15 juillet 1842 au 1er avril 1843 le sergent Jean-Joseph Barbier suit les cours que donnent Francisco Amoros et ses assistants aux militaires qui aspirent à devenir moniteurs de gymnastique dans l'armée. C'est cet enseignement, consigné huit mois durant sur un simple cahier, que nous reproduisons ici dans sa forme originale. Accompagné et éclairé par trois textes d'analyse, le manuscrit de ce soldat appartenant au 50e régiment de ligne constitue un document inédit.Il est un témoignage unique et essentiel permettant d'appréhender, à partir de la seule trace écrite laissée par un élève connue à ce jour, la nature et les contenus de cet enseignement gymnastique, normal et militaire.De fait, il nous transporte au plus près de la pédagogie physique inventée et mise en œuvre, sous la Restauration et la monarchie de Juillet, par celui qui, après avoir été un personnage influent de la vie politique espagnole, va s'imposer, en France, comme le premier des grands propagateurs de l'éducation physique.
Pourquoi réunir en un volume une quinzaine d'articles publiés par Gérard Gayot au fil des années ? Parce qu'ils sont, pour la majorité d'entre eux, difficilement accessibles ? Certes. Bien plus encore, parce qu'ils sont le fruit d'une réflexion qui, à l'exception des Draps de Sedan (1998) et antérieurement de La franc-maçonnerie française (1980), ne s'est pas traduite par des livres susceptibles de dire toute l'originalité et l'ampleur de sa réflexion.Gérard Gayot n'a pas seulement été l'homme de sociabilité des Lumières puis, dès 1969, de la manufacture sedanaise. Sa curiosité singulière l'a conduit bien au-delà et il a fréquemment pris des chemins de traverse pour initier des thèmes alors novateurs ; elle l'a aussi incité à puiser dans l'ensemble des sciences humaines et sociales de quoi affiner son questionnement et polir sa démarche.Gérard Gayot entendait soumettre la théorie à l'épreuve des faits. Le changement social au tournant des XVIII° et XIX° siècles, le drap de Sedan et d'ailleurs quand il s'agit de donner à l'industrialisation toute son intelligence, les ouvriers qui font " la belle ouvrage ", les relations complexes entre entrepreneurs, institutions et territoires : il ne cessait de varier les angles d'attaque pour interpréter le monde et contribuer ainsi, sinon à le changer, du moins à y intervenir à partir d'un jugement réfléchi et responsable. Par l'entremise de ce recueil, on se surprend à entendre une fois encore l'enseignant respectueux de son public qui, de sa voix chaude, savait dire les valeurs et la rigueur qui fondent une action.
Jean Ray et Thomas Owen... Ce ne sont pas deux vies parallèles que nous donne ici à lire Jean-Louis Etienne, mais deux vies littéraires entremêlées. Cet entrelacement est porteur de sens pour la logique du champ littéraire belge, au gré des pouvoirs associatifs et analogiques, avec en ligne de mire l'imaginaire septentrional. Cette vie associative entre les deux auteurs permet aussi de montrer qu'un texte n'est jamais mort après publication. Non seulement il est revivifié par le lecteur, mais il peut être régénéré par les auteurs eux-mêmes. C'est le cas exemplaire des deux textes ici proposés en fil rouge. Qu'il s'agisse de " La/Le Scolopendre " de Jean Ray, ou d'un texte princeps sur Jean Ray que Thomas Owen ne cesse de reprendre pour le faire évoluer en fonction non des aléas éditoriaux, mais aussi en fonction de l'évolution du champ littéraire et de sa place au sein de ce dernier, on conçoit bien que les textes (ou plutôt, le texte qui devient textes) sont inextricablement liés à leurs contextes.Difficile, donc, d'en revenir ensuite aux textes sans leur contexte... La critique externe ne peut néanmoins suffire pour retravailler l'apocryphe, pour remplacer des ponts par d'autres sur le plan de l'écriture et de la thématique. Dès lors, le travail de Jean-Louis Etienne vient idéalement s'apparier dans cet ouvrage à l'étude tout aussi précieuse d'Anne Neuschäfer. Si avec Jean-Louis Etienne l'on pouvait voir en un premier temps le lieu de la hantise des fantômes de l'analogie, ce sont les linéaments de ces fantômes qui sont ainsi donnés à voir. Textes, contexte, textes en contexte: dis-moi ce qui te hante, montre-moi comment tu hantes, dis-moi qui tu vas hanter... Thomas Owen et Jean Ray...
La Première Guerre Mondiale engendre un essor extraordinaire de la propagande dans les territoires occupés de France et de Belgique. Les autorités allemandes entendent ainsi faire adhérer la population à ses buts de guerre. En réaction, un groupe de jeunes enseignants des Facultés Catholiques de Lille et de l'Institut Technique roubaisien créent et développent une presse clandestine diffusée de janvier 1915 à décembre 1916 sous des titres divers, de La Patience à l'Oiseau de France. Ce journal connaît une audience certaine avant de voir ses protagonistes arrêtés et déportés.Cet acte de résistance, restitué ici pour la première fois, nous éclaire sur un aspect souvent évoqué mais jamais véritablement analysé de la Grande Guerre. Il dessine aussi, en creux, les craintes et les espérances d'une population opprimée sous le joug de l'ennemi.
Depuis une trentaine d'années, l'histoire de la Première Guerre mondiale a subi de profonds renouvellements. L'étude du conflit sous ses aspects diplomatiques et militaires a fait place à celle des sociétés en guerre tandis que s'est intégrée au sujet l'analyse de la trace longue du conflit. A ce double titre, la réédition de l'ouvrage de Charles de Kerchove, L'industrie belge pendant l'occupation allemande 1914-1918, publié initialement aux Presses Universitaires de France en 1927, présente un grand intérêt.Cette étude compte, aujourd'hui encore, parmi les rares approches de la vie économique dans les territoires occupés au cours du conflit. Elle révèle en même temps quelles sont les préoccupations de l'un des protagonistes directement impliqués dans la question des réparations.Regard rétrospectif en forme de mémoire obligée de l'après-guerre, L'industrie belge pendant l'occupation allemande 1914-1918 est ici mis en contexte de manière novatrice. Il permet d'envisager de nouveaux chantiers de recherche sur les acteurs de l'économie partagés entre résistance et "moindre mal".