Le Mineur est souvent envisagé par la recherche universitaire sous l'angle des minorités: il s'agit en général de définir, de circonscrire, ou de donner voix à diverses minorités, littéraires, politiques, sociales, et de les étudier sous l'angle des discriminations dont elles sont victimes et des revendications qu'elles portent, au titre d'une identité voire d'un statut. Lors d'un séminaire intitulé Puissance du Mode Mineur, l'équipe CLIMAS (EA 4196) a invité des chercheurs et chercheuses qui ont toutes et tous questionné cette assignation du mineur à la minorité. De 2015 à 2020, des conférences en français ou en anglais ont permis de mettre en lumière les stratégies utilisées par ce Mineur pour proposer des alternatives créatrices au mode majeur, au " mainstream ", aux pratiques et aux discours officiels. Ces rendez-vous mensuels réunissant des collègues de diverses disciplines sont venus alimenter l'intuition suivante: le mineur n'est pas seulement opprimé, il est aussi force de proposition, capable de déstabiliser le Majeur. Ce sont ces interventions que nous publions aujourd'hui afin d'illustrer cette mise en puissance du Mineur, comme positionnement délibéré. De la littérature américaine à la série télévisuelle, en passant par les poèmes de John Keats, les exemples sont nombreux qui donnent à voir une capacité agissante des marges et un mode mineur doté d'une force et d'une vigueur incontestables.
Ce volume a pour objectif d'étudier le phénomène de la folie du narrateur dans la fiction et dans le cinéma anglo-saxon. Si la folie des personnages a fait l'objet d'un certain nombre de travaux récents portant sur les savants fous, et si la représentation de la folie est un des sujets favoris de la fiction, c'est ici le cas plus étrange des narrateurs fous, oxymore fertile, qui est examiné.La folie narratoriale, qui relève du phénomène plus large de la non-fiabilité tel que l'a défini Wayne Booth, éveille le soupçon, et met en jeu une instabilité, un décalage entre la voix du narrateur et celle de " l'auteur implicite ". Les différents auteurs de ce volume examinent les effets de ce soupçon introduit dans le texte, et s'interrogent sur ce qui différencie la folie des autres types de non-fiabilité. Ils distinguent entre une folie explicite, immédiatement visible, et une folie esquissée comme une simple hypothèse du texte, et montrent que de nombreux textes ou films peuvent ainsi donner lieu à une double lecture, " confiante " ou " soupçonneuse ". Ils relèvent dans les deux cas les manifestations et les symptômes de cette folie, et dressent un tableau critique et clinique des narrateurs fous qui déstabilisent le lien entre réalité et représentation.Le volume est organisé en trois parties: la première partie examine les enjeux éthiques du choix de confier la narration à un narrateur fou, la seconde est consacrée à une réflexion esthétique et rhétorique, tandis que la troisième s'intéresse au cas particulier des arts visuels.
Transmission et mobilité culturelles dans les mondes anglophones
Le présent volume se propose d'explorer la dynamique de la transmission culturelle à partir d'un certain nombre d'exemples puisés majoritairement dans les mondes anglophones. La figure du passeur reste associée à une représentation mythologique ou biblique traditionnelle. C'est une figure souvent héroïque, qui aide à franchir un obstacle ou une étape. Le passeur joue un rôle dynamique et symbolique fort. Sa fonction d'accompagnateur va de pair avec la découverte, l'initiation. Les articles rassemblés ici montrent que son image a évolué au fil du temps. Il est devenu faillible, contesté. À l'issue d'une ère idéologique durant laquelle les notions de valeurs et de transmission ont été mises à mal, la figure du passeur se manifeste sous des formes plus subtiles et mouvantes.
Représentations de la frontière Mexique/Etats-Unis
Cet ouvrage analyse la recrudescence, aux États-Unis, ces vingt dernières années, d'un cinéma focalisé sur la représentation de la frontière mexicano-américaine. Ce genre cinématographique en plein essor, en phase avec le discours actuel sur l'étanchéité des frontières et la délimitation des espaces nationaux, est sous-tendu par un discours critique sur l'expansionnisme étasunien.Zone poreuse ou étanche, jointure ou brisure, mur ou passage, la frontière habite aujourd'hui les représentations cinématographiques hollywoodiennes ou plus indépendantes, attestant des rapports conflictuels ou apaisés, passés ou présents, entre deux communautés linguistiques et culturelles qui lentement s'hybrident. Le débat entre le clos et l'ouvert, l'assimilation et le refoulement de l'étranger, la libre circulation sans-frontiériste et l'exclusion xénophobe devient l'enjeu idéologique d'un cinéma contemporain qui représente autant les replis identitaires que la fuite ou l'ouverture vers un ailleurs souvent mexicain.À travers l'étude de ce cinéma de la frontière, constitutif du cinéma étasunien dans son ensemble, cet ouvrage témoigne de l'évolution d'une société étasunienne principalement issue de l'immigration à laquelle se posent avec insistance les questions de l'occupation spatiale, de la loi et de l'ordre symbolique.
Ce volume constitue l'aboutissement du programme quadriennal intitulé " pouvoirs et contre-pouvoirs dans les sociétés, les littératures, les arts d'Amérique du nord ". Rassemblant vingt-deux textes, dont cinq en anglais, il porte une interrogation sur la valeur et les effets des postures de résistance que manifestent des artistes, des écrivains, des mouvements politiques et sociaux aux États-Unis. Nous envisageons l'ambiguïté de la résistance au pouvoir pour terminer sur les pouvoirs de l'ambiguïté comme stratégie esthétique, sémiotique, et politique. La plupart des écrivains, artistes et intellectuels convoqués dans les pages qui suivent revendiquent précisément l'entre-deux comme meilleur espace de résistance aux verrouillages dogmatiques. Loin donc de prétendre opposer une vérité à une autre, ils entendent déjouer toute prétention à imposer une vérité, en perturbant toute tentative de classement, en brouillant les catégories, défaisant les nomenclatures, transgressant les normes.
Les articles rassemblés dans ce volume traitent de l'histoire politique, religieuse, de littérature et (last but not least) des arts aux États-Unis. Tous illustrent cet axiome fondamental : pour fonctionner, le cadre doit rester souple, espace de jeu qui sache se remettre sans cesse en jeu. Car loin de bloquer le mouvement, le cadre le contient, le frustre et souvent l'exacerbe. Il faut que le cadre laisse circuler l'énergie qu'il exacerbe sur ses limites, venue du tumulte de l'intérieur. En retour, qu'il s'agisse de politique ou d'esthétique, jamais le travail sur le cadre ne vise à en abolir les limites : tout au plus s'agit-il de les déplacer, les replacer ou les remplacer. Le discours ou l'action qui s'adressent aux limites confortent celles-ci, en les contestant, comme référence ultime.
Colloque international tenu à Bordeaux, 25-27 janv. 2001
Mêlant études socio-historiques et analyses de corpus littéraires et artistiques, l'ouvrage éclaire les diverses manières, souvent ambiguës, dont n'ont cessé de se décliner expansions et expansionnismes entre les deux rives de l'Atlantique.
Dynamique des systèmes de représentation dans la littérature. Colloque international, Talence 8-9 mai 1996
Les auteurs de l'ouvrage, issu d'une réflexion collective, s'attachent à rendre compte du dynamisme des échanges en même temps que de la plasticité des écarts entre les deux piliers de la culture transatlantique. Depuis la Renaissance, la circulation entre Ancien et Nouveau Mondes a été globalement porteuse d'un enrichissement décisif de la pensée et, dans l'optique littéraire qui est ici retenue, de l'imaginaire. Pour autant, ces processus intellectuels n'ont pu empêcher quelques-uns des plus grands traumatismes de l'histoire dont plusieurs œuvres conservent la trace. Ils n'ont pas empêché non plus que s'insinue le désenchantement, le choc des réalités succédant aux espoirs suscités par certains mythes mutuellement entretenus.
Anthologie thématique de poésie chicano. Choix de poèmes
Les vingt-six poètes publiés dans cette anthologie redécouvrent le passé espagnol, puis mexicain, de la vaste portion du territoire qui allait devenir le Sud-Ouest des États-Unis, après la défaite du Mexique en 1848. La véritable patrie sera ainsi non plus le Mexique, mais plutôt la terre d'exil, qui devient paradoxalement le lieu des origines. Cet ouvrage se présente donc comme une mosaïque kitsch composée des quatre-vingt-dix facettes des poèmes choisis — traduits de l'anglais ou de l'espagnol —, toutes marquées par la trace de la terre aride du Mexique et l'ombre du drapeau américain. La sélection est précédée d'une introduction présentant le mouvement culturel chicano et ses principales revendications, suivie d'un glossaire de termes d'argot mexicain et chicano, de termes à connotations culturelles et historiques, d'une bibliographie sélective de critique chicano et d'une bibliographie exhaustive de la poésie chicano publiée à ce jour aux États-Unis.