" Raconter sa vie " ou l'autobiographique sur scène, tel est le cœur de la réflexion du carnet critique, questionnant en quoi les autobiographies scéniques constituent ou non une " mise en scène de soi ", comment elles se nourrissent d'égotisme, à la croisée entre histoire individuelle et grande histoire, quels genres et quels formats elles traversent. Les deux autres carnets se mettent aux couleurs de l'Ukraine pour proposer un coup de projecteur sur l'Ukraine et le théâtre post 24 février 2022, ou ce que la guerre a reconfiguré sur les scènes et écritures ukrainiennes et pour découvrir deux pièces toute contemporaines des dramaturges ukrainiennes Neda Nejdana et de Natalka Vorojbyt.
Interrogeant l'articulation entre sexe, genre et sexualité, faisant la critique des processus de normalisation et d'exclusion, le queer a par excellence partie liée avec la scène. Par des études des scènes française, espagnole, latino américaine, des entretiens d'artistes tel Steven Cohen, et un Manifeste pour une lesbianisation du théâtre (Mag De Santo), le dossier central offre un parcours riche des formes scéniques contemporaines renouvelées. Le Cahier de la création médiatise la naissance d'Aux corps prochains de Denis Guénoun et s'ouvre à la dramaturgie de Zeca Ligiero. Les entretiens du Cahier des spectacles reviennent sur l'édition des œuvres dramatiques de Dumas et sur Les Idoles de Christophe Honoré.
En 1915, la Duse, rencontrant Claudel pour la première fois, à Florence, évoque à propos de son œuvre " l'avènement d'un art nouveau ". De fait, le génie protéiforme de Claudel a la capacité de constamment surprendre, du théâtre lu au théâtre joué, de la poésie à la théologie, de la critique à l'exégèse, du comique au sublime, de la caricature à la méditation contemplative. Sa carrière de diplomate a nourri constamment son imagination, l'entraînant dans des collaborations artistiques multiples et inattendues. Douze chercheurs internationaux explorent, dans ce volume, la richesse d'une œuvre dont le rayonnement s'étend de l'Europe aux États-Unis, en passant par la Russie ou le Japon.
Voyages des cultures et des mémoires dans les arts de la scène
Traversier et en mouvement, ce numéro propose un voyage possible parmi les cultures et les mémoires dans les arts de la scène. Rejeu vivant des liens entre tradition et modernité, corps, mémoire et hybridation, l'itinéraire est varié: du théâtre flamenco et du Wayang Kulit javanais aux chansons de gestes médiévales reviviscentes au Brésil, des danseurs burkinabés à ceux du Kathak, en passant par d'autres explorations du théâtre d'Asie. Ancré dans les crises migratoires contemporaines, le carnet création questionne âprement notre contemporain, tandis que le carnet des spectacles opère un retour critique sur les relations conflictuelles entre mai 68 et ses commémorations 50 ans plus tard.
Comment écrit-on pour le théâtre? Ou, plus précisément, comment le texte de théâtre investit-il l'espace de la page? Comment se dispose-t-il sur le papier? Quelle forme emprunte-t-il?L'objectif de ce volume collectif est d'étudier la question de la disposition du texte dramatique sur un large empan, de la fin du XIXe siècle à aujourd'hui, dans ses multiples enjeux. Cette perspective paraît essentielle pour aborder une période extraordinairement riche du théâtre. En dépassant à ses débuts la traditionnelle opposition du vers et de la prose, elle a permis de définir de nouveaux horizons d'écriture – et donc de lecture et de représentation. Actuellement, comme en écho, on ne compte plus les exemples d'auteurs dramatiques qui exploitent, dans l'édition de leurs œuvres, les possibilités typographiques disponibles avec la généralisation des traitements de texte.Le volume, principalement composé d'études monographiques centrées sur des exemples français, propose un parcours problématisé sur cette riche matière jusque-là peu explorée.
Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce à Xavier Dolan
" Juste la fin du monde est un concentré exemplaire du cas Lagarce […]. Lagarce y joue avec les données de sa propre existence, mais adapte, transforme, à commencer par ses relations familiales qui n'ont jamais connu de rupture. " Adaptée par Xavier Dolan, la pièce devient un film à la distribution prestigieuse qui a obtenu le Grand Prix du jury à Cannes. Tout entier consacré à Jean-Luc Lagarce, ce numéro revient sur l'œuvre et sur son cheminement vers l'écran, donnant à lire des inédits, des études et des entretiens qui apportent des témoignages rares et des perspectives nouvelles. Ainsi évolue déjà le regard sur le dramaturge. Un hommage à Armand Gatti conclut le numéro.
À la fin du XIXe siècle, Thomas Edison prophétisait au sujet de son kinetograph: " Je crois que, dans les années à venir, des opéras pourront être donnés au Metropolitan de New York sans qu'ils diffèrent en rien de l'original, mais avec des artistes et des musiciens morts depuis longtemps. " Plus d'un siècle après, on peut s'amuser de l'approximation et de la pertinence de tels propos, alors que les représentations d'opéras les plus prestigieuses sont retransmises en direct dans les salles de cinéma du monde entier. Aujourd'hui, le cinéma reste aussi inséparable de l'opéra qu'il l'était à ses débuts, à travers des relations institutionnelles, techniques, esthétiques, génériques, formelles et humaines multiples. L'étude de ces interactions, qui se répètent et se réinventent constamment, est l'objet de ce livre. Les contributions sont complétées d'entretiens avec la compositrice Michèle Reverdy et les réalisateurs Philippe Béziat, Benoît Jacquot, Jacques Martineau et Olivier Simonnet.
Au Sommaire de ce numéro: des portraits contrastés, politiques, saisissants et émouvants de femmes, des Médée portées sur la scène contemporaine, à l'opéra (Warlikowski, Audi, Waltz) et sur les planches (Emma Dante), à la prostituée de La Havane Santa Cecilia et la comédienne Carlotta-Carlotto, personnages respectifs des pièces de Abilio Estévez et de Gilles Laubert. Des chroniques sur le théâtre universitaire, sur le festival des Caves et sur Constantin Bogomolov notamment constituent le carnet des spectacles et des professionnels.
Le n° 3 de Skén&graphie consacre son Cahier critique aux rapports divers et multiformes entre les écritures dramatiques et la radio des années 1930 à aujourd'hui: lieu de création et d'expérimentation dès sa naissance, la radio est une institution qui contribue toujours à la richesse de la vie théâtrale. Le Cahier de la création permet ainsi de découvrir un texte inédit d'André Hodeir, compositeur de jazz et homme de radio, mettant en scène les années de formation et de composition musicale. Le Cahier des Spectacles et des Professionnels accueille des chroniques consacrées à Krzyzstof Warlikowski et à Laurence Sendrowicz avant d'évoquer les installations de Vincent Lacoste.