Depuis 1971, les femmes suisses ont investi les arènes politiques. Si leur proportion au sein des instances parlementaires et gouvernementales n'a cessé d'augmenter, la parité entre femmes et hommes en politique n'a toujours pas été atteinte. Cet ouvrage dresse un bilan de la présence et de la représentation des femmes en politique en Suisse, avec un regard rétrospectif sur les cinquante dernières années, tout en s'interrogeant quant aux défis qui restent à relever.Dix contributions écrites par des personnes de divers horizons – académique, militant, des bureaux de l'égalité – composent cet ouvrage collectif. L'étude des difficultés d'accès des femmes aux plus hautes instances de la politique nationale retrace les luttes passées et encore présentes pour contourner nombre d'obstacles structurels enracinés dans une culture politique et sociale fortement androcentrée. Collectivement, mais aussi parfois en suivant des chemins individuels particuliers, les femmes ont réussi à pénétrer le bastion masculin du monde politique. C'est grâce à une multitude de stratégies et de tactiques, soutenues par les actions des Bureaux de l'égalité et par de nombreuses associations, mouvements, et collectifs, que les femmes ont réussi à faire imposer leur voix et qu'elles continueront à le faire.
Les économies de la procréation médicalement assistée
La procréation médicalement assistée (PMA) s'inscrit dans un marché globalisé qui est traversé et organisé par différents types d'économies – financière, morale, biologique et affective. Bien que profondément imbriquées, ces économies reposent sur des forces de travail, des modalités d'échange et des biens ou valeurs qui sont distincts. En proposant d'étudier les dynamiques économiques à l'œuvre dans la PMA, ce numéro de Nouvelles Questions Féministes met en lumière les processus matériels et symboliques qui contribuent à reproduire et produire d'anciennes et nouvelles formes d'inégalités. Les articles du Grand angle du numéro révèlent les reconfigurations du système de genre en revisitant le travail procréatif soumis aux logiques économiques d'un marché globalisé. Les auteures analysent ainsi les enchevêtrements complexes de cette chaîne mondiale de la procréation et sa stratification selon des lignes sexistes, racistes et classistes.
Émergence et reconfigurations d'un problème public
Comment les violences dans le couple sont-elles devenues un objet de politiques publiques en Suisse? Comment ce problème est-il aujourd'hui traité dans différents cantons?En se penchant sur les cas genevois, vaudois et zurichois, cet ouvrage montre comment la question a pu évoluer depuis les années 1970 : d'abord pensée en termes de violences conjugales ou de violences faites aux femmes, des termes et des politiques publiques portés par les associations, elle est aujourd'hui envisagée comme des " violences domestiques ", une expression qui sous-tend un flou dans la manière de comprendre le rapport entre la violence et les inégalités sexuées. Sans occulter les particularités cantonales, l'ouvrage analyse la lutte contre ces violences, au fil de l'investissement d'acteurs et d'actrices issu·e·s des mondes militants ou institutionnels, mais aussi de la police ou de la santé.
Ce numéro traite des luttes féministes autour des reconfigurations d'une " morale sexuelle contemporaine " qui s'efforce, au-delà des normes religieuses traditionnelles, de définir les comportements convenables, acceptables, légitimes, valorisés, ou au contraire répréhensibles ou stigmatisés. À travers des objets divers comme la contraception, la prostitution, la SlutWalk, le consentement des patientes en gynécologie, la régulation des naissances dans le mariage catholique, ce numéro analyse comment les divers discours féministes proposent des normes sexuelles alternatives pour réguler les sexualités. Les études de cas abordent des mobilisations anciennes et nouvelles, intra et extra-européennes.
L'"homophobie" désigne couramment le rejet et les discriminations vécues par les personnes homosexuelles ou supposées telles. C'est une notion largement utilisée aujourd'hui dans le langage politique et médiatique mais aussi au sein des recherches en sciences sociales portant sur les minorités sexuelles. Le point de départ de ce numéro de Nouvelles Questions Féministes a été une envie et une nécessité de réfléchir à la portée et aux limites de cette notion d'homophobie, en particulier dans son articulation avec une perspective féministe.Dans ce but, le numéro propose un ensemble d'articles qui, en se basant sur des recherches empiriques, viennent alimenter ce questionnement. Quelles sont les discriminations vécues par les lesbiennes, sont-elles similaires à celles que vivent les gays et surtout, comment rendre compte de ce qui les produit et les structure? Les luttes juridiques, matérialisées en Espagne et en Belgique, par exemple, par l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, permettent-elles d'éradiquer l'homophobie du droit, de construire une réelle égalité entre couples homos et hétéros? Comment rendre compte des points communs entre les discriminations et les contraintes vécues par les personnes transsexuel·le·s dans leur parcours imposé pour mettre en conformité leur sexe biologique et leur état civil et celles vécues par les gays, bis et lesbiennes?Les thèmes abordés par les articles illustrent ainsi de manière empirique les discriminations que vivent diverses minorités sexuelles et, en même temps, démontrent la complexité des structures qui façonnent ces discriminations, complexité dont la notion d'homophobie à elle seule échoue à rendre compte. Ils invitent donc à réfléchir à l'articulation de la hiérarchie des sexualités, qui sous-tend la norme hétérosexuelle, avec la hiérarchie des sexes et les normes qu'elle produit. Une telle réflexion, loin d'être uniquement théorique, invite également au questionnement quant aux stratégies politiques à mettre en œuvre sur le terrain par les mouvements et associations de défense des personnes LGBTIQ.
Suppression de l'aide sociale dans le domaine de l'asile
Toute une série de demandes d'asile sont traitées en Suisse par le refus sommaire et la décision de renvoi du territoire qu'autorise la clause dite de " non-entrée en matière " (NEM). Or, en agissant de la sorte, les autorités se voient confrontées à un nouveau problème : comment inciter des personnes à partir, alors qu'elles ne peuvent ou ne veulent pas quitter le pays ? Dès avril 2004, la stratégie appliquée a été de retirer le soutien financier dont bénéficiaient jusque-là ces requérant-e-s. Cette décision constitue un exemple abouti de politique de dissuasion, dont l'objectif est de susciter les départs volontaires par le biais d'une dégradation des conditions de vie des personnes concernées. A travers les regards croisés des acteurs impliqués – migrant-e-s, représentant-e-s des autorités et du monde associatif, professionnel-le-s du social et de la santé – La construction de l'invisibilité met au jour les contradictions et les effets pervers de cette politique et en révèle les retombées négatives. L'ouvrage analyse en particulier les mécanismes par lesquels les personnes à qui l'asile a été refusé échappent, en fin de compte, à tout contrôle officiel et sortent des statistiques, tout en demeurant sur le territoire. Le bilan de la suppression de l'aide sociale aux personnes frappées de NEM revêt une grande actualité face à l'émergence du phénomène d'invisibilité comme conséquence directe des politiques d'asile restrictives qu'adoptent de plus en plus les pays occidentaux.
L'institutionnalisation des couples homosexuels à Genève
Depuis le milieu des années 1990, on assiste en Europe à un processus politique nouveau: la reconnaissance institutionnelle des couples homosexuels. En se centrant sur Genève - premier canton suisse ayant légiféré dans le domaine du partenariat homosexuel, ce livre suit le tracé sinueux et complexe d'une lutte pour la reconnaissance qui s'est provisoirement achevée par la confection d'un dispositif juridique inédit. L'auteur s'attache à montrer combien la demande d'une loi sur les unions homosexuelles est étonnante au regard de l'agenda politique et des topiques contestatrices du mouvement homosexuel tel qu'il s'est affirmé sur la scène publique dans les années 1970 et 1980. L'histoire politique menant de positions contestataires à une aspiration à la reconnaissance est décrite à travers une analyse fine de la dynamique des organisations homosexuelles actives en Suisse romande, des mutations de leurs revendications et des luttes menant à l'obtention de droits similaires - sinon identiques - à ceux des couples hétérosexuels. A l'heure où la question des droits des couples homosexuels est largement débattue dans de nombreux pays européens, ce livre fait preuve d'une grande actualité politique.
Cet ouvrage a pour objet les représentations profanes et savantes de la déviance ainsi que les usages politiques et scientifiques qui en sont faits. Trois logiques distinctes, bien que les interférences entre elles soient fréquentes, structurent ces représentations.La première section s'interroge sur les conditions qui permettent de comprendre qu'une pratique - individuelle ou collective, privée ou publique - puisse être " labellisée " comme déviante au sein du champ politique. La deuxième section montre comment des experts délimitent des " expériences de rupture ", en les introduisant dans un champ de discours où la distinction entre " le vrai " et " le faux " définit, dans un même mouvement, " le normal " et " l'anormal ". La troisième section étudie les processus auxquels sont soumis des sujets définis comme " anormaux " et les effets - qu'ils soient recherchés ou pervers - de ces dispositifs de " normalisation ".Les travaux rassemblés dans cet ouvrage permettent de confronter diverses " scènes " où apparaissent des pratiques " déviantes " : elles étudient les modalités de leur définition et, le cas échéant, leur réforme.