Un système religieux de l'Europe néolithique, Ve et IVe millénaires av. J.-C. Tomes 5 et 6/A Religious System in Neolithic Europe, 5th and 4th Millennia BC. Volumes 5 and 6
Offertes, consacrées ou sacrifiées à des Puissances surnaturelles, les haches en jades alpins figuraient parmi les viatiques funéraires de rois-dieux, sous les tumulus géants de la région de Carnac. Avec d'autres valeurs importées à longue distance – des parures en variscite d'un vert intense et des haches en fibrolite opalescente provenant d'Espagne – le jade a été intégré à un ensemble de pratiques religieuses qui ont vu le jour autour du golfe du Morbihan. Le succès de ces croyances est illustré par la diffusion des menhirs et de l'architecture de stèles en Europe occidentale durant la deuxième moitié du ve millénaire.
Formés à l'ethnoarchéologie en Nouvelle-Guinée, les auteurs proposent une lecture originale de la trajectoire historique des premières communautés d'agriculteurs entre 5300 et 2400 av. J.-C., où les microrégions – ici le Jura et les plaines de Saône – étaient profondément intégrées à des réseaux complexes de circulation d'objets-signes et d'idées. À l'échelle de l'Europe occidentale, ces transferts à longue distance étaient soutenus par la compétition sociale, l'affichage des inégalités et l'imaginaire religieux.100 mots-clés du vocabulaire archéologique permettent d'explorer différentes interprétations sociales cachées derrière les objets et les comportements des populations néolithiques.
Objets-signes et interprétations sociales des jades alpins dans l'Europe néolithique
Le projet ANR JADE 2 (2013-2017) concerne l'ensemble de l'Europe – entre Atlantique et mer Noire – où les transferts de jades ont été alimentés par deux centres de production: l'île égéenne de Syros dès la fin du VIIe millénaire; et les massifs alpins du Mont Beigua et du Mont Viso à partir du milieu du VIe millénaire.Cette synthèse vise à éclairer les valeurs sociales qui sous-tendaient la circulation des haches et des anneaux-disques alpins, dans un réseau qui couvrait 3 200 km d'est en ouest. La démarche est fondée sur la comparaison entre les interprétations idéelles des producteurs (Piémont) et l'imaginaire social des receveurs lointains, dans les marges de l'Europe néolithique.
Clairvaux constitue une nouvelle référence pour le Néolithique au nord-ouest des Alpes, en raison d'une extraordinaire conservation des vestiges datés de la première moitié du IVe millénaire av. J.-C. La comparaison des céramiques de Clairvaux avec celles des régions voisines montre ainsi – dans un système d'agriculture itinérante – la complexité des relations d'échange avec le Cortaillod classique, le Néolithique moyen II de Bourgogne et le Munzingen.Ces données remettent en cause le concept de " Néolithique Moyen Bourguignon ", une construction théorique des années 1980 qui regroupait des traditions céramiques dont les origines et les trajectoires historiques s'avèrent aujourd'hui inconciliables.
Depuis huit millénaires au moins, les sociétés agricoles ont considéré le sel comme une source de vie et de richesse dont l'origine s'inscrivait dans les mythes. Les approches croisées des ethnologues, des archéologues, des historiens et des environnementalistes permettent aujourd'hui de renouveler profondément nos connaissances sur l'exploitation généralisée de l'eau de mer, des sources salées, des terres salées et du sel gemme. Ainsi, d'extraordinaires techniques ont été mises en oeuvre, tandis que les logiques sociales plaçaient le sel au centre des systèmes de croyance, un peu partout dans le monde.Les vingt-quatre contributions regroupées dans cet ouvrage ont été présentées en octobre 2006 lors d'un colloque international du bicentenaire de la mort de Claude-Nicolas Ledoux, l'architecte génial de la Saline Royale d'Arc-et-Senans. Rompant avec les limites entre disciplines scientifiques et les cloisonnements géographiques, les auteurs proposent une nouvelle lecture de l'exploitation du sel en abordant la longue durée, depuis la Chine et le Mexique préhispanique jusqu'à l'Europe préhistorique, ou encore des salines médiévales continentales au sel antique méditerranéen. C'est donc d'histoire technique et sociale qu'il s'agit, en relation avec les modifications environnementales.
Tome III : Chalain station III, 3200-2900 av. J.-C
Pour la première fois au bord d'un lac (Chalain, Jura), l'architecture des maisons néolithiques est bien conservée, ce qui permet d'en proposer une reconstitution détaillée. A partir des milliers de bois travaillés, préservés dans les couches archéologiques, c'est la forêt de la fin du 4e millénaire qui se livre, puis les techniques d'abattage et la préparation des bois d'œuvre. Mais cette forêt secondaire issue de rejets de souche, c'est aussi la couverture arborée que les cultivateurs néolithiques défrichent et cherchent à reproduire, après une ou deux années de cultures céréalières. La forêt est encore davantage, car elle a enregistré les variations de la densité de population, au travers de la progression ou de la régression des fronts de défrichements. Cet ouvrage, comme les précédents, s'inscrit dans un programme de recherche pluridisciplinaire en vue de renouveler les problématiques et d'atteindre le niveau de raisonnements globaux où toutes les tendances de la recherche peuvent ensemble proposer les liaisons par et au-delà de leurs domaines spécifiques.
Approche concernant surtout les recherches sur les débuts de la sédentarisation en Europe occidentale, qui tend à gommer les limites traditionnelles de la préhistoire et de l'ethnologie. Gérer le temps et organiser l'espace ont été les préoccupations d'un groupe de cultivateurs itinérants de 3850 à 3400 avant J.-C. Les microanalyses polliniques et la dendrochronologie sont les étalons de l'écoulement du temps. L'étude théorique des territoires, la végétation potentielle, les relations entre villages, la complémentarité entre maisons/étables/greniers... conduisent à la définition de l'espace néolithique.