Au-delà du contexte de l'épidémie de Covid-19, le scrutin municipal de 2020 était caractérisé par la multiplication des listes dites citoyennes. Pourtant, les partis politiques – tant décriés et devenus presque invisibles – continuent de structurer fortement le jeu politique au niveau local. Ce livre met en lumière le rôle des partis dans les coulisses de l'élection et analyse les recompositions du champ politique au niveau local ainsi que les transformations des organisations partisanes, profondément bouleversées par l'apparition de nouveaux partis politiques en 2017.
La rémunération des mandats politiques n'est pas qu'une simple opération de reconnaissance financière pour un travail accompli, c'est un enjeu démocratique majeur. En effet, l'indemnisation des élus contribue à agir sur les possibilités de s'engager et de se maintenir en politique, tout en évitant la dépendance des élus à d'autres formes de financement potentiellement illicites. Pour autant, l'argent ainsi obtenu par les élus avait, jusqu'à récemment, rarement fait l'objet d'études approfondies. En prenant comme terrain le cas de la France, cet ouvrage interroge les liens entre les élus et leur argent selon trois dimensions complémentaires. La première étudie les conditions socio-historiques qui ont rendu possible le financement des mandats. La seconde montre que le système actuel produit des inégalités dans les possibilités de vivre de la politique. Enfin, un troisième axe rend compte des principes et pratiques de contrôle des usages de l'argent.
Si l'intercommunalité a été plus présente dans les débats municipaux que lors des campagnes précédentes, les programmes des candidats restent toujours peu précis sur les prérogatives respectives de la municipalité et de la communauté / métropole. Les propositions de campagne ne se réfèrent que très rarement directement aux leviers d'action des EPCI à fiscalité propre et tendent par conséquent à placer le citoyen à distance de la réalité de l'action publique communautaire. En dévoilant les enjeux et les conséquences pour la commune du renforcement du rôle des institutions intercommunales, les candidats craignent d'affaiblir la croyance en la capacité d'action des maires, et donc de nuire à la mobilisation des citoyens autour du scrutin municipal. Face à la progression de l'abstention, les thèmes de la proximité ("tranquillité", "bien vivre" "sécurité") sont toujours très présents dans les professions de foi et les programmes des prétendants au pouvoir municipal. La démocratie intercommunale reste évanescente.
Peut-il y avoir de la politique sans ancrage territorial, sans présence continue dans un espace restreint et sans lien durable entre acteurs politiques, groupes sociaux locaux, et les espaces où s'organisent la vie sociale et les intérêts collectifs? Ce n'est pas parce qu'il y a une tendance à la déterritorialisation, comme l'attestent les cas de Silvio Berlusconi, Donald Trump ou Emmanuel Macron, qu'il y a déracinement de la politique; il y a plutôt tension entre territorialisation de l'action politique et pratiques d'ancrage différenciées. La question de l'ancrage politique témoigne des tendances contradictoires qui affectent les activités politiques dans les démocraties contemporaines, entre affranchissement des contraintes inhérentes à une activité territorialisée et permanence des enracinements. Les formes individuelles d'incarnation et les instruments collectifs de l'ancrage donnent à voir sa fragilisation, mais montrent qu'il demeure une composante essentielle de la politique.
Plus que jamais d'actualité, en ces temps de tensions parfois entre les élus locaux et l'exécutif national d'un côté, et d'élections municipales de l'autre, cet ouvrage sur Pierre Mauroy se situe résolument dans ce que Michael Keatin appelait le "retour du territoire". Quelle part peut-on attribuer à ce grand élu socialiste dans le changement de statut du local, désormais érigé en vecteur d'innovation, d'impulsion, d'expérimentation et d'efficacité? La singularité de cet ouvrage hybride tient dans le choix assumé de restituer des contributions de nature variée, individuelles ou collectives, écrites et orales pour prendre ainsi la mesure des différentes facettes du personnage et mieux comprendre ses principes d'action et ses réalisations. Par les apports qu'il contient, cet ouvrage permet d'analyser l'élu Mauroy, aux multiples mandats cumulés, à la fois comme un entrepreneur de temps, de territoire(s) (la région, la métropole transfrontalière) et de politiques publiques, dont il cherche à s'imputer les résultats mais aussi leur mise en récit.
Les campagnes 2017 : primaires, présidentielle et législatives françaises
Dans un contexte de défiance vis-à-vis des partis et des hommes politiques (éloignement des arènes politiques, brouillage idéologique, affaires politico-financières, "dérives" de la communication politique, etc.), de dénigrement du travail des journalistes (discours "anti-système") et de la montée en puissance des réseaux sociaux, cet ouvrage interroge le rôle des médias et les spécificités (ou non) du travail des professionnels de la communication politique et des journalistes en période de campagne électorale. L'ambition est notamment de porter le regard sur les reconfigurations liées à l'usage intense des réseaux sociaux, tout en considérant les permanences de certaines pratiques et manières de faire. Cet ouvrage repose sur des études de cas inédites qui analysent l'actualité très récente, en s'intéressant aux campagnes des primaires, présidentielle et législatives de 2017.
Le temps des vertus magiques prêtées aux primaires, du renouvellement de la vie démocratique à la rénovation des partis, aura été de courte durée. Des États-Unis à la France, l'heure est aujourd'hui au désenchantement.Ce retournement d'image doit nous interroger. Comment cet instrument de régulation de la compétition politique a pu se muer en facteur de divisions et d'imprévisibilité électorale? Pour interroger cette crise de la primarisation des systèmes partisans, les enquêtes rassemblées dans cet ouvrage, menées de l'Argentine à la Russie, montrent pourquoi la contagion de ce système électoral ne saurait se lire comme le simple résultat d'une adaptation mécanique du modèle nord-américain ou d'un processus irrésistible de diffusion.C'est le paradoxe de ce nouveau standard international de désignation. Alors qu'il peine de plus en plus à démontrer son efficacité et sa légitimité, le retour aux modes de sélection antérieurs reste plus que jamais un sujet tabou pour les partis.
Sociologie politique des élections municipales de 2014 en France
En mars 2014, les scrutins municipaux ont donné lieu à des changements électoraux significatifs, tout en révélant la résistance de certaines pratiques et règles du jeu politiques. L'impact médiatique de la défaite de la gauche (et en particulier du Parti socialiste) sur un terrain local qui faisait sa force et de la conquête symbolique de villes par le FN a occulté d'autres enjeux plus profonds. Le propos de cet ouvrage est, en s'appuyant sur des enquêtes fouillées, réalisées à l'occasion de ces élections sur une variété de terrains locaux, de contribuer à éclairer deux axes problématiques transversaux: la question des changements électoraux et du renouvellement de l'offre politique, articulée aux formes d'inertie révélées par la puissance des mécanismes d'ancrage territorial et de professionnalisation politique; la question du travail politique en campagne, associée aux phénomènes de croyances qui structurent les pratiques politiques.
Coulisse du pouvoir ou antichambre de la carrière électorale? L'entourage des élus recouvre des fonctions encore méconnues. Si les collaborateurs d'élus ont été évoqués à plusieurs reprises au cours de la campagne présidentielle de 2017, ils restent des hommes de l'ombre et leur rôle est en grande partie ignoré.Administrateurs du Parlement, conseillers des groupes politiques, directeurs généraux des services, conjoints, membres des cabinets de maires ou de présidents de région: les chapitres témoignent de l'omniprésence de ces collaborateurs aux statuts multiples et de leur position incontournable dans l'exercice quotidien des activités représentatives. L'examen des propriétés de ces acteurs, de leurs pratiques concrètes et des concurrences qui les animent enrichit l'analyse d'un phénomène déjà ancien mais encore peu étudié en tant que tel.