Palme d'Or au Festival de Cannes 2018, cinéaste indépendant mais commercial, Koreeda Hirokazu est une figure majeure du cinéma japonais. Son œuvre est parcourue par une exploration méthodique des enjeux rencontrés par ses contemporains, au Japon et plus largement dans nos sociétés de capitalisme avancé.Connu et reconnu au Japon et à l'international comme le cinéaste de la famille, ses chroniques les plus célèbres – Nobody Knows, Tel père, tel fils, Une affaire de famille, Les Bonnes Étoiles… – comme ses films de genre – Air Doll, The Third Murder, L'Innocence… – ne se contentent pas d'aborder la famille au niveau thématique.C'est en adoptant le point de vue de populations habituellement invisibilisées – les femmes, les enfants, les personnes âgées – que ses films agissent sur les réalités sociales de leur époque. Cet ouvrage interroge les potentialités du cinéma en histoire sociale et explore le pouvoir des films en tant que réponse aux angoisses sociales contemporaines, voire comme outil que chaque spectateur et spectatrice est susceptible de se réapproprier.La mise en place de ces points de vue alternatifs, notamment, permet à Koreeda de créer par son œuvre un espace propice à une réappropriation des questions sociales et à un réagencement de notre rapport au réel et à autrui, comme le ferait la famille idéale. Mais famille idéale ne signifie pas famille parfaite.
Les peintures, gravures, sculptures, les objets mobiliers découverts depuis Altamira ne cessent d'interroger chercheurs, artistes et grand public. Mais comment penser cet " art avant l'art ", ces œuvres des origines auxquelles nous attribuons une valeur esthétique mais dont la réalisation est antérieure et irréductible au concept d'art qui est le nôtre aujourd'hui? Il convient pour cela de dégager les traits fondamentaux de ce " paradigme préhistorique " qui, de Picasso à Moore, a paradoxalement résonné avec l'art moderne de par son traitement du geste, de la figuration, de l'espace et du mouvement. L'ouvrage défend l'hypothèse que le paléolithique force à reconsidérer notre définition de l'art, de ses fonctions et de ses significations, de ses débuts et de son histoire. Les réflexions inédites proposées par des spécialistes en philosophie, histoire, histoire de l'art et littérature s'adressent à un public universitaire ainsi qu'à tous les passionnés de l'art et de ses théories.
De L'Extravagant Mr Deeds (Capra), The Philadelphia Story (Cukor), La Balade sauvage (Malick) jusqu'à Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) (Desplechin) et La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne), un fil court, celui des lectures philosophiques de films de Stanley Cavell et des films qu'elles ont inspiré. Peu d'œuvres philosophiques ont autant marqué la création cinématographique et aussi profondément marqué le champ des études cinématographiques que celle du philosophe de Harvard (né en 1926 et disparu en 2018). De son chef d'œuvre de 1971, La Projection du monde, à ses derniers écrits sur le mélodrame, l'autobiographie et la critique (La Protestation des larmes, Le cinéma nous rend-il meilleurs?) en passant par son grand livre sur la comédie hollywoodienne (A la recherche du bonheur), cet ouvrage éclaire l'ensemble de sa pensée. Il donne aussi la parole à trois cinéastes qui l'ont connu et qui ont été inspirés par ses écrits: Luc Dardenne, Arnaud Desplechin, Claire Simon. Et se penche sur le lien que Cavell a entretenu avec Terrence Malick à Harvard dans les années 1960, lorsqu'il enseigna le premier séminaire de cinéma au sein d'un département de philosophie (vingt ans avant Deleuze), jetant les bases d'une pensée du cinéma qui prend son départ dans notre expérience aussi bien collective qu'intime des films. Cette expérience qui nous unit ou nous rapproche des autres. Et qui nous permet aussi, plongeant en nous-mêmes, de nous éduquer.
Qu'est-ce qui dresse le cinéma contre les accélérations du tout numérique ? Les aurores après la tempête ne se voient plus que sur les écrans des salles de cinéma. Numérisés, les capitaux et les catastrophes détruisent le monde des matins tranquilles. La guerre est dans le temps. C'est à la chaîne que le numérique fabrique du virtuel, du mirage, de la monnaie de singe. En ce monde-hologramme, il n'est plus ni corps ni chair, les mains ne caressent plus rien, les blessures elles-mêmes sont factices. Cette nuée d'images nous dérobe le réel et peu à peu impose le désert des hommes et des choses. Contre la violence des exils, la salle de projection n'est-elle pas la dernière demeure de l'humain ? Face à la démultiplication des écrans, l'hypervisibilité, la transparence, comment le cinéma peut-il encore préserver sa part d'ombre et rester une arme critique ? Jusqu'où la révolution numérique n'est-elle pas en train d'affecter l'expérience esthétique et morale du cinéma, et au-delà, notre civilisation ?
D'Indochine à Potiche, cet ouvrage explore l'évolution de la carrière et de l'image de Catherine Deneuve à travers la figure poétique et symbolique de la maison. Sur la base des star studies et des gender studies, Catherine Deneuve femme maison analyse les moyens par lesquels la célèbre actrice a su réinventer son image pour affronter le passage du temps et s'imposer, à plus de cinquante ans, comme reine incontestée du cinéma français. L'ouvrage entend participer aux recherches sur le devenir des stars mais aussi à une interrogation philosophique sur les rapports entre les hommes et les femmes dans le plus privé des " deux gouvernements ", celui de la famille et de l'espace domestique.
Cette correspondance entre Noëlle Renaude et Barbara Métais-Chastanier, qui devait n'être au départ qu'un bref entretien, a pris la tournure d'un ouvrage plus conséquent qui s'est inventé pendant plus d'une année. Devenant essai à deux voix, débordant la question initiale de l'accident, de l'imprévu et du hasard, il explore au fil du dialogue, de manière poétique, critique et digressive, le processus d'une écriture liée à l'énigme de la scène.Organisé en séquences journalières, le balancement des questions, des réponses et des réflexions, auquel se sont livrées librement les deux interlocutrices, a fini par produire, comme un accident, ce que Robert Cantarella appelle un " manuel de dérangement ", et à cette occasion un traité sur le théâtre.
" Zodiaque est une grande chose maintenant… et que d'œuvres il aura révélées ! " André Malraux saluait ainsi en 1973 les éditions Zodiaque, qui depuis 1951 ont largement contribué à la redécouverte de l'art roman, en France et en Europe. Conçus dès l'origine comme de véritables " bréviaires visuels " pour aider à la visite des églises romanes et pour en révéler la dimension spirituelle, ces ouvrages font une très large place à la photographie. Moine et artiste, Dom Angelico Surchamp en est le véritable maître d'œuvre.Dans cet ouvrage collectif, des historiens de l'art analysent sous un angle inédit la fabrique éditoriale de cette entreprise et son succès. Un retour à la genèse du livre pour décrypter l'impact de Zodiaque sur la perception de l'art roman aujourd'hui.
Notre perception de l'art grec a longtemps exclu la couleur autant que la peinture, au profit de la blancheur marmoréenne de la sculpture et de l'architecture classique. Pourtant les noms des plus grands peintres de l'Antiquité, d'Apelle à Zeuxis, sont connus des artistes et des historiens de l'art au point de constituer, aujourd'hui encore, une référence en matière d'excellence picturale. Ce paradoxe a servi de point de départ à la réflexion ici proposée : pourquoi la peinture grecque antique occupe-t-elle une place si centrale dans l'histoire de l'art alors même que, d'une part, elle n'a été accessible pendant des siècles qu'à travers le seul filtre des descriptions antiques et que, d'autre part, l'usage de la peinture sur les statues et les reliefs des temples contredit l'idéal de blancheur longtemps associé à la Grèce antique ? Pourquoi peintres et théoriciens ont-ils toujours ressenti le besoin de renouer avec cette peinture ? Dans quelle mesure cette invention, qui est avant tout une rencontre in absentia avec la peinture antique, éclaire-t-elle de nombreuses productions artistiques de la Renaissance jusqu'à nos jours ? Cet ouvrage pluridisciplinaire regroupe les contributions de chercheurs en littérature classique et moderne, en histoire de l'art, en philosophie ou encore en archéologie et physique-chimie. Il interroge la réception de la peinture grecque antique de façon transversale, depuis l'Antiquité elle-même jusqu'à la création picturale la plus contemporaine, ainsi qu'en témoigne le film documentaire consacré au peintre Pierre Antoniucci joint à cet ouvrage.
Arc-en-ciel, tigre ou minute ; sonneur, constricteur ou cracheur de venin, il rampe, ondule, ou se dresse ; il s'enroule aux arbres, s'enfouit dans la terre, habite au fond des mers, et parfois même, aérien, s'élance d'une branche à l'autre. Bien souvent, il se cache dans les herbes, le sable ou les rochers. Sa rencontre nous effraie. Pourtant sa reptation, ses pouvoirs et sa beauté nous fascinent, et ses actions les plus secrètes nous intriguent : il mue se régénère, se reproduit de multiples façons.Partout où vivent les serpents, aux quatre coins du monde, l'aspect et le comportement des reptiles ont inspiré aux hommes des élaborations symboliques d'un intérêt singulier. Vingt-deux jeunes commissaires sont partis sur ses traces, suivis par des apprentis scénographes. Deux musées leur ont ouvert leurs collections, trois Ecoles et de nombreux chercheurs les ont accompagnés.Ce livre raconte l'aventure d'une exposition. Parcours herméneutique et muséologique entre art et anthropologie, il pose concrètement la question : comment comprendre et exposer l'art extra-occidental ? Il présente une expérimentation muséographique inédite : la surprenante rencontre de serpents " naturels " et d'artefacts issus des cinq continents.