nord', n° hors série/juin 2015
Jacques Landrecies
Jacques Landrecies est mort en janvier 2013, mais, pour beaucoup de ses collègues et pour ses étudiants, c'est un lundi de décembre qu'il nous a quittés, frappé par une crise cardiaque dans un amphi de l'université de Lille 3 où il enseignait depuis plus de quinze ans la langue et la culture picardes.Pour Jacques Landrecies, il ne s'agissait pas de faire " apprendre la langue ", mais de la constituer en objet de recherche universitaire, de faire réfléchir sur elle, sur ses structures, sur son héritage et ses productions d'aujourd'hui.Maintenir cet enseignement, dans le sillage de Roger Berge Roussel et Denise Poulet, qui avaient été ses maîtres, Jacques Landrecies avait conscience qu'il s'agissait d'un combat constant. et, on le sait, cela ne date pas d'aujourd'hui : alors même que le picard était au Moyen âge une langue importante, porteuse d'œuvres essentielles (poésies de Conon de Béthune, œuvres poétiques et théâtrales de Jean Bodel ou Adam de la Halle, et, en moyen français, romans et histoires de la librairie du duc de Bourgogne), Conon se plaignait déjà au XIIe siècle du mépris dans lequel les locuteurs de France, d'Île-de-France, tenaient son langage picard.Ce lien avec le passé avait été mis en valeur par un ouvrage intitulé Picard d'hier et d'aujourd'hui, que Jacques Landrecies avait coordonné pour sa partie moderne et auquel il avait participé par une réflexion sur " La recherche en picard : quelques problèmes et perspectives".
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