Qu'est-ce qui anime les linguistes? Comme toute discipline scientifique, la linguistique a fait l'objet de nombreuses histoires, qui en racontent les vicissitudes et les progrès. Le présent ouvrage prend les choses par un autre bout: celui des manières de faire, et plus précisément des manières de dire. La linguistique est ici envisagée comme un discours, qui construit du savoir par le biais de gestes précis (dénommer, expliquer, modéliser, etc.) et qui se nourrit d'imaginaires variés (la Vie, le Progrès, le Bien, etc.). Ces gestes et ces imaginaires sont analysés à travers des études de cas concrets, portant sur des figures paradigmatiques comme Benveniste ou Chomsky, sur des projets disciplinaires comme la biolinguistique ou la typologie des langues, et sur des objets théorisés comme l'accent et les termes métalinguistiques, tant dans le domaine francophone que dans le domaine anglo-saxon. En révélant l'artisanat discursif sur lequel repose le faire linguistique, cette enquête richement documentée servira autant des usages de recherche que d'enseignement, pour tous les linguistes et plus largement pour tous les praticiens des Humanités.
Cette deuxième édition met à jour un texte qui a ouvert le champ de la sociolinguistique ethnographique critique et qui est devenu une référence essentielle et un outil important de formation en sociolinguistique. L'ouvrage jette les bases théoriques et méthodologiques de cette approche par le biais d'une ethnographie de longue durée des pratiques, discours et idéologies de la langue et de la nation au Canada francophone. La nouvelle édition ajoute au texte original plusieurs éléments de mise à jour de l'évolution sur les terrains étudiés mais aussi sur le plan théorique, méthodologique, politique et déontologique.
Cet ouvrage collectif est un hommage rendu à Franck Neveu, éminent spécialiste et professeur de sciences du langage, dont l'originalité de la pensée et la richesse de l'apport scientifique marqueront durablement les recherches actuelles en linguistique.En linguistique et/ou en sciences du langage, car c'est là un débat ancien et toujours renouvelé. C'est en faveur de la deuxième dénomination que s'est résolument prononcé Franck Neveu, qui se positionne néanmoins, tout aussi résolument, comme linguiste. Ce volume collectif entend rendre hommage à cette ouverture d'esprit en réunissant des contributions d'auteurs de renom proches du dédicataire, qui explorent non seulement ses champs de spécialité comme la syntaxe, la sémantique et l'épistémologie des sciences du langage, mais également des disciplines avoisinantes comme la dialectologie ou la génétique des textes. Il trouve son unité autour des travaux de Franck Neveu et se veut être une contribution au rayonnement de la linguistique française que celui-ci défend et illustre.Avec ses contributions représentatives des recherches actuelles, cet ouvrage intéressera autant un public spécialisé qu'un public curieux de découvrir les sciences du langage.
Saisir les discours de haine, voire les discours de radicalisation, constitue un enjeu majeur dans nos sociétés contemporaines qui doivent à la fois lutter contre le rejet de l'autre et garantir la liberté d'expression. Face à cette tâche complexe, cet ouvrage tente de montrer combien, au-delà d'un discours de haine directe qui s'exprime à travers des actes de langage de condamnation (provocation, menace, insulte par exemple) ou la volonté d'anéantissement d'une altérité, le discours de haine dissimulée est à considérer d'un point de vue des idéologies en circulation, des rapports de pouvoir et des " mémoires discursives ". Il a donc recours à de nombreux procédés rhétoriques qui demandent à être explicités. À partir de données d'actualité, étudiées selon des analyses argumentatives ou discursives qui illustrent les propos théoriques développés, cet ouvrage présente sous forme de fiches un large éventail de notions qui témoignent de la diversité des discours de haine. Ces fiches, qui sont relativement courtes et qui se font écho, donnent à comprendre ce qui se joue au sein même des discours de haine ou de radicalisation.
Parole et chant à l'Âge classique (XVIIe et XVIIIe siècles)
La voix humaine est un instrument fascinant qui transmet avec la parole, dans le chant et la déclamation non seulement les idées, mais aussi les émotions de la personne qui l'émet. Depuis longtemps, son expressivité intéresse les hommes, théoriciens comme praticiens, et différentes voies ont été empruntées pour la cerner et pour la décrire.La particularité de la pensée de l'Âge classique est qu'elle est profondément interdisciplinaire. Elle vient du fait qu'à cette époque, musique et langue présentent des liens structuraux fondamentaux, une caractéristique qui permet de confronter logiquement les disciplines et de relier différentes traditions disciplinaires dont le lien théorique étroit s'est largement affaibli au cours de l'histoire. Pour ce faire, ce livre exploite des textes et compositions des grammairiens, des orateurs, poètes, musiciens et philosophes français des xviie et xviiie siècles.L'approche interdisciplinaire permet la redécouverte d'un étonnant foisonnement d'idées, d'images et de méthodes dont nous sommes certes les héritiers, mais sans lesquelles les travaux expérimentaux des phonéticiens au xixe siècle n'auraient pas été possibles et qui, plus que l'on pense, déterminent aujourd'hui encore notre compréhension de l'expression vocale.
Propositions épistémologiques pour une linguistique mineure
Comment penser l'épistémologie de la linguistique en prenant comme point de départ le pluralisme théorique réel de cette discipline? Par quels critères la recherche grammaticale se jauge-t-elle si on abandonne une conception concurrentielle de la démarche théorique? En examinant divers domaines de la théorie linguistique, cet ouvrage tente de mettre au jour certaines propriétés herméneutiques, mal comprises et parfois même non encore repérées, de la théorisation linguistique. À ces investigations, s'ajoute l'étude de certaines questions soulevées par la critique " idéologique " de la linguistique contemporaine, ce qui permet d'étudier l'activité théorique menée au sein de la discipline à l'aune des réalités socio-idéologiques dont elle est tributaire, parfois à son insu. En réunissant ainsi deux manières souvent disjointes d'aborder la linguistique, Nick Riemer ouvre la voie à une compréhension nouvelle de la complexité des objets textuels que sont les théories grammaticales.
" Tout ce qui est dans le sentiment des sujets parlants est phénomène réel ", écrivait Saussure dans les années 1880 en vue d'un possible cours de morphologie. Mais le terme sentiment ne fait pas partie de ceux, tels signe, système, synchronie ou diachronie, qu'on associe au canon des concepts saussuriens. Le projet de cet ouvrage est de montrer au contraire que le sentiment linguistique occupe une place essentielle dans la pensée du linguiste genevois, et qu'il est peut-être l'instance principale qui lui permet de définir ce qu'il appelle la " langue ". Les contributions de cet ouvrage mènent l'enquête autour de ce qu'on peut appeler le sentiment linguistique chez Saussure, en explorant les inspirations que Saussure a pu prendre chez ses prédécesseurs, étudient les diverses inflexions que le motif prend chez lui, notamment à partir des sources manuscrites, et explorent les enjeux de la notion aujourd'hui. Prenant place dans le champ de l'histoire des idées linguistiques, il est aussi susceptible d'ouvrir de nouvelles pistes de recherche sur l'appréhension des faits linguistiques par le sujet parlant.
Depuis quelques décennies, les discours de promotion et de valorisation du plurilinguisme imprègnent différentes sphères de la société. Le Conseil de l'Europe occupe une place centrale dans la production et la circulation des discours et des idées sur le plurilinguisme en Europe. Ces idées se matérialisent dans différents instruments (recommandations, guides, cadres de référence, etc.) et construisent les bases d'un discours d'autorité.Cet ouvrage s'intéresse à l'émergence et à la circulation des idées sur les langues au Conseil de l'Europe, notamment sur ce qu'est le plurilinguisme, sur son rôle et ses enjeux pour la gestion de l'Europe. Il met en avant une réflexion critique sur la mobilisation et la promotion d'une certaine vision des langues et du plurilinguisme afin d'exercer un pouvoir sur la scène internationale.Cet ouvrage s'adresse à des sociolinguistes, à des analystes du discours et à des anthropologues ainsi qu'à des étudiants ou à des professionnels du domaine politico-éducatif.
Les battements du cœur, l'alternance des jours et des saisons, les lundis matins… Notre vie est faite de répétitions. Qu'en est-il de la répétition dans le langage? Longtemps délaissée, la répétition verbale est aujourd'hui traitée dans de nombreuses études qui en abordent chacune un aspect particulier: approche en fonction des figures, des auteurs, des textes ou des genres de discours. C'est l'apport et l'originalité de cet ouvrage de présenter pour la première fois une définition unitaire. Qu'est-ce qui change quand des sons, des mots, des phrases sont dits plusieurs fois? En quoi la parole sert-elle autre chose que la transmission d'informations? Pourquoi la répétition est-elle utilisée dans les pratiques poétiques, politiques, religieuses et magiques? Ce sont ces questions et bien d'autres que l'auteure, qui réfléchit et écrit depuis des années sur la répétition verbale, aborde et éclaire dans cet ouvrage. Écrit dans une perspective largement interdisciplinaire, ce livre s'adresse au-delà des linguistes à tous ceux et celles qui dans les sciences humaines s'intéressent au pouvoir des mots.