BdS, ces trois lettres apparaissent, en guise de nom d'auteur, sur la couverture des Opera Posthuma publiées en 1677, un an après la mort de Spinoza ; il s'agissait d'un recueil d'écrits alors inédits au nombre desquels figure l'Éthique, dans laquelle Spinoza avait consigné et mis en forme démonstrative l'essentiel de sa démarche philosophique. Cette signature énigmatique représentait une sorte de compromis entre la grande formule " Benedictus De Spinoza (amstelodensis) " et le complet anonymat sous lequel avait paru, en 1670, le Tractatus Theologico-Politicus. Elle résonne à présent comme une sorte de signal et traduit l'extrême singularité d'une démarche philosophique qui, depuis 350 ans, n'a pas encore livré tous ses secrets.Cet ouvrage revient sur certaines des difficultés que soulève aujourd'hui encore la compréhension d'une pensée déroutante entre toutes. Se confronter à ces résistances fait mesurer à quel point la philosophie de Spinoza reste vivante et agissante, à la fois active et d'une grande actualité.
En combinatoire, ce ne sont pas tant les problèmes et les résultats qui ont un intérêt, mais plutôt les méthodes et les techniques qu'il faut développer pour les résoudre. Certains problèmes sont simples à énoncer alors que les solutions sont complexes ; ou bien nous utilisons des hypothèses faibles, mais les conséquences peuvent être d'une richesse surprenante ; certaines démonstrations sont courtes et faciles à comprendre, mais ingénieuses et difficiles à découvrir. Bien que les objets étudiés, comme les graphes ou les familles de sous-ensembles d'un ensemble fini, présentent un intérêt purement mathématique, les résultats s'appliquent à de nombreux autres domaines, tels que l'informatique, l'économie ou l'épidémiologie.
Composer n'est pas démontrer. Composer, c'est inventer des impulsions et des flux. C'est comme l'eau d'une rivière. Composer, c'est inventer des chemins de traverse, des éloignements, des distances. C'est comme fuir et s'enfuir toujours. Mais composer, c'est long. Et lent. Très lent. Très, très long et lent... Ça n'avance jamais. C'est parce qu'on ne sait pas ce que ça va devenir. La question paradoxale, ça n'est pas d'achever mais comment ne pas finir. Composer, c'est ne jamais finir. Ça prendrait beaucoup trop de temps de finir, c'est-à-dire tout notre temps. Et pour autant, nous n'aurions jamais fini. (P.D.)
Inédite jusqu'alors, la correspondance d'Henri Bosco et Joseph d'Arbaud rassemble 25 lettres écrites de 1924 à 1947, ici éditées par Jean-Yves Casanova, spécialiste de langue et littérature provençales. La relation presque filiale du cadet, Bosco, au " parrain " d'Arbaud, auteur de La Bête du Vaccarès qui inspirera Malicroix, y apparaît inséparable de la relation de Bosco avec son propre père disparu, et avec la langue provençale.Trois études critiques de Danièle Henky, Christian Morzewski et Bernard Vigneron complètent le sommaire de ce volume, avec la bibliographie des études bosquiennes pour les années 2023 et 2024 établie par Arnaud Dhermy.
Comment expliquer le paradoxe fondamental de la matière vivante, qui allie stabilité et robustesse des formes à une dynamique interne constante ? Ce n'est pas seulement l'information génétique contenue dans les cellules, mais aussi les processus biochimiques et moléculaires observables in vivo qui sont à l'œuvre dans la morphogenèse. S'y ajoute la contribution essentielle des forces mécaniques qui, de la molécule au tissu, modèlent l'organisme. La dynamique du vivant émerge ainsi du contrôle biologique et des contraintes physiques à toutes les échelles. Son étude réunit aujourd'hui une communauté interdisciplinaire en pleine expansion qui observe, analyse et modélise le vivant.
L'idée que je me fais d'une théorie en biologie est assez éloignée de cette biologie théorique, mise en équations de phénomènes observés ou photographiés. J'en ai une conception plus simple, plus concrète. Non pas cette description mathématique de ce qui est vu, mais un modèle évolutif, un outil bricolé, avec des mathématiques peut-être, mais aussi de la langue naturelle, et qui sert avant tout à comprendre ce qu'on ne voit pas, à deviner, sous le visible, l'invisible du vivant, sa " logique " sous-jacente.
Dans les années 1920, une théorie mathématique (la diagonalisation des matrices) et une question physique (la détermination du spectre des atomes), nées indépendamment, se sont rejointes pour donner naissance à la mécanique quantique et à la branche des mathématiques appelée " théorie spectrale ". Celle-ci intervient dans toute équation d'évolution linéaire, dont elle décompose les solutions en une superposition de solutions stationnaires dites " modes propres ", qui vibrent à des " fréquences propres " : ces fréquences constituent le " spectre ".Située à l'intersection de plusieurs communautés mathématiques, la géométrie spectrale vise à comprendre le lien entre la géométrie initiale d'un objet et son spectre de vibration. L'autrice entreprend de retracer l'histoire de ce domaine très actif à travers quelques grands thèmes de recherche passés et actuels.
Le stockage et la conversion de l'énergie sont un des grands défis scientifiques des prochaines décennies et un enjeu environnemental majeur. Quels nouveaux matériaux vont permettre de fabriquer des batteries plus efficaces et plus " propres " ? Jean-Marie Tarascon fait le point sur ces questions qui concernent notre avenir et celui de la planète. Il présente notamment les technologies à ions Lithium, l'apport des nanotechnologies, et les recherches visant à l'élaboration de matériaux par des méthodes " bio-inspirées " : l'utilisation de matériaux d'électrodes provenant de la biomasse et obtenus par " chimie verte ".
Après des décennies d'études descriptives, la biologie du cancer vit une véritable révolution : les approches génétiques ont permis d'identifier beaucoup des dérégulations cellulaires susceptibles d'entraîner des tumeurs. Un traitement combinant arsenic et acide rétinoïque cible la protéine responsable de la leucémie promyélocytaire. Ce traitement, qui a permis de guérir la quasi-totalité des patients, suscite l'espoir que la compréhension intime des mécanismes de la cancérogénèse puisse bientôt déboucher sur de nouvelles approches thérapeutiques transposables à d'autres cancers.
La caméra est une sorte de fétiche. Ce n'est pas seulement une machine à reproduire, capable de répliquer le mouvement, la couleur et la texture parallèlement à un dispositif d'enregistrement du son. C'est une machine qui a acquis, dans la seconde moitié du XXe siècle, le pouvoir d'un objet cérémoniel qui atteste que l'événement a réellement eu lieu. La caméra devient le chroniqueur de notre époque, elle est en ce sens le fétiche moderne par excellence. Filmer, c'est prendre une série de décisions qui déterminent non seulement ce qui sera inclus dans le cadre, mais aussi ce qui n'y sera pas. Cela signifie que nos choix comprennent une part de mise à distance. (A.G.)
L'eau et l'énergie sont deux enjeux profondément liés qui exigent l'invention de solutions extraordinaires. Face au défi environnemental, la question de l'engagement se pose désormais pleinement aux scientifiques. Comment concilier le temps de la recherche fondamentale et celui de l'innovation technologique ?Cette leçon inaugurale aborde les dernières avancées dans le domaine émergent de la nanofluidique, la science des flots moléculaires, qui explore les écoulements et le transport des fluides aux échelles nanométriques.
Nous avons assisté depuis une quarantaine d'années à de singulières métamorphoses théâtrales : elles ont bousculé et renversé hardiment les traditions de l'art dramatique. Comment s'étonner qu'au milieu de tant de modèles divergents le public parfois s'égare ? Que voit-il ? Est-ce encore du théâtre ? Il arrive qu'un spectacle fasse événement en divisant le public et la critique. Un camp attaque le réalisateur au nom de l'art assassiné, l'autre l'acclame au nom de l'art régénéré. Zola a donné, il y a plus d'un siècle, un conseil aux artistes : " Chaque fois qu'on voudra vous enfermer dans un code en déclarant : ceci est du théâtre, ceci n'est pas du théâtre, répondez carrément : "Le théâtre n'existe pas. Il y a des théâtres et je cherche le mien""