Nouvelles Questions Féministes, vol. 23-n°3/2004

Famille-travail : une perspective radicale
Date de publication
1er janvier 2002
Résumé
Concilier famille et travail est un thème à la mode. Les politicien·ne·s et les employeurs y vont de leur couplet : il faut impérativement prendre des mesures pour permettre aux gens d'harmoniser vie professionnelle et vie privée. En réalité, on sait que les femmes et les mères notamment, paient le prix fort dans cette course d'un univers à l'autre et nous pressentons que les dispositions envisagées (qui au reste se matérialisent rarement, pensons par exemple à l'harmonisation des horaires scolaires ou à l'augmentation du nombre des crèches) visent avant tout à leur permettre de continuer à jouer leur rôle, remis au goût du jour. Autrement dit, tout change pour que rien ne bouge. C'est ce sentiment qui nous a motivées à consacrer un numéro de NQF sur la relation entre f ... Lire la suite
FORMAT
Livre broché
13.00 €
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ISSN 02484951
Date de première publication du titre 1er janvier 2002
ISBN 9782940146451
EAN-13 9782940146451
Référence NQF233-38
Nombre de pages de contenu principal 160
Format 13 x 20 x 0 cm
Poids 320 g

L. Bachmann, D. Golay, F. Messant, M. Modak, C. Palazzo et M. Rosende, "Famille-travail : une perspective radicale ?" ;

P. Molinier, "La haine et l'amour, la boîte noire du féminisme ? Une critique de l'éthique du dévouement" ;

G. Cresson, N. Gadrey, "Entre famille et métier : le travail du care" ;

N. Lapeyre, N. Le Feuvre, "Concilier l'incaonciliable ? Le rapport des femmes à la notion de "conciliation travail-famille" dans les professions libérales en France" ;

A. Russell Hochschild, "Le nouvel or du monde. Entretien de l'autrice, réalisé et traduit par Laurence Bachmann" ;

D. Côté, "La garde partagée des enfants : nouvelles solidarités parentales ou renouveau patriarcal ?" ;

M. Rosende, "De la servitude contemporaine : témoignage d'une femme sans-papiers".

Comptes rendus

Concilier famille et travail est un thème à la mode. Les politicien·ne·s et les employeurs y vont de leur couplet : il faut impérativement prendre des mesures pour permettre aux gens d'harmoniser vie professionnelle et vie privée. En réalité, on sait que les femmes et les mères notamment, paient le prix fort dans cette course d'un univers à l'autre et nous pressentons que les dispositions envisagées (qui au reste se matérialisent rarement, pensons par exemple à l'harmonisation des horaires scolaires ou à l'augmentation du nombre des crèches) visent avant tout à leur permettre de continuer à jouer leur rôle, remis au goût du jour. Autrement dit, tout change pour que rien ne bouge. C'est ce sentiment qui nous a motivées à consacrer un numéro de NQF sur la relation entre famille et travail et les autrices qui nous ont répondu ouvrent de nouvelles perspectives de réflexion et d'action. C'est sur une dimension particulière du rôle traditionnellement attribué aux femmes que les articles du Grand Angle mettent l'accent : le care, mot qui ne trouve pas de réel équivalent en français (le soin), représente tout à la fois une activité et une émotion faite généralement de sollicitude mais aussi, ce qui est peut-être moins admis et peu visible, de dégoût ou de haine. Une mère qui s'occupe de son enfant accompagne généralement son geste d'amour, une infirmière qui donne des soins à une patiente éprouve habituellement de la sollicitude à son égard. Toutefois la congruence entre le geste et l'émotion dans le travail de care ne va pas de soi : la haine submerge parfois ces personnes, aux dépens de leur sollicitude, mais cela peut-il être dit (contribution de Pascale Molinier) ? Les autrices mènent la réflexion sous différents angles : dévalorisation des métiers du care (Geneviève Cresson et Nicole Gadrey), modalités de la " conciliation " des rôles professionnels et familiaux chez les avocates et les femmes médecins (Nathalie Lapeyre et Nicky Le Feuvre), conséquences du transfert du care du Sud au Nord (Arlie Hochschild). En complément à ce dernier article, le témoignage d'une " sans papier " à Genève, recueilli par Magdalena Rosende est une illustration de la situation de nombreuses femmes immigrées s'occupant " illégalement " des jeunes enfants et des personnes âgées ou malades du Nord. Face au discours convenu sur la conciliation, le risque est grand de faire l'apologie du care et de revaloriser une morale de la solidarité familiale, qui vise de facto la diminution des acquis sociaux, sans lutter pour qu'il obtienne une reconnaissance sociale et devienne l'affaire des hommes aussi. La voie est donc étroite, mais les articles de ce numéro indiquent qu'elle existe et qu'elle est intéressante à emprunter.

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